Texte intégral de la Bibliographie raisonnée des principaux ouvrages français et anglais sur la flagellation

De BiblioCuriosa

Cette Bibliographie raisonnée des principaux ouvrages français et anglais sur la flagellation est en partie (jusqu'à Jupes troussées) une traduction/adaptation d'extraits tirés de l'Index Librorum Prohibitorum et du Catena Librorum Tacendorum de Pisanus Fraxi, pseudonyme de Henry Spencer Ashbee. Possiblement traduite et rédigée par Hector France, cette Bibliographie a été publiée en 1901 par l'éditeur Charles Carrington à la suite du roman En Virginie de Jean de Villiot.


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BIBLIOGRAPHIE DE LA FLAGELLATION

Parmi les sujets dont on s'est le plus occupé, littérairement parlant, la flagellation se place aux premiers rangs. Il existe en effet une littérature spéciale et relativement très complète sur les pratiques flagellatrices dans presque toutes les langues européennes, à commencer par le latin.

Mais c'est incontestablement l'Angleterre qui tient la tête en cette matière. D'innombrables ouvrages ont été écrits sur la flagellation sous toutes formes et cette littérature a acquis un développement qui pourrait, à juste titre, nous paraître étrange, à nous autres Français.

Sous le pseudonyme de Pisanus Fraxi, un Anglais fort instruit et très riche, consacra son existence et sa fortune à mener à bonne fin la publication de trois recueils extrêmement curieux et intéressants, intitulés Index librorum prohibitorum, Centuria librorum absconditorum et Calena Librorum Tacendorum, tous trois imprimés avec luxe et à petit nombre et privately, est-à-dire non destinés au commerce. Dans ces recueils, Pisanus Fraxi fait mention de la presque totalité des livres curieux et étranges parus depuis l'antiquité, consacrant à chacun une description minutieuse au point de vue matériel et un aperçu approximatif en ce qui concerne le contenu.

On y parle longuement de la flagellation. Un très grand nombre d'ouvrages anglais y sont consacrés et nous avons cru utile et nécessaire de donner à notre tour à nos lecteurs un aperçu des livres les plus curieux parus sur l'intéressant sujet qui fait l'objet de notre étude.



Voici d'abord : L'Esprit de la Flagellation, ou Mémoires de Mistress Hinton, qui dirigea une école pendant de longues années à Kensington, auxquels on a maintenant ajouté des anecdotes, par une dame très adonnée à la discipline au moyen de verges de bouleau ; les modistes fouetteuses ; la marâtre sévère, et la maîtresse d'école complaisante, avec des figures analogues. Londres, imprimé et publié par Mary Wilson, Wardour Street 1.

Dans un avis qu'elle publie à la page 41, Mary Wilson nous informe que l'ouvrage a été publié le 1er mai 1852, le volume ne porte cependant pas de date.

D'après les dires de l'éditeur, l'édition originale de l'Esprit de la Flagellation semble avoir paru vers l'année 1790. Le format primitif in-8° fut transformé dans l'édition nouvelle en in-12 pour plus de commodité « étant donné, dit la dame sus-nommée, que ce format s'adapte plus facilement à nos poches rétrécies d'aujourd'hui ».

De nombreuses anecdotes fournies par un amateur de fustigations, ainsi qu'une série de gravures vinrent augmenter l'ouvrage original.

Dans un avis qui précède une réédition de l’Exposition des flagellants femelles2, Thérèse Berkley3 nous informe que l’Esprit de Flagellation fut réimprimé par Miss Wilson en l'année 1827.

Malheureusement, on ne peut guère tabler sur ces affirmations relatives aux dates pour ces sortes d'ouvrages. Il paraît établi que l'Esprit de la Flagellation a eu trois éditions différentes : 1° en 1827, George Cannon avec 6 gravures, 2° E. Dyer en 1852 (?) avec six lithographies pliantes et 3° vers 1870, avec six lithographies non pliantes.

Les anecdotes qui remplissent 81 pages du genre le plus lascif sont certainement dues à une personne extrêmement triviale ; les illustrations, quoique très médiocres, valent encore mieux que le texte. Les trois appendices de l'ouvrage ont par la suite été publiés à nouveau séparément.

Cet ouvrage a eu récemment un certain nombre de réimpressions vulgaires, sans gravures.


1. The Spirit of Flagellation; or, The Memoirs of Mrs. Hinton, who kept a school many years at Kensington. To which is now added, Anecdotes, by a Lady much addicted to Birch Discipline. The Whipping Milliners; The Severe Stepmother; And The Complaisant Schoolmistress. Avec des figures analogues. London: Printed and published by Mary Wilson, Wardour Street.

2. Index Librorum Prohibitorum, p. 243.

3. Voir Index Librorum Prohibitorum à l'article : Mary Wilson et Theresa Berkley.



Un autre volume de la même valeur littéraire et du même genre, porte pour titre :

Éléments d'intuition et Modes de Punition. En lettres par Mlle Dubouleau, célèbre institutrice particulière parisienne à Miss Smart-Bum, gouvernante d'une pension de jeunes demoiselles à... Avec développement de quelques secrets de Tuteurs pour rire, qui ont trouvé leurs délices dans l'administration des Verges de Bouleau à leurs élèves femelles. Embellie de très jolies illustrations, 17944.

Les cinq lettres qui forment ce volume ne sont qu'une suite de lieux communs sur la flagellation, une série d'anecdotes racontées en langage des plus libertins laissant en maints endroits à désirer au point de vue grammatical. La lettre introductrice, qui constitue en quelque sorte la préface est ce qu'il y a de mieux dans le livre, sans que toutefois elle brille par l'originalité. Il y a dans une des lettres, celle adressée par une certaine Lady Flaybum, une répétition absolue de l'une des autres narrations de l'ouvrage.


4. Elements of Tuition, and Modes of Punishment. In Letters, from Mademoiselle Dubouleau, A celebrated Parisian Tutoress, to Miss Smart-Bum, Governess of a young Ladies’ Boarding School at... With some secrets developed of Mock Tutors, Who have taken a delight in administering Birch Discipline to their Female Pupils. Embellished with Most Beautiful Prints. 1794.

[ "Tuition" a été traduit par "intuition", ce qui est une erreur : il aurait fallu traduire par "Tutelle" ou "Éducation". --thanalie]



Manon la Fouetteuse5, ou la Quintessence de la Verge de Bouleau. Traduit du français par Rébecca-Birch. Ex-enseignante au pensionnat de jeunes dames de Mistress Busby, Londres. Imprimé pour la société du Vice.

Un volume in-8° de 96 pages, contenant 8 lithographies fort mal dessinées. Publié par Dugdale en 1860, mais la première édition remonte à 1805 ou 1810.

Comme les ouvrages précédents, Manon la Fouetteuse est un ouvrage lourd, au style ampoulé et prétentieux, formé d'anecdotes sur la flagellation dont aucune ne possède un cachet d'élégance ou d'esprit. C'est en somme le compte rendu de la carrière de Mlle Dubouleau « qui tient maintenant en Amérique un pensionnat pour jeunes filles ». Cette demoiselle confia son manuscrit à son amie Rébecca Birch qui le traduisit pour l'édification de ses propres amis. À vrai dire, on est en droit de douter que l'on se trouve en présence d'une traduction.


5. Manon la Fouetteuse; or, the Quintessence of Birch Discipline. Translated from the French by Rebecca Birch, Late Teacher at Mrs. Busby's Young Ladies’, Boarding School. London: Printed for the Society of Vice.



