Extrait de L'Agonie de Babylone

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Extrait de / Excerpt from : L'Agonie de Babylone.


Malgré les prédictions de Zopyre, Myriam était toujours la favorite adulée. Darius l'aimait-il d'amour ? On ne savait, mais elle lui plaisait extrêmement. Quant à son cœur à elle, où allait-il ? Sans doute, les pensées de la fille d'Azarias jaillissaient encore vers Nidintabel, mais le temps avait commencé son œuvre de perpétuel ensevelisseur ; c'est pourquoi malgré ses souvenirs et ses trop vagues espoirs, la jeunesse de Myriam, triomphait, faisait palpiter sa chair au contact du roi, jeune, séduisant, qui la comblait de douceurs, de parures, l'enivrait de tendresses.

Myriam, Juive et fille de joaillier, avait la passion de l'orgueil et des bijoux.

Depuis longtemps, la petite danseuse ne portait plus son costume couleur améthyste. Vêtue d'une tunique d'un blanc de nacre, les grappes de ses cheveux soutenues par des épingles emperlées auxquelles s'accrochaient des dorures, auréolaient son visage. Des bracelets d'ivoire et d'or, enchâssaient ses bras ronds et ses minces chevilles.

Le plus souvent, engourdie sur des nattes ou blottie au milieu des coussins comme un chat paresseux, elle rêvait, baignée dans la tiède lumière du jour.

Matin et soir, Tamar, la favorite délaissée (une femme maigre, aux yeux de chambre hantée), la drapait dans des tissus de soie et la parait, après avoir massé et épilé son corps qu'elle oignait ensuite d'huile parfumée.

Si Myriam, de mauvaise humeur, faisait des scènes à propos de tout et de rien, Tamar continuait sa besogne silencieusement. Puis, perdue dans ses souvenirs, elle s'asseyait en boule et songeait au loin. La petite favorite n'avait d'autre occupation que de jouer dans le jardin avec ses gazelles, de somnoler du fond des bosquets pleins d'ombre, en attendant l'heure merveilleuse où la porte du roi s'ouvrirait pour elle.

Nuits enchanteresses, resplendissantes, imprégnées de la senteur des roses ! Darius couvrait de baisers la petite chérie, s'attardait en de longues et brûlantes caresses, cependant que le corps de la favorite se pâmait sous l'étreinte du maître avant qu'une volupté plus aiguë ne lui arrachât des cris pareils à des sanglots.

Lui, au contact de cette chair de soie, ne comptait plus les holocaustes immolés à Maïa, déesse de l'Illusion. Dans cette ardente symphonie par quoi le monde ne finit pas, tous deux, dans un accord divin, mêlaient leurs transports aux palpitations des étoiles, aux effluves qui enveloppaient la terre chaude encore des feux du soleil décliné.

Ils restaient ensuite de longues heures, serrés l'un contre l'autre. Myriam délicieusement lassée, s'alanguissait sur la poitrine du bien-aimé. Lui, baisait les petites épaules de nacre, la pointe des seins, ou s'amusaient à câliner le pied menu de la mignonne enfant.

Des nuits entières s'écoulaient ainsi. A quoi bon échanger des paroles oiseuses ?



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