Extrait de La Volupté du fouet

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Extrait de / Excerpt from : La Volupté du fouet.


La cuisse posée sur le coin de la table, elle balançait sa jambe en parlant et elle exagéra assez ce mouvement pour que, sous le déshabillé léger, Levoultier puisse apercevoir le genou et la fermeté de sa cuisse nue.

Il détourna la tête.

Janine reprit :

— Mon cher ami... Vous êtes un type... J’ai horreur des gens vulgaires... de ces Parisiens aimables, banalement aimables... Je me suis attaché à vous... J’ai vu en vous un amant terrible qui me dominerait et imposerait à toute ma personne sa volonté inflexible... Je m’ennuyais... j’étais lasse de ma liberté...

Levoultier soupira, résigné, ne voulant plus essayer de se débarrasser de cette femme que par un consentement complet à ses caprices. Elle finirait bien par se taire, par s’en aller...

Janine l’observait, devinait cette politique de temporisation et aussitôt décidait de la bouleverser. Elle s’installa plus commodément sur la table et se pencha vers son auditeur forcé de façon à lui mettre sous le nez les trésors impertinents de sa poitrine.

— Un soir... dit-elle... vous avez laissé échapper quelques mots qui ont piqué ma curiosité. J’ai compris pourquoi le corps des femmes et même le mien que je vous offrais... ne vous attiraient que pour... assouvir votre passion... cela me révolta, mais aussi me...

— Je sais tout cela... Epargnez-moi... Toutes les femmes... sont plus ou moins comme vous...

— Merci de ce rappel à la modestie... Mais vous m’avez révélé au moins un avantage personnel... Cette ressemblance...

— Ne parlons plus de cela.

Et la voix de Levoultier devenait rauque. Janine l’enregistra avec une joie cachée. Elle parvenait donc, quand elle voulait, à percer la cuirasse dont Levoultier voulait se protéger. Décidément, elle tenait sa proie :

— Alex... dit-elle avec une amitié hypocrite... je ne veux pas vous laisser dans cet état... Je vous plains, je veux vous guérir de ce souvenir...

Il la regarda, anxieux, et se défendant encore contre lui-même.

Elle s’approcha encore, tout contre lui, sa cheville frôlant la cuisse de Levoultier.

— Si je consentais à un sacrifice... Oui, si je vous offrais mon corps... non pour les bagatelles...

Et elle lui offrait ses seins et même la perspective de son ventre dans l’indiscrétion de sa tenue...

— Non... cela, plus tard... peut-être... Mais prenez-moi pour cette femme et... traitez-moi comme si je l’étais réellement...

Il y eut un silence. Janine frissonna ; elle courut fermer la fenêtre et l’on devina sous l’étoffe qui plaquait toutes les courbes de sa chair. Puis elle revint, resta près de Levoultier, caressa sa chevelure.

— Je suis prête à souffrir tout ce que vous voudrez... pour que... vous l’oubliez... quand vous aurez punie son image, cette image que je suis... Alors...

Elle s’assit sur les genoux de Levoultier, chercha ses lèvres, les prit de force et appliqua son corps tiède, animé d’une sensualité monstrueuse mais si magnétique que l’homme ne put résister. Son désir s’éveilla. Janine en sentit contre elle la preuve indiscutable, contre sa hanche, et bientôt d’une main hardie s’en empara tandis que sa langue dans la bouche de Levoultier exploitait cet avantage...

Et tout se passa comme elle l’avait cherché. Eperonné par une poussée de sève exceptionnelle auprès de cette femme qui en évoquait une autre, il se dressa, souleva ce corps, le jeta sur le grand lit à colonnes, en arracha les voiles, s’y rua mufle baissé et en goûta tous les trésors, puis la viola sauvagement.

Jamais Janine n’avait été aimée avec pareille brutalité : elle se livra toute, avec une joie de femelle, connut un spasme vainqueur. Ses sens éprouvèrent une secousse inédite, son amour-propre en décupla l’intensité. En se donnant ainsi, elle dominait ce mâle irréductible... C’est elle qui le possédait.

Elle le crut du moins.

Pas longtemps. Levoultier, sa fringale, une fringale qui remontait loin, apaisée, il se releva furieux de sa défaite. Tandis qu’il se rajustait, Janine, couchée sur le côté, la croupe ouverte, offerte encore à une nouvelle intrusion. Elle l’entendit avec un nouveau râle de joie s’écrier :

— Garce !

Et, soudain, elle sursauta, réveillée de son ivresse par une claque formidable, reçue en pleine fesse.

— Garce !... Putain !**9

Levoultier s’acharnait. De sa paume nerveuse, il frappait rudement une Janine qui reçut ainsi plusieurs coups avant de réaliser cette offensive d’un caractère qui peut avoir des faiblesses passagères, mais rester ce qu’il est.

Elle se redressa, s’assit sur le lit, chavirée entre le reste de jouissance de son corps et l’offense subie.

— Brute !

— Eh bien, oui, je suis une brute... Et toi tu es bien la même que l’autre... Tu veux être corrigée ?... Tiens !

D’une poussée, il la fit basculer, la maintint d’une main appuyée sur sa nuque, allongée sur le lit et reprit sa fessée, une fessée de maître.

Janine gigotait, bombait le derrière, puis soudain le rentrait pour le garer, ouvrait et fermait son fessier dans un effort désespéré. Mais il frappait toujours et la peau reprit une teinte d’un rouge vif.

Levoultier marmonnait des injures indistinctes et s’excitait mais avec lucidité, cherchait les endroits qu’il n’avait pas encore touchés, afin que toute cette chair étalée eût sa part.

Janine s’immobilisait, n’essayait de se dérober, ne se crispait plus, recevait sur une chair noble cette punition méritée. Elle prenait son parti de sa situation, tentait de découvrir, malgré cette douleur réelle, une satisfaction physique... Et elle y réussit !

Quand Levoultier s’arrêta, fatigué, les mains brûlantes de cet exercice, et satisfait, Janine resta sans bouger, surprise du bienfait éprouvé par ce massage brutal, la chair doublement apaisée par cette fornication satanique et cette fessée salutaire...

Ses premiers mots furent pour exprimer cette double joie, d’une chair malmenée puis contente :

— Ah ! chéri...

Levoultier tomba sur un fauteuil, vaincu par cet effort, mais aussi par cette apostrophe amoureuse.




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