Dans Le Bouquet de Verges, ou Anecdotes curieuses et originales de dames amateurs de flagellation au moyen de Verges de Bouleau, Avec de riches illustrations, Publié pour l'amusement et le bénéfice des dames ayant sous leur tutelle des jeunes dames et messieurs revêches, bêtes, libertins, menteurs et paresseux, Boston : imprimé pour George Fickler, Prix : deux guinées6 ; on trouve 8 lithographies obscènes, de mauvais coloris et très mal exécutées.

Ce livre, publié une première fois vers 1770 ou 1790 fut réimprimé en 1826 puis en 1881, enfin récemment.

Comme dans Les Éléments d'intuition, les scènes de flagellation réunies dans le Bouquet de verges ne sont qu'une compilation de faits qui n'ont aucune valeur littéraire. L'on est même en droit de se demander pourquoi cet ouvrage a été si souvent réédité.


6. The Birchen Bouquet; or Curious and Original Anecdotes of Ladies fond of administering the Birch Discipline. With Rich Engravings. Published for the Amusement as well as for the Benefit of those Ladies who have under their Tuition sulky, stupid, wanton, lying, or idle Young Ladies and Gentlemen. Boston: Printed for George Tickler, Price : Two Guineas.



L'École du Couvent, ou Précoces expériences d'un jeune flagellant, par Rosa Belinda Coote, Londres, Édition privée, MDCCCLXXIX7, est un récit divisé en 5 chapitres. Une lettre introductive signée Rosa Belinda Coote et datée du 10 janvier 1825, nous informe que « les curieux faits suivants ont été portés à ma connaissance et confiés à ma discrétion par une jeune comtesse de ma connaissance ». Une allusion y est faite aux propres mémoires de l'auteur, auxquels l'École du Couvent peut bien n'être qu'un appendice. Les deux contes sont l'oeuvre de l'éditeur.

Lucile, l'héroïne, est maltraitée dès son enfance. À la mort de sa mère, étant encore toute enfant, son père la flagelle avec la dernière violence pour exciter ses passions et se mettre dans un état plus propre à goûter les plaisirs que la gouvernante de Lucile ne semble pas trop lui refuser. Quelques temps après elle est envoyée à Bruxelles dans une école congréganiste, où la supérieure la fouette sans pitié pour son bon plaisir. Mais elle réussit à s'évader de ce couvent ; elle va se réfugier à l'hôtel d'Angleterre où l'on aurait refusé de la recevoir, n'aurait été l'intervention d'un gentilhomme anglais Lord Dunwich, qui se trouva être un ami intime du comte d'Ellington auquel elle était fiancée.

Le mariage s'accomplit ; mais bientôt le mari la néglige pour ses chevaux et la conséquence en est que la jeune femme se laisse aller dans les bras de Lord Dunwich. L'époux apprend la chose et, déguisé en prêtre, il réussit à surprendre la confession de l'infidèle. Il convient de dire qu'ils étaient tous deux catholiques romains. On lui impose une pénitence et elle est renfermée dans une pièce attenante à l'église. Lord Ellington, toujours revêtu d'habits sacerdotaux et aidé d'un autre moine, la flagelle avec la dernière violence et la soumet à toutes sortes d'horreurs et de traitements barbares. Après avoir accompli ces abominations, le mari outragé se retire et revient peu après habillé en homme du monde et la jeune femme le reconnut de suite. Alors le gentilhomme s'écrie : « Femme ! ma vengeance est accomplie ; vous ne me trahirez plus. J'ai égalisé les choses en dégradant, humiliant et torturant mon épouse adultère. Vous ne me reverrez jamais. Tel a été mon moyen de divorcer d'avec une chienne adultère ! » Son amant, Lord Dunwich accueille à bras ouvert Lucille, provoque ensuite le mari cruel et lui tire une balle en plein coeur. Le couple amoureux prend la fuite et Lord Dunwich se noie quelque temps après dans le Rhin.

« Depuis cette époque, dit l'héroïne, vous savez que je me suis consolée en m'abandonnant sans aucune retenue à toutes sortes de manies érotiques et plus particulièrement en m'adonnant à la flagellation de sorte que, chère Rosa, je me sens m'en aller tout doucement, quoique à peine âgée de vingt-cinq ans... »

Le livre n'est en somme pas mal écrit, quoique dans ses différentes parties il ne soit guère attrayant ; au contraire, on peut dire que les nombreuses scènes de flagellation agrémentées de tortures plutôt dégoûtantes sont au plus haut point fastidieuses et révoltantes.


7. The Convent School, or Early Experiences of a Young Flagellant, by Rosa Belinda Coote, London: Privately Printed. MDCCCLXXIX.



Conférence expérimentale, par le colonel Spanker, sur les plaisirs excitants et voluptueux qui dérivent du fait de mater et d'humilier une belle et modeste jeune dame ; telle qu'il l'a faite dans la salle de réunion de la Société des Flagellants Aristocratiques de Mayfair. Londres, Édition Privée. A. D. 18368.

Cet ouvrage qui comporte deux volumes, quoique une troisième partie a dû être projetée sans cependant être mise à exécution — l'on trouve en effet à la dernière page du deuxième volume la mention : fin de la II° partie, puis plus bas quelques lignes qui font assister au mariage de l'héroïne, suivies de la mention : FINIS ? — est orné de 11 planches coloriées passablement obscènes, d'une exécution rudimentaire et faite par quatre artistes différents.

A été réimprimé récemment.

Voici d'ailleurs un compte rendu analytique de cette conférence « faite pour une classe spéciale de flagellants qui trouvent leurs délices dans la torture poussée à l'excès :

« La conférence expérimentale, comme son titre le dénote, traite de l'état d'extase qui résulte, à ce que l'on prétend, de la jouissance que l'on peut puiser dans la cruauté physiquement et moralement parlant.

« Un excès de volupté peut uniquement être produit par deux causes : premièrement par le fait de nous imaginer que l'objet de nos désirs se rapproche de notre idéal de beauté ou d'autre part, quand nous voyons cette personne éprouvant les sensations les plus violentes possibles. Aucun sentiment n'est aussi vif que la douleur; son effet est véritable et certain. Elle ne trompe jamais comme la comédie de plaisirs éternellement jouée par les femmes et rarement éprouvée en réalité. Celui qui peut produire sur une femme les plus violentes impressions, celui qui peut le mieux troubler et agiter la constitution féminine jusqu'au paroxysme réussit à se procurer à lui-même la plus forte dose de plaisir sensuel. »

Ces remarques contiennent la quintessence de toute la philosophie que l'on trouve à satiété dans les volumes renommés du Marquis de Sade, où ce dernier, dans ses rêves exaltés d'orgies sanglantes, de phlebotomies, de vivisection et de tortures de toutes espèces, accompagnés de blasphèmes, ajoute tant d'importance à l'humiliation morale des victimes qu'il met en jeu. Ce à quoi il tend particulièrement, c'est la jouissance physique causée par la torture raffinée à laquelle ses victimes doivent être soumises et qui se résolvent finalement par leur mort.

Dans ce petit ouvrage, nos flagellants réussissent à réduire leurs expérimentations aux moeurs actuelles ; elles comprennent une série très longue de tourments qui sont volontairement infligés à une seule victime, une jeune dame très sensible et d'une éducation supérieure.

Dans Justine et Juliette, le nombre d'individus prenant part aux orgies et aux meurtres perpétrés exclut toute possibilité de réalité, tandis qu'ici, tout le procédé est si méthodiquement et si exactement développé, que nous sommes presque portés à croire ou à supposer que tout est basé sur des faits réels, étant donné que l'histoire est si documentairement portée à la connaissance du lecteur.

