Extrait de Le Fouet dominateur
Extrait de / Excerpt from : Le Fouet dominateur.
— Je veux vous corriger de vos sottes préventions. Tenez-vous là, devant moi, toute droite. Bien! Maintenant prenez votre pied gauche dans votre main droite, et soulevez-le. Prenez garde de tomber, ou bien je me charge, moi, de vous ramasser cruellement.
La jeune fille restait ainsi, vacillant, ayant toutes les peines à garder son équilibre et à chaque mouvement qu’elle faisait, pour léger qu’il fût, elle révélait ses charmes en une palpitation qui excitait grandement les sens du lord.
Quand il en eut assez de ce spectacle si enchanteur, il fit signe aux deux jeunes filles. Elles s’emparèrent de Miss Fanny et l’attachèrent en croix par les anneaux passés à ses chevilles et à ses poignets. Elle était ainsi étendue à trois pieds du sol et présentait au fouet toutes les parties de son corps.
La fustigation commença.
Les deux exécutrices avaient choisi des verges assez peu touffues, mais très longues, très solides, incroyablement souples et élastiques. Elles étaient faites de brins de bouleau triés parmi quantité d’autres brins.
Toutes deux se révélèrent à l’instant comme étant fort expertes dans l’art de la flagellation. Car l’une se plaçant à gauche, l’autre à droite; elles se partagèrent le corps de la suppliciée et se mirent tout de suite à l’œuvre avec méthode. Elles frappèrent d’abord sur les mains et comme Fanny les ouvrait, les fermait, les agitait de manière à esquiver une partie de la force des coups, elles lancèrent en même temps un coup d’œil au maître. Mais il déclara :
— Je vous comprends. Vous me demandez d'autoriser Miss Saunders à venir à votre aide. Je n’en ferai rien. Et votre demande indiscrète vous sera comptée pour un mauvais point.
Les jeunes filles pensèrent alors à se tirer d’embarras par leurs propres moyens. Tandis que l’une s’en allait dans un coin prendre deux faisceaux qu’elle attacha avec des crampons au sol devant la hurlante Fanny, l'autre courait à une panoplie y détacher une baguette de jonc, toute hérissée d’épingles, la pointe en dehors. Elle posa cette baguette sur les deux faisceaux et étirant l’une après l’autre les belles mains de Fanny elle les posait à plat au-dessus de la baguette piquante. Puis, pour démonstration elle frappait en travers de la main un grand coup, opération que sa compagne, simultanément, faisait sur l’autre main. Les doigts de la suppliciée se recroquevillèrent et allèrent se piquer aux fatales épingles. Elle, qui n’avait pu voir ce qu'on avait préparé à son intention, fut terrifiée par cette nouvelle et inattendue douleur et jetait des cris stridents.
Elle eut bientôt un motif de crier plus fort encore.
Car les deux flagellantes l’avaient maintenant entreprise, de concert, sur une partie plus sensible de son corps. Tandis que l’une, de haut en bas fouettait le sein droit, l’autre, de bas en haut attaquait le sein gauche. Et rien ne peut donner une idée des cris perçants poussés par l’infortunée Fanny. Ce fut bien pis encore lorsque les deux cruelles exécutrices permutèrent. Puis, pour que le régal fut complet, l’une frappa sur la place où l’autre avait déjà frappé.
Sur le sein d’albâtre, des gouttes rouges, des gouttelettes de sang, perlèrent.
Les jeunes filles s’arrêtèrent un moment, sans doute autant pour accorder quelque repos à leurs bras que la lassitude envahissait sournoisement, que pour éviter une syncope de la suppliciée.
Celle-ci, bien qu’on eût cessé de la frapper, hurlait avec frénésie, priait, suppliait, protestant qu’elle était prête à faire tout ce que l’on voudrait pourvu que l’on voulût bien consentir à lui faire rémission, à cesser de la frapper.
Ce fut comme un signal, car à peine eut-elle parlé ainsi que les deux impitoyables exécutrices recommencèrent.
A présent, à la mode turque, elles frappèrent sur la plante des pieds et c’était un spectacle bizarre que de voir se crisper ces orteils en une danse de désespoir.
Quand la plante des pieds eut reçu sa large part, les jeunes filles frappèrent le dessus, puis ce fut le tour des mollets. On aurait pu fermer les yeux, et suivre par les oreilles la progression du supplice, tant la gamme ascendante des cris de la suppliciée devenait aiguë.
Et cela n’était encore rien auprès du vacarme étourdissant, des cris rauques et lugubres que devait produire la flagellation sur les fesses.
Il est vrai de dire qu’elle fut administrée avec une perfidie raffinée et féroce, car tandis que miss Irongrow frappait à partir de la ceinture sur toute la rotondité des fesses, démenées et trémoussées en folle agitation sous cette averse cuisante, miss Melville frappait dans l'écartement, et la pointe de la longue et flexible verge se relevant piquait au nombril.
Ce que furent les cris, les gémissements de la malheureuse Fanny, il est aisé de le deviner.
Surtout si l’on tient compte de ce fait, que les exécutrices, filles du meilleur monde, étaient déjà depuis plus d’un an dans la maison où elles avaient été formées à bonne école et avaient appris à leurs dépens quelle est la meilleure manière de fouetter une femme. C’était donc avec une maîtrise sans pareille qu’elles appliquaient les vergues à la dolente miss Clayfight. Elles avaient un jeu plus rasant que plongeant, c’est-à-dire que les brins flexibles du roseau pinçant la peau avec la chair la plus voisine intéressaient vivement les nerfs, sans causer des ravages organiques trop sérieux qui par une perte de sang incongrue et trop subite eussent provoqué une manière de syncope, durant laquelle la douleur aurait été largement atténuée.
Au contraire, travaillant avec méthode et ensemble elles s’étaient jusqu’à présent gardées d’entamer la peau. C’est à peine si quelques gouttelettes de sang avaient jailli et les nerfs de la suppliciée vibraient d’autant plus fortement sous les attaques du fouet qu’ils restaient entiers et non pas leur sensibilité perdue par un intempestif effilochement.
Etait-ce la flagellation cruelle ou la voluptueuse? Selon la distinction assez subtile qu’y apportent les flagellants professionnels. De fait, elle tenait des deux et, à dire vrai, les deux se confondent le plus souvent. Car, pour que la femme ressente dans toute son acuité le terrible effet des verges, il faut que tous ses nerfs soient intéressés. Alors, de par sa nature, elle ressent au plus haut point, avec l’impression de la douleur et de sa détresse, la terreur du mâle qui administre ou ordonne le supplice, et c’est là une tension qui met son sexe en émoi. Voilà pourquoi la fustigation voluptueuse doit être cruelle si on veut qu’elle soit efficace et atteigne le but.
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