Extrait de Folies d'amoureuse

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Version du 6 janvier 2018 à 02:04 par Thanalie (discuter | contributions)
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Extrait de / Excerpt from : Folies d'amoureuse.


— C'est gentil chez moi ? gazouillait Renée.

Elie approuva en silence, fumant sa cigarette avec une attention affectée. Il prévoyait maintenant que l'aventure allait encore tourner à son détriment et il luttait contre l'envie de se jeter sur cette garce, de lui infliger une fessée punitive et de la prendre de force. Mais elle résisterait sans doute, crierait : scandale, etc... En somme, jeu dangereux. Incertain, il pesait le pour et le contre de cette solution tout en répondant au hasard à une série de banalités que débitait Renée pour troubler ce tête à tête, qui était comme un match au résultat encore douteux.

A quel signe crut-elle supposer qu'Elie, découragé, allait abandonner la lutte ? Quoi qu'il en soit, elle se leva, fit le tour de la table et vint s'asseoir sur les genoux de son visiteur, très naturellement, familièrement, comme obéissant à une habitude. Elle lui entoura le cou d'un bras câlin :

— Et maintenant, mon chéri, il faut vous en aller...

Mais cette suggestion s'accompagnait de trop d'éléments contradictoires. La tiédeur de ce corps traversait l'illusoire rempart du pyjama et enfiévrait l'homme qu'on invitait à partir. La veste au col lâche découvrait une gorge mate et juvénile, dessinait une poitrine aux fruits gonflés. Elie entoura une taille souple et répondit hypocritement :

— Oui, il faut que je m'en aille...

Mais il resserra son étreinte en mâle qui, cette fois, n'abdique pas ; sa main se glissa sous le pyjama et conquit un des seins, tandis que sa bouche cherchait celle de Renée. Elle succomba, accepta ce baiser où elle se livrait déjà, mais en suppliant comme dans un suprême espoir :

— Elie... Elie... allez-vous en...

Mais de sa hanche elle sollicitait l'émoi viril d'Elie, le provoquait par de lentes et douces pressions. Alors, l'homme déboutonna le haut du pyjama, la ceinture, et tandis qu'il mordillait la pointe d'un sein en goguette, sa main atteignait enfin le détroit dont l'humidité avouait la défaite...

— Elie... Elie... que faites-vous ?

— Je t'aime !

Il se releva, tenant dans ses bras ce corps qui s'abandonnait, poussa du pied la porte de la chambre et posa son fardeau sur le lit. Il commença à jeter ses habits ; avant qu'il ait achevé cette formalité, Renée rajustait son pyjama, et tournait le commutateur électrique. La pièce n'était plus éclairée que par la lumière de la salle voisine. Dans une demi-obscurité, Elie mesura que cette femme s'était refusée, que tout était à recommencer. Mais trop tard, il était déchaîné comme un étalon et défiait le monde : il arracha sa chemise et, nu, menaçant, s'approcha du lit où Renée s'était recroquevillée, emmaillotée dans les draps.

— Oh ! fit-elle d'un ton de reproche, en cachant sa tête.

Le match se poursuivit. Quand une femme veut vraiment sauver sa vertu il lui est facile d'empoigner l'homme aux parties sensibles et de lui faire lâcher prise en hurlant de douleur. Quand elle n'emploie pas ce moyen décisif c'est que, par calcul de sa coquetterie, ou mieux, de sa sensualité, elle veut simplement retarder l'échéance de la possession.

Elie fut vainqueur finalement. Mais il lui fallut d'abord extraire sa proie des plis du drap où elle se roulait, redéboutonner la ceinture du pyjama, dépouiller de cette armure arachnéenne un corps qui se refusait encore, forcer enfin l'étau des cuisses qui se soudaient désespérément... Il la prenait qu'elle disait encore :

— Oh ! Elie... que me faites-vous ?... C'est mal, très mal... très...

Elle n'acheva pas et se donna enfin dans un râle de bête soumise et réjouie... Ce fut une étreinte animale et magnifique. Elie en fut étourdi de bonheur et il gisait encore pantelant en travers du lit, tandis que Renée s'enfuyait dans le cabinet de toilette. Il s'était à peine récupéré qu'elle apparaissait sur le seuil rafraîchie, décoiffée, nue et triomphante :

— C'est du joli, Monsieur !

Elle se pencha sur lui et déposa un baiser amical sur son front, puis elle vint se blottir comme une petite femelle docile contre la nudité de son vainqueur.

— Et tu vas me faire croire que tu m'aimes ?

Mais lui, ragaillardi, s'occupait déjà d'un nouvel exploit plus conscient et où il eut vraiment la sensation d'une victoire complète...