Faut-il pour cela que nous soyons portés à croire que nous coudoyons journellement des hommes qui puisent une secrète jouissance dans l'action de torturer des femmes faibles et confiantes et qu'en ce faisant ils puissent arriver à mettre en fonction leurs organes génitaux et jouir ?...

L'expérience nous a appris qu'il en était malheureusement ainsi et nous pourrions citer plusieurs cas tout à fait récents où des jeunes filles ont été attachées à des échelles, liées sur des canapés et brutalement flagellées, soit avec des verges de bouleau, soit avec le plat de la main, la boucle d'une courroie ou même encore avec un trousseau de clefs ! Quelques-unes d'entre elles ont été préalablement averties qu'elles seraient battues « jusqu'à ce que le sang viendra » et on s'était mis d'accord sur la compensation pécuniaire qu'elles recevraient pour prix de leur complaisante soumission. D'autres, au moyen de cajoleries, ont été décidées à se prêter à la petite mise en scène, après qu'on leur eut fait accroire qu'il ne s'agissait en somme que d'une plaisanterie et pour mieux dire, d'une fumisterie. Mais une fois livrées sans moyen de défense, pieds et poings liés, entre les mains du flagellateur libertin, elles peuvent crier grâce ! Ces lâches s'efforcent de produire le plus de souffrances, le plus de douleurs possibles et plus ils maltraitent leur malheureuse victime, plus leur jouissance est grande. Ils ressemblent, dans ces moments d'expansion libertine, à de véritables démons, hurlant de joie et de plaisir presque autant que leur souffre-douleur, de peine. Et cependant, ces mêmes individus, une fois leur rage érotique passée, entourent des soins les plus tendres, les plus attentifs, leur victime, lui témoignant la plus grande amabilité. Boutonnant leur redingote, ils redeviennent ce qu'ils étaient auparavant, c'est-à-dire de galants et aimables gentilshommes, car gentilshommes ils le sont tous de naissance, ceux qui sont possédés de cette terrible manie.

Si de pareils procédés sont, en toute conscience, une chose révoltante, que faut-il penser de ceux qui, non contents de mater, d'anéantir le corps, dérivent encore une jouissance plus grande de l'écrasement, de l'annihilation de l'esprit chez leurs victimes ? D'après l'horrible théorie du colonel Spanker, nous devons supposer que l'on ne saurait éprouver de véritable jouissance en fustigant le postérieur calleux d'une fille de rencontre que ses parents ont habituée dès sa jeunesse, aux plus rudes corrections, mais que cela provoque de réelles jouissances en exposant aux coups la tendre et délicate nudité d'une jeune dame sensitive, à l'éducation supérieure et à l'esprit élevé. Dans le but de mettre en pratique ce plan diabolique, le colonel loue une maison à Mayfair et y fonde la Société des Flagellants aristocratiques qui comprend au moins une demi-douzaine des plus belles et plus fashionables jeunes dames du jour.

Nous voyons ainsi que l'auteur considère que les femmes aussi ne dédaignent pas de se délecter des souffrances infligées à un membre de leur propre sexe. Nos viragos « au sang bleu » sont lassées des victimes vulgaires et consentantes, qui se soumettent aux tortures dans un but de lucre... En conséquence Spanker découvre « une jeune dame connue de la plupart d'entre eux, Mlle Julia Ponsonby, une adorable blonde de dix-sept ans, dont la mère, une veuve, forcée d'aller pour quelque temps à l'étranger, cherche une dame honorable à laquelle elle puisse confier son enfant, pendant la durée de son absence. » La dame honorable et comme il faut qui prend charge de la demoiselle n'est autre qu'une procureuse de la société et miss Julia se trouve bientôt prisonnière dans la maison de Mayfair, dont la serre a été transformée en salle de conférences et où l'on a placé, au milieu de massifs de plantes en pleine floraison, de fontaines et d'autres ornements luxueux, l’appareil « quelque chose comme une paire de larges marches d'escalier, en acajou massif » et auquel on attache les victimes lorsqu'on les soumet à la torture. Le colonel fait son apparition sur la scène et, après avoir abreuvé de toutes sortes de vilenies la jeune femme, qui le traite avec le mépris qu'il mérite, il commence par lui administrer une volée de claques retentissantes sur son derrière nu, puis se laisse aller à d'autres « horribles libertés » et finalement l'envoie se coucher.

Le lendemain matin il la réveille, armé d'une verge, et, en dépit de sa honte et de sa terreur, assiste à sa toilette, qu'il accompagne de coups bien appliqués avec le bouleau. Quand elle est à moitié habillée, il la force à grimper sur une échelle, en tenant ouverts ses propres pantalons, tandis que des cinglements de l'impitoyable badine la forcent à l'obéissance. Son bourreau l'oblige enfin à se placer contre un mur la tête à terre et les pieds en l'air, puis il la laisse.

On la revêt alors d'un élégant costume de bal, et après l'avoir fustigée sur les épaules nues avec une cravache de dame, on la présente à l'assemblée des flagellants réunis dans la serre dans l'attente du spectacle à venir. Il y a là six dames masquées en dominos et quatre messieurs affublés de fausses barbes.

Alors le colonel fait un exposé de ses idées et de ses théories, appuyant ses dires de vigoureuses cinglées, que miss Julia est forcée de supporter ; le conférencier dévoile tout le secret des délicieuses sensations et des jouissances que procure la flagellation et ce, d'une façon bien plus étendue que jamais...

La jeune fille, après ces préliminaires, est livrée aux indécentes caresses de toute la société : la petite cravache est de nouveau mise à contribution et, tandis qu'on la déshabille avec une lenteur étudiée, on accompagne chaque phase de l'opération de nouvelles tortures, de plus en plus raffinées. On la pique avec une épingle, on la pince et on la force à raconter des épisodes érotiques de sa vie au pensionnat. Miss Debrette, l'une des dames de la société, est ensuite placée sur le chevalet et miss Julia est contrainte de fouetter la jeune dame qui semble y trouver un plaisir extrême, quoiqu'elle soit maltraitée au point d'en être couverte de sang. Puis on se livre à d'autres indécences inouïes, pour prouver « que le flagellant tout autant que le flagellé éprouve de voluptueuses jouissances. »

Ensuite commence ce que le colonel, avec un sourire sarcastique appelle la flagellation pour tout de bon !

Miss Julia est attachée à une échelle avec le dos tourné vers les échelons.

C'est ici que se termine la première partie de l'ouvrage.

La deuxième partie commence par la description très en détail de l'opération à laquelle volontairement Miss Debrette s'est soumise. L'un des messieurs lui succède et, après que les deux eurent cyniquement fait part de leurs impressions personnelles aux autres membres de la société, le supplice de Julia recommence : on la fouette au moyen d'une brassée d'orties en pleine sève. La position de la jeune femme sur l'échelle peut donner une idée de la trivialité de la description qui est faite de la scène qui s'ensuit.

Après l'avoir changée de position et lui avoir fait tourner le dos à l'assistance inaccessible à tout sentiment de pitié, le colonel relate quelques autres épisodes de l'application de la torture aux victimes de la lubricité humaine, après quoi on soumet la pauvre enfant à une fustigation accélérée au moyen d'une espèce de lanière de cuir, jusqu'à lui faire presque perdre les sens. Les lubriques acteurs de cette scène révoltante se mettent à jouer à saute-mouton par dessus le dos ensanglanté de l'infortunée et, après cette diversion dans leur dégoûtante orgie, le colonel les régale d'une nouvelle histoire ayant pour sujet les tortures infligées à une femme mariée, durant sa première nuit de noces.

