Extrait de Les Confidences d'un baronnet

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Extrait de / Excerpt from : ''[[Les Confidences d'un baronnet]]''.
  
  

Version du 9 novembre 2018 à 05:09

Extrait de / Excerpt from : Les Confidences d'un baronnet.


Lady Helga coupa son monologue d'un éclat de rire, me regarda, se dressa sous le gui et m'appela du geste :

— « Viens, joli page au regard ingénu ! J'aime tes beaux yeux ardents qui me désirent passionnément et tes lèvres d'almée ; ton âme inquiète, jalouse, et ton corps d'androgyne. Je suis une femme étrange puisque je hais les hommes tout en aimant l'amour, et surtout cet amour imprévu qui jaillit comme une flamme. Viens chercher ton cadeau de Christmas, viens vite ! »

J'obéis. Il me sembla mourir. Les lèvres de la magicienne s'emparèrent de mes lèvres. Sa langue viola ma bouche. Je gémis sous la puissance du baiser. — « Tes lèvres sont plus douces que celles d'une vierge dit-elle enfin. Montre-moi ton corps ! Quoi, tu hésites. As-tu peur que le soleil te brûle ? Petit fou chéri, je t'aiderai. »

Elle fit ce qu'elle proposait. Plus adroites que les miennes, ses mains dégagèrent mes épaules, mon torse.

— « Que de beauté, pourquoi les hommes cachent-ils parfois tant de beauté ? murmura-t-elle en m'enveloppant du collier de ses bras. Je perçus contre ma joue la tiédeur, la fermeté du sein et j'entendis comme en un rêve son étrange confession :

— « J'aime la beauté, toute la beauté car je suis païenne. J'aurais dû naître dans la Grèce antique pour assister aux jeux du stade, aux combats, aux fêtes sacrées de Sparte, aux orgies magnifiques d'Eleusis. J'aime les fleurs, les parfums, les vêtements somptueux, la nudité des corps. Je vivrais nue avec d'autres femmes nues, très belles qui seraient mes esclaves et des pages encore vierges. On dit qu'il y a une âme. Je ne sais. Je ne l'ai jamais vue. Mais je connais toutes les jouissances que l'on tire du corps et je les aime. J'aime aussi certains plaisirs barbares : faire souffrir ceux qui me plaisent... Je suis méchante parfois, encore plus que l'allemande. D'où cela vient-il ? Je n'en sais rien. Ma mère était malade des nerfs. On a dû l'enfermer. On m'a dit souvent qu'elle était hystérique. Te souviens-tu, Arthur, quand je t'ai cravaché il y a quatre ou cinq ans ? »...

Elle m'avait attiré sur le divan. Je vis, je sentis sa gorge nue, deux pommes de chair éclatantes qu'elle pressa sur mes lèvres. D'instinct je happai une fraise qui gonfla aussitôt. Comment décrire l'extase de ces premières caresses dont le cortège savant m'arrachait à la terre ? « Helga, ô païenne amoureuse, contemptrice exaltée de notre hypocrisie, troublante initiatrice ! Vous teniez d'Eros et d'Aphrodite, sa mère, les mystérieux secrets du grand œuvre charnel. Mes nerfs chantaient sous vos doigts multiples, si légers que leur caresse avait la douceur d'une aile et parfois un haut goût de torture... J'ai râlé sous vos baisers, dompté, roulé dans un gouffre sans fond, manipulé à mort et tellement envoûté que j'en reste encore à résoudre l'énigme de ce jour mémorable, à rechercher le vase où je m'anéantis ! »



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