Mais ce n'est là qu'un entr'acte : la représentation continue et, c'est le tour d'une courroie garnie de fines pointes d'acier, de démontrer ses vertus sur le corps nu et déchiqueté de Miss Julia que l'on a placée sens dessus dessous, la tête en bas et les jambes en l'air, le long de l'échelle.

Puis une mêlée générale s'engage, qu'il est absolument impossible de décrire ; les participants à cette orgie se laissent aller à tous les excès, avec toute la lascivité et le voluptueux excitement que toute cette cruauté est sensée avoir déchaînés et — tout naturellement, — cela au détriment de la pauvre Julia. De nouveau la pauvrette est soumise à une flagellation impitoyable au moyen d'une lourde cravache et finalement — en guise de couronnement de son martyre, — on lui inflige la plus cruelle, la plus abominable des tortures morales : elle est brutalement violée avec tout le raffinement de détails qui, d'ordinaire, peuvent accompagner une telle opération.

Nous pouvons affirmer sans crainte que ce livre est l'ouvrage le plus froidement cruel, le plus cyniquement indécent qu'il nous ait été donné de lire ; il est unique en son genre dans la langue anglaise. On semble revivre le rêve sauvage ou plutôt le cauchemar d'un vieux satyre vicieux, vanné, positivement usé et dont l’épiderme tanné jusqu'à l'insensibilité par des flagellations quotidiennes a été saisie d'une folie de passions étranges pour la flagellation bestiale.

Il va sans dire que le compte rendu qui précède ne donne que les grandes lignes de l'ouvrage, car nous avons soigneusement évité de copier le moindre détail, dont la minutie est d'un érotisme trop accentué pour se retrouver sous notre plume. Les plus impudiques descriptions y sont faites et toutes les phases de cette lente agonie de la pauvre fille, le moindre mouvement, la plus petite contraction et le moindre tressaillement sont notés, et commentés. La beauté de Julia est l'objet d'une analyse et de remarques d'une crudité inouïe et rien n'est négligé pour prouver que seul un Néron ou un Marquis de Sade peuvent réellement éprouver quelque plaisir sensuel.

Nous pouvons puiser quelque consolation dans le fait que ce livre est trop délibérément horrible pour être dangereux, car ce mélange de débauches lubriques, d'extravagances sadiques, d'usages d'abattoir froidement, cyniquement mis en oeuvre ne peut être que le produit d'une imagination surchauffée et surexcitée par des idées obscènes et lascives. Le livre est bien écrit et l'auteur s'est évidemment donné beaucoup de peine pour mettre bien en relief les moindres détails, comme s'il avait voulu convaincre le lecteur de la réalité absolue de ce système répugnant qu'il expose avec tant d'ampleur.


8. Experimental Lecture. By Colonel Spanker, on The exciting and voluptuous pleasures to be derived from crushing and humiliating the spirit of a beautiful and modest young lady; as delivered by him in the assembly room of the Society of Aristocratic Flagellants, Mayfair. London: Privately Printed, A.D., 1836.



Curiosités en flagellation. Une série d'incidents et de faits compilés par un flagellant amateur et publiés en cinq volumes. Vol. I. Londres 18759.

Malgré l'annonce de cinq volumes, il n'en parut à l'origine qu'un seul, qui fut réédité en 1879-1880, avec addition d'un volume supplémentaire. Ces deux volumes pris séparément contiennent chacun un récit : le vol. I, est réservé à The Jeweller's Housekeeper, en français, La Gouvernante du Joaillier ; le vol. II, contient Mrs North’s School ou l'École de Mme North. Chacun de ces volumes est illustré de cinq gravures exécutées avec très peu de soin ; elles sont coloriées et de nature quelque peu obscène. L'ouvrage est publié par l'auteur lui-même.

La Gouvernante du Joaillier est un récit qui a pour but d'exposer la flagellation comme une pratique aphrodisiaque, comme un moyen d'arriver à un but déterminé et non pas comme le but lui-même que l'on se propose d'atteindre, contrairement à la tendance des livres publiés au début du siècle.

L'auteur cependant nous semble pousser les choses un peu trop loin quand il cherche à nous persuader que les victimes éprouvent malgré tout une sensation agréable et voluptueuse, après une flagellation impitoyable accompagnée d'autres pratiques inhumaines, même quand ils sont sur le point de succomber à leurs tortures, et que ces sensations augmentent d'intensité quand le supplice a cessé, ce qui les fait se soumettre par la suite docilement à ces pratiques et les incite même à désirer vivement d'y être soumises encore, d'être fouettées de verges, avec des cravaches et d'avoir leur peau cinglée jusqu'à ce que le sang découle en profusion des cicatrices béantes, et tout cela pour assouvir les instincts voluptueux qui accompagnent et suivent leur agonie.

Nous ne doutons pas que la fustigation sur les postérieurs soit suffisante pour provoquer une circulation anormale du sang dans cet endroit et dans les parties adjacentes et que par cela même elle ne stimule les facultés procréatrices chez certaines natures exceptionnellement douées. Mais nous ne pouvons admettre, en aucune façon, qu'un individu de l'un ou de l'autre sexe, surtout s'il est sain de corps et de constitution normale, puisse se soumettre volontairement aux tortures décrites dans le volume.

La famille dans laquelle se passent les aventures relatées et dont, au dire de l'auteur, « beaucoup sont basées sur des faits », se compose de M. Warren, un bijoutier des environs de Saint-Paul10 « réputé imbu de principes religieux » ; de Sarah sa gouvernante ; de « deux filles de par sa femme ». Miss Annie âgée de seize ans et Miss Alice, de quatorze ans, deux des plus belles filles du quartier de Highgate où leur père a son domicile particulier et « maître » Willy, un gamin de onze ans, fils du joaillier « de par Sarah ».

Suivant les instructions du joailler, la gouvernante invente des histoires contre les enfants, afin de fournir à ce père modèle des prétextes pour flageller impitoyablement ses enfants, le garçon comme les filles, le soir, quand il retourne de la Cité. Après s'être adonné avec frénésie à ce passe-temps excitant, il calme ses ardeurs dans les bras de Sarah ; ou bien encore, les deux amants se flagellent mutuellement pour prolonger leurs accès de volupté. En dépit des histoires inventées contre elles par Sarah et des corrections brutales qui en sont la conséquence, les deux jeunes filles, aussi bien Annie qu'Alice, se prennent d'un réel attachement pour Sarah et en arrivent même à désirer d'être soumises à une bonne fustigation, — ce que nous trouvons foncièrement anormal.

Nous ne croyons ni utile, ni nécessaire, de faire une description détaillée de ces flagellations, qui d'ailleurs se ressemblent toutes ; elles ont ceci de particulier qu'elles sont décrites d'un style bien meilleur que celui que l'on est habitué à trouver dans les livres de cette nature. Le récit se termine d'une façon quelque peu abrupte ; l'on voit bien que l'auteur se proposait d'y donner une suite, car vers la fin Sarah promet de montrer à ses jeunes amis « quelques petits instruments de plaisir ; mais la chose doit être remise à un autre moment ».

Voici l'analyse du IIe volume qui contient l'histoire de l'École de mistress North.

Le volume se compose de cinq lettres passablement longues qui traitent toutes de l'influence de la verge de bouleau sur les organes sexuels. Point n'est besoin de faire ressortir que le sujet est, d'un bout à l'autre, traité avec une désinvolture extrême et que le langage employé est d'une franchise outrée. L'auteur décrit dans leurs moindres détails les scènes de fustigation et les conséquences qui en résultent, sans rien cacher.

Dans la première lettre, sir Charles dit qu'il a à ses gages une dame, Miss Whippington qui dirige un pensionnat pour les jeunes filles de l'aristocratie. Elle flagelle ses élèves pour le plaisir de son riche protecteur, après avoir arrangé pour lui une cachette d'où il peut, tout à son aise, suivre les contorsions et jouir de la confusion et de la honte de ses belles et rougissantes victimes. Lady Flora Bumby, une jeune fille gracile, à l'air doux, d'une délicate beauté, blonde, âgée de quatorze ans environ est mise en scène, avec accompagnement de détails minutieux sur sa contenance, sur sa toilette intime, ses dentelles et les charmes qu'ils cachent aux regards profanes. C'est ensuite le tour de Miss Mason, une belle brune de seize ans, aux yeux fulgurants, aux joues de pourpre : elle est gentiment apprêtée et délicatement cinglée de longues marques rouges. Ceci produit aussi bien chez le bourreau que chez sa victime le même effet érotique ; mais nous, pour notre part, nous sommes en droit de supposer que cette idée existe seulement dans l'imagination des écrivains lascifs, quand ils forcent leurs effets. Néanmoins nous pouvons nous hasarder à dire qu'une femme encline à l'hystérie peut être soumise à bien des tourments par un amant préféré sans en ressentir toujours de la douleur, surtout si ce dernier réussit à faire naître chez elle un excitement voluptueux, alors qu'il lui inflige des mauvais traitements corporels. Malgré cela ces créatures ne sont que des exceptions : elles sont toutes anémiques et esclaves de leur système nerveux ; elles se contredisent souvent. Elles sont menteuses, ont des visions et des accès d'insomnie. Elles s'adonnent à la boisson et souvent la morphinomanie ou l'abus du chloral les conduit droit à la maison de fous ou dans la tombe. Il n'y a pas de femme bien développée, en bonne santé, avec un sang pur et abondant circulant dans ses veines, qui puisse éprouver du plaisir à être battue ; et avec bien plus de raison, il n'y a pas d'homme dans ces conditions qui peut puiser la moindre jouissance dans le fait d'être fustigé. Les flagellateurs du sexe fort sont généralement des êtres absolument usés et dépravés et il en est de même des femmes de cette catégorie ; à moins qu'ils ne soient des exceptions, c'est-à-dire des êtres dominés par des passions anormales.

Pour revenir à notre sujet après cette digression qui, nous l'espérons, n'est pas tout à fait déplacée, voici, après Miss Mason, une autre élève qui tombe sous la férule de la douce institutrice. Cette fois on nous présente une boulotte, assez courte de stature, aux cheveux roux, avec de grands yeux d'un brun sombre : elle répond au nom de Miss Howard et n'a atteint que son dix-septième printemps. Pour commencer, on l'expose dans toute la gloriole de sa captivante nudité. C'est couchée à plat-ventre qu'elle subit son châtiment jusqu'à ce qu'elle ait perdu connaissance. Ici se termine ce petit délassement et sir Charles, arrivé au paroxysme de l'excitation, est confortablement soigné par Miss W..., l'institutrice, qui pendant plus de deux heures se prête à ses extravagances libidineuses et assouvit sa soif de luxure, faisant revivre de temps à autre ses forces déclinantes, au moyen de quelques douzaines de coups de verge bien appliqués, tandis que dans leur chambre, Miss Mason et Lady Flora se laissent aller sans aucune retenue aux incitations d'une idylle amoureuse d'un genre nettement lesbien.

Dans la première lettre, Wildish raconte quelques autres épisodes de flagellation. Une épouse corrige son ivrogne de mari au moyen d'une cravache et cet exercice produit chez elle un tel excitement qu'elle se réconforte dans les bras d'un amant qui a suivi toute la scène à travers le trou de la serrure. Nous avons ensuite le mariage d'un Lord Coachington qui, âgé de trente ans à peine et cependant déjà usé jusqu'à la moëlle des os, épouse une jeune veuve très riche. Mais il ne réussit pas à remplir ses devoirs conjugaux malgré les ingénieux artifices mis en oeuvre par la jeune femme, — artifices décrits avec une lascivité extrême et que notre plume se refuse à transcrire. Alors, il offre de placer sur la tête de sa femme 250.000 francs, pour qu'elle consente à se laisser attacher au moyen de cordons de soie et à recevoir de lui une fessée en règle sur son postérieur, avec des verges de bouleau. Elle consent et le noble Lord se met à la besogne, en dépit des pleurs et des grincements de dents de la jeune épouse, qui se tord de douleur et regrette, un peu tardivement, de s'être prêtée à cette fantaisie maniaque. Le résultat de cette opération ne se fit pas attendre et se traduisit au bout de neuf mois par la naissance de jumeaux : deux filles !...

Dans cette même lettre, on nous conte l'aventure d'un certain M. Robinson atteint, lui, d'une flagellomanie aiguë. Il offre cinq mille livres sterling, soit 125.000 francs à un jeune garçon, pour qu'il lui soit permis de le fouetter à coeur joie et à satiété. Mais ayant par la suite acquis la certitude que le bel adolescent n'était autre qu'une jeune fille déguisée, il la remet aux mains de ses quatre valets de pied et il s'ensuit une orgie qui défie toute description. La lettre se termine par une communication de Miss Whippington qui s'étend complaisamment sur les détails d'une fustigation infligée par elle à Mlle Lucie Saint-Clair, l'une de ses élèves.

La troisième lettre fait l'objet, de la part de Mistress North, d'une communication comportant une copie très exacte du journal de feu Lord P..., un fervent disciple et propagateur de la flagellation avec des verges. Ce mémoire est suffisamment nouveau et curieux, même pour les initiés aux pratiques flagellatoires et libertines, qui sans doute ne trouveront généralement dans ces livres, que très peu de choses qui ne leur soient connues de longue date. Il raconte les amours d'une gouvernante robuste qui s'amuse à flageller un frère et une soeur confiés à ses soins. Elle éprouve des spasmes voluptueux en administrant ces corrections qui, en fin de compte, la portent à faire partager son lit par son élève mâle, auquel elle frappe avec ivresse le derrière et les parties adjacentes, non sans le couvrir simultanément de caresses lascives. Ce couple si étrangement assorti se livre ensuite à une distraction d'un genre particulier, que ce Faublas en herbe appelle jouer « à la vache et au veau ». Nous voulons passer rapidement sur les aimables leçons données au gamin, et glisser sur la matière, car il nous est franchement impossible de suivre et d'étudier les progrès de cette corruption inculquée à des enfants d'un âge relativement peu avancé.

Les amours, ou plutôt les passions de cette gouvernante nymphomaniaque, sont continuées dans la cinquième lettre, qui termine le livre, dont voici la conclusion, d'une ironie vraiment cynique : « Cher Sir Charles, je pense qu'en voilà assez du journal de Lord P.., le restant est trop sale pour que je puisse le transcrire. »

Vraiment ! Mais alors, qu'est-ce que cela peut bien être !

Dans la quatrième lettre, Sir Charles relate l'histoire d'un de ses amis qui possédait plusieurs grands singes auxquels il avait enseigné de se flageller réciproquement, dans le but de faire naître chez eux une excitation des sens. Si — comme on est en droit de le supposer — cette histoire n'est pas vraie, elle n'en a pas moins le mérite de la nouveauté et ouvre un nouveau champ d'études aux Buffon de l'avenir.

Une fois de plus on nous sert dans cette lettre la description de trois jeunes demoiselles, qui, toutes frémissantes, sont attachées au chevalet et flagellées avec la dernière violence, au grand amusement d'un ancien Lord-Chancelier, M. S..., qui paie pour suivre la cérémonie à travers un petit trou, après quoi il est soulagé par la maîtresse de pension.

Ce petit ouvrage est évidemment original, aussi original que peut l'être un livre de ce genre, si l'on considère que c'est toujours la même rengaine et qu'il est assez difficile d'apporter dans le traitement de ce sujet des variations continuelles et pas banales.

Nous ne doutons pas que ceux qui sacrifient au vice de la flagellation, se délecteront à la lecture de ces cinq lettres et même en demanderont encore. Le style est entraînant et tout nous porte à croire que l'ouvrage est de la même plume que la Conférence Expérimentale. L'analogie du style dans ces deux ouvrages saute parfois aux yeux : on y retrouve en certains endroits les mêmes phrases interminables. La partie la mieux écrite est incontestablement celle dans laquelle sont décrites les prouesses de la gouvernante et qui nous montre combien il est dangereux de confier sans aucune retenue de jeunes enfants à des servantes. Le grand scandale de Bordeaux11 nous fournit un exemple de pareille négligence de la part de parents ; d'autre part on peut trouver de nombreux autres cas dans le livre du Dr Tardieu12. En somme, il y a de bons enseignements à tirer de partout, même d'un livre franchement érotique.

Nous nous sommes plus longuement étendus sur ce dernier ouvrage, parce qu'il nous est présenté comme une première oeuvre de l'auteur et nous croyons que le lecteur nous excusera facilement.


9. Curiosities of Flagellation. A series of Incidents and Facts collected by an Amateur Flagellant, and published in 5 volumes. Volume I. London, 1875.

10. Saint Paul, la cathédrale de Londres qui donne au quartier son nom. Elle est située dans la Cité.

11. Affaire du Grand Scandale de Bordeaux. Pellerin, 1881. 8 vol.

12. Étude Médico-Légale sur les attentats aux moeurs par Ambroise Tardieu, Paris, J.-B. Baillière et fils 1873, in-8°, avec gravures.



La Quintessence de la discipline au moyen de verges de bouleau. Suite du Roman de la Castigation. Illustré de quatre superbes planches coloriées. Édition privée. Londres. 187013.

Les quatre superbes planches coloriées ne sont que d'obscènes caricatures d'une exécution des plus rudimentaires. L'auteur et l'éditeur sont la même personne, quoique le Roman de la Castigation ait une autre personne pour auteur. Les sept dernières pages du volume sont occupées par un récit intitulé : Lettre d'un Page Boy14 à sa mère habitant la campagne.

Dans le livre sus-mentionné, une certaine Mme Martinet, dans une lettre qu'elle adresse à l'une de ses amies, nous offre le récit de la façon dont elle passe ses vacances à Aspen Lodge, près de Scarborough, la résidence de « mon vieux protecteur, Sir Frédéric Flaybum, qui, vous ne l'ignorez pas, trouva nécessaire d'installer et de mettre en vogue mon pensionnat aristocratique et pour lequel j'ai aménagé de secrets points d'observation pour son usage, dans les grandes occasions ».

Au moyen d'un prêt de deux cents livres sterling (5.000 francs), Sir Frédéric a su décider la veuve d'un officier de l'armée des Indes, à lui confier ses deux jeunes filles, « en lui donnant carte blanche à tous les points de vue, avec la seule restriction que l'exercice de son autorité paternelle (sic) n'ait pas d'effets dangereux et ne laissât pas de traces défigurantes sur ses enfants ».

À l'arrivée de Mme Martinet à Aspen Lodge, Anette et Miriam s'y trouvent déjà. Le lendemain, elle et son protecteur se mettent à les fouetter toutes deux, prenant pour prétexte une plainte non motivée d'ailleurs et absolument inventée par Sir Frédéric. Quand l'opération, qui n'était d'ailleurs accompagnée d'aucune pratique particulière et cruelle, fut terminée, on annonce M. Handcock et Miss Vaseline, deux amis de vieille date de Sir Frédéric. La jeune dame, « une délicieuse blonde, de taille élancée mais exquisement moulée, avec des lèvres de corail, des dents de perles et de ces grands yeux langoureux gris bleus, qui caractérisent si bien un tempérament sensuel », entoure de ses bras potelés le cou de Sir Frédéric, qu'elle embrasse avec une ferveur amoureuse qui ne laisse pas que de surprendre l'honorable institutrice.

Il s'ensuit une scène de la plus haute suggestivité, agrémentée de flagellation mutuelle et d'autres provocations plus ou moins efficaces : « Cette scène, dit textuellement Mlle Martinet dans sa lettre, dura pas mal de temps et nous remplit, nous, les dames, d'une délicieuse ivresse, les messieurs étant trop vannés pour se laisser aller à trop d'excitement. »

Dans la lettre d'un Page-Boy, le jeune Fred raconte comment, en regardant par le trou de la serrure, il surprend ses maîtresses, les dames Switchers, en train de satisfaire aux goûts dépravés de l'honorable M. Freecock, en le flagellant et en assouvissant d'autre manière encore ses lubriques appétits. Mais le gamin est surpris à son poste d'observation et, — laissons-le parler lui-même, — « en un clin d'oeil ils m'eurent lié par les poignets au chevalet ; mes pantalons furent descendus en moins de temps qu'il ne faut pour le dire et ils se mirent à me tanner le derrière avec frénésie au moyen d'une formidable verge de bouleau ».

Le style de ce volume peut être placé au même rang que celui des trois ouvrages précédemment décrits. Mais ce livre a au moins un avantage, celui de n'être pas, dans son ensemble, farci de détails dont la crudité et la cruauté provoquent d'ordinaire un si profond dégoût.


13. The Quintessence of Birch Discipline. A Sequence to The Romance of Chastisement. Illustrated by Four Beautifully-Coloured Pates. Privately Printed. London. 1870.

14. Page-boy, petit commissionnaire, garçon de courses, chasseur.



Les Mystères de la « Villa de la Verveine » ou Miss Bellasis flagellée pour avoir volé, par Etonensis. Prix : Quatre guinées, Londres. Édition privée. MDCCCLXXXII15.

Ce volume est dû à deux auteurs différents ; orné de quatre planches coloriées, il n'a été tiré qu'à 150 exemplaires.

Après avoir pataugé au milieu de tant d'ouvrages lourds, insipides, sinon absolument répugnants, sur la flagellation, c'est avec un réel plaisir que l'on tombe finalement sur un volume écrit avec tact et avec art, que l'on peut lire sans appréhension.

Dans cet ouvrage on nous trace un tableau très fidèle et très minutieux de ce qu'est un pensionnat fashionnable pour demoiselles à Brighton, à notre époque, et le récit roule principalement sur les punitions corporelles infligées aux aimables pensionnaires de la maison.

Deux pièces d'or sont dérobées à une élève créole et Miss Bellasis est convaincue d'avoir commis le larcin. Ce qui aggravait sa faute, c'est qu'elle avait caché le fruit de son vol dans la boîte à ouvrage de l'une des plus jeunes élèves. La perquisition générale à laquelle on se livre à la suite de la découverte du larcin, donne lieu à de singulières découvertes : chez une Miss Hazeltine on découvre une bouteille d'eau-de-vie de genièvre, tandis que l'on trouve dans le pupitre de Mlle Hatherton un livre obscène. Les deux délinquantes, tout comme l'héroïne principale de l'histoire sont destinées à être fouettées. Mais la propriétaire de l'établissement, Miss Sinclair, qui jusqu'alors avait été opposée aux châtiments corporels, croit utile de consulter préalablement le révérend Arthur Calvedon, aumônier du pensionnat. En attendant qu'il se rende à l'appel qui lui est adressé, une espèce de conseil de guerre est tenu et les gouvernantes françaises et allemandes sont admises à émettre leurs avis respectifs sur la castigation des jeunes filles. Le discours de l'institutrice française est reproduit en français qui serait évidemment irréprochable, s'il n'était défiguré par d'innombrables coquilles d'imprimeur. Mais le révérend arrive : il commence à faire un exposé très étendu de ses expériences au collège d'Éton et cela donne lieu à une dissertation très compliquée sur les différents modes de flagellation. Arthur — comme on a pris l'habitude d'appeler tout simplement le conseiller spirituel de l'école — brûle d'envie de demander l'autorisation d'assister à la fustigation de Mlle Bellasis ; mais il n'ose et est obligé de se retirer sans avoir vu l'accomplissement de son secret désir ; il promet toutefois de revenir après l'opération.

Le lendemain matin, la voleuse est conduite dans la grande salle d'études, par la sous-directrice et la gérante. Après une vive résistance de sa part, elle est dépouillée de ses vêtements, liée sur un pupitre et publiquement fouettée en présence de toutes ses camarades et des domestiques.

La description de la flagellation, qui suit alors, n'est pas du même auteur ; le style est distinctement différent. L'allure légère et agréable du début de l'ouvrage se transforme à partir de la page 97 en une narration plus sérieuse, d'un style plus châtié et plus sobre surtout. Jusqu'alors les mots obscènes avaient été employés sans restriction, sans ménagements, sans scrupules : l'auteur appelle tout par les noms propres.

Le caractère de Miss Sinclair est du coup transformé du tout au tout.

Mais procédons dans notre analyse. La fustigation de Miss Bellasis est décrite avec une ampleur bien exagérée, car elle ne nous apprend rien de bien nouveau. Tout de suite après, nous trouvons une scène passionnelle entre le révérend Arthur et Miss Sinclair que la fustigation de son élève, sur le postérieur de laquelle elle a usé trois verges, a mis dans un état de surexcitation sensuelle indescriptible.

Le jour suivant, Miss Sinclair, devenue la maîtresse d'Arthur, punit sévèrement les demoiselles Hatherton et Hazeltine, en particulier, chez elle, c'est-à-dire qu'elle inflige aux deux jeunes filles toutes sortes de tourments, d'abord avec une cravache, puis avec une brosse à cheveux, tandis que le révérend admirateur regarde à travers un trou dans la cloison. Le volume se termine d'une façon abrupte par quelques lignes d'encouragement pour les flagellants des deux sexes.

En somme, ce livre est, comme nous l'avons dit déjà, le seul qui ait quelque mérite et qui semble se baser non sur des inventions mais sur des faits réels et vécus.


15. The Mysteries of Verbena House, or Miss Bellasis Birched for Thieving. By Etonensis. Price Four Guineas. London. Privately Printed. MDCCCLXXXII.



Exposition de flagellants femelles, dans le monde modeste et incontinent, prouvant par des faits indubitables qu'un certain nombre de dames trouvent un secret plaisir à fouetter leurs propres enfants et ceux commis à leur charge et que leur passion pour exercer et ressentir le plaisir d'une verge de bouleau appliquée par des sujets de leur choix de l'un et de l'autre sexe est du tout au tout aussi prédominant que celui que leur procure le commerce avec les hommes. Publié maintenant pour la première fois d'après des anecdotes authentiques, françaises et anglaises, trouvées dans le boudoir d'une dame. Embellie de six belles planches in-quarto, supérieur à n'importe quoi de ce genre qui ait jamais été publié. Londres. Imprimé pour G. Peacock, n° 66, Drury-Lane16.

Une jolie vignette ovale orne cet ouvrage. Elle représente Cupidon attaché à un arbre tandis qu'une jeune fille assise prépare une verge de bouleau pour le châtier.

Au point de vue littéraire ce livre ne vaut absolument rien. L'auteur traite son sujet d'une façon par trop exclusive et part de ce principe que la flagellation en elle-même constitue la jouissance, tandis qu'en réalité l'on ne peut considérer cette pratique que comme un moyen d'arriver au but que l'on se propose, c'est-à-dire la jouissance sensuelle. En lui-même le châtiment corporel que l'on s'impose ne peut certainement avoir rien que de désagréable. Ce n'est pas la flagellation qui termine l'opération, puisqu'elle est suivie d'autres actes qui produisent les effets définitifs désirés et provoqués.

D'autre part, les verges sont exclusivement placées dans les mains des femmes, comme si les hommes ne sauraient éprouver au moins tout autant de plaisir à fouetter des jeunes filles qu'à être fouettés par elles.

Dans l'Exposition des flagellants femelles cette théorie uniforme est adoptée d'un bout à l'autre ; on nous y enseigne que dans la flagellation il faut un certain art du tact, et de la délicatesse.

Voici à titre de document, la traduction d'un passage qui s'y rapporte : « Saches donc, fille nigaude (dit Flirtilla), qu'il y a une certaine façon de manier ce sceptre de félicité, dans laquelle peu de femmes ont la main heureuse ; ce n'est pas le geste passionné et violent d'une vulgaire femelle qui peut charmer, mais les manières délibérées et élégantes d'une femme de sang et du monde, qui déploie en toutes ses actions cette dignité qui se retrouve même dans le jeu de son éventail, qui souvent sert à faire de si profondes blessures. Quelle différence entre le vulgaire et le mondain, le distingué, précisément en cette matière ! Quelle différence entre la vue d'une femme vulgaire qui, provoquée par ses enfants, les saisit comme un tigre ferait d'un agneau, expose brutalement leur derrière et les corrige avec le plat de la main ou avec une verge ressemblant beaucoup plus à un manche à balai qu'à un gentil faisceau de verges, élégamment nouées ensemble tandis qu'une mère bien-née, froidement et méthodiquement sermonnera son enfant ou son pupille et, quand elle se sera rendu compte qu'il est dans son tort et qu’il mérite une punition, ordonne à l'incorrigible de lui apporter les verges, de se mettre à genoux et de demander à mains jointes une bonne fouettée ; puis cette cérémonie préliminaire accomplie, elle lui ordonnera de se coucher en travers de ses genoux ou bien la fera monter sur le dos de la bonne, et puis, avec les plus jolies manières que l'on puisse imaginer enlèvera tout ce qui empêchera le libre accès du derrière frémissant de la petite demoiselle, qui pendant tout le temps, tout en larmes et avec des promesses et des suppliques les plus tendres implore sa chère maman ou sa gouvernante de lui pardonner ; et à tout cela la belle exécutrice prêtera oreille charmée, découvrant cependant avec un sentiment délicieux les gentilles et aimables rotondités si blanches, qu'en quelques minutes elle fera passer au rose le plus sombre au moyen d'une verge maniée avec savoir-faire et élégance ! »

Il existe d’ailleurs encore deux autres éditions de cet ouvrage, savoir : The Exhibition of Female Flagellants. Suus cuique mos. London: Printed at the Expense of Theresa Berkley, for the Benefit of Mary Wilson, by John Sudbury, 252, High Holborn.

L'autre Édition est celle du genre bien connu de Hollywell Street.


16. Exhibition of Female Flagellants, in the Modest & Incontinent World, Proving from Indubitable Facts that number of Ladies take a secret Pleasure in whipping their own, and other Children comitted (sic) to their care, and that their Passion for exercising and feeling the Pleasure of a Birch-Rod, upon Objects of their Choice of both Sexes, is to the full as Predominant as that of Mankind. Now First Published, from Authentic Anecdotes, French & English, found in a Lady's Cabinet. Embellished with six beautiful Quarto Prints, Superior to any of the kind ever Published. London. Printed for G. Peacock, no 66, Drury Lane.



Le Chérubin ou Gardien de l'Innocence féminine. Exposant les Artifices des Pensionnats loués17, des Diseurs de Bonne Aventure, des Modistes corrompues et des soi-disant Femmes du monde. Londres, imprimé pour W. Locke, n° 12 Red Lion Street, Holborn, 179218.

Ce livre qui a été réimprimé à plusieurs reprises a pour objet, comme son titre compliqué l'indique assez clairement, de mettre à nu chacune de ces catégories de vice. De nombreuses anecdotes se suivent. En voici une qui a trait à la location des Pensionnats de demoiselles par de vieux libertins, qui trouvent plaisir à voir fouetter les jeunes élèves.

« Un vieux Crésus libertin de Broad Street, dont les richesses étaient aussi considérables que les instincts dépravés, a entretenu depuis quelques années une espèce de trafic sensuel avec les directrices de deux pensionnats ; l'un situé aux environs de Hackney et l'autre dans la Banlieue de Stratford. Toutes les semaines il versait à ces Dames des sommes importantes, rien que pour pouvoir goûter des jouissances visuelles qu'un homme ordinaire aurait trouvé plutôt répugnantes qu'agréables.

Le gentleman en question fait des visites régulières et à tour de rôle chez chacune de ces accommodantes matrones. Voici comment le spectacle se déroule :

Toutes les fautes commises, les dérogations au règlement etc., sont soigneusement enregistrées pendant les quatre ou cinq jours qui précèdent la visite du Crésus ; le jour de sa venue est fixé pour l'exécution de toutes les punitions infligées aux élèves. Après avoir fait entrer le vieux birbe dans un petit cabinet adjoignant la salle et dans la porte duquel sont aménagés des trous d'observation, les élèves sont appelées l'une après l'autre, mises à nu, étendues sur un établi ad hoc et fouettées sur leurs postérieurs en proportion de la gravité de leurs fautes. Dans la situation où elles se trouvent les jeunes filles ne peuvent pas se douter un instant qu'elles sont vues de toute autre personne que leur directrice. Et quand le vieux jouisseur, après avoir suivi, au moyen d'une lorgnette toutes les phases et les progrès de la flagellation en est arrivé au summum bonum de sa passion il sort de son rôle passif et se transforme a son tour en exécuteur... Son désir assouvi il se retire comme un homme de bonne composition qu'il est, parfaitement heureux et placide. L'ouvrage est orné d'un frontispice suggestif par Isaac Cruikshank.


17. Loué est pris ici dans le sens de loyer ; c'est-à-dire, Pensionnats pris en location par de vieux messieurs.

18. The Cherub; or, Guardian of Female Innocence. Exposing the Arts of Boarding Schools; Hired Fortune Tellers; Corrupt Milliners; Apparent Ladies of Fashion. London: Printed for W. Locke, n°12 Red Lion Street, Holborn. 1792.



Part the second. The Female Flagellants in the Beau-Monde and the Demi-monde; proving from indubitable facts that the Secret Pleasure of Whipping their own children and those of others, and that the Delights of the Birch Rod are as powerful in the female as in the masculine part of humanity. Now First Published from the Manuscript of a Lady, and from original correspondence addressed to the Editor of the First Part. With highly Coloured Engravings. Two Guineas19. Est une continuation du volume mentionné plus avant, sous le titre d'Exposition des flagellants féminins.


19. Deuxième Partie. Les Flagellants femelles dans le Beau Monde et dans le Demi-Monde ; prouvant par des faits indubitables que le secret plaisir de fouetter leurs propres enfants et ceux des autres et que les Délices de la Verge de Bouleau sont aussi puissants dans la partie féminine que dans la partie masculine de l'humanité. Publié maintenant pour la première fois le manuscrit d'une Dame et la Correspondance originale adressée au rédacteur de la première partie. Avec des illustrations coloriées de haut ton. Deux guinées.



Conférences Fashionables, organisées et tenues avec la discipline de verges de bouleau, par les suivantes et nombreuses belles dames, qui ont rempli à l'approbation générale les rôles de mère, marâtre, gouvernante, femme de chambre, ménagère, gérante de maison, etc., etc.

Mad. R-nson. Lady G-r. Mad. M-h-n. Mad. B-n-ll. Feue Miss Kennedy. Kit. Frédérick. Lady W-ley. Mad. R-pe. Mad. B-lli. Charlotte Hayes. Mad. Rudd. Miss C-t- Mad. H-nter. Mad. Miller. Mad. Price. Miss C-ver-ng. Clara Hay-d. La mère Birch. Mad. Arm-d. Mad. Coxe. Mad. L-w-ce. Mad. Hugues. Miss Scott. Miss Villers. Kitty Fisher. Mad. Austin. Lucy Cooper. Sally Harris. Mad. Booker. Charlotte Spencer. Mad. Corbyn. Mad. Judge. Mad. Far-ar. Signora Frasi. Signera G-lli. Fanny Murray. Fanny Herbert. Miss Faulkner. Mad. Woff-gton. Nancy-Parsons. Signera Z-lli. Mad. Badd-ly. Mad. Bridgeman. Mad. Baker. Mad. Lessingham. Mad. Watson. Mad. Dal-ple. Lady L-n-er. Signera S-i. Kitty Tut-a-dash. Mad. Car- Mad. Bulky. La comtesse de Medina. Miss Olliver. Miss Goldsmith. Mad. Wil-n. Miss Ray.

Avec les observations préliminaires sur les plaisirs de la verge de bouleau, administrée par la jolie main d'une dame favorite. Embellie d'une jolie gravure, d'une demi-feuille, représentant une marâtre fouettant son fils.

Les philosophes qui ont étudié la nature
Et tous nos saints pères jurent
Qu'une verge est le meilleur fortifiant,
Une verge appliquée sur le derrière20.
Voir la Danse de Mme Birchini
C'est un aussi grand provocateur que les cantharides ou le jus de vipères, parce que cela irrite le sang et donne une nouvelle vigueur aux esprits assoupis.
(Le Jésuite lascif, un Opéra.)

Quatrième édition, avec de nombreuses adjonctions. Londres. Imprimé pour G. Peacock, n° 66, Drury Lane21.

Cet ouvrage est incontestablement le plus curieux, le plus original et très probablement le premier publié de la série. On aurait pu l'intituler : Le Drame de la flagellation ; toute l'action se déroule en dialogues et monologues.

À ce sujet, nous croyons intéressant de reproduire la teneur d'un passage qui termine l'ouvrage : Le Sublime de la Flagellation.

Très peu de temps après la publication des Conférences Fashionables à Paris la carte suivante fut remise par les libraires à tous les acheteurs de l'ouvrage.

CARTE ADRESSÉE À MESSIEURS LES FLAGELLANTS

« Tous les acheteurs des Conférences qui seraient curieux de juger par eux-mêmes de l'effet qu'elles produisent quand elles sont bien développées, peuvent être adressés à une dame très accomplie au point de vue physique comme au point de vue de l'intellect, et qui, si on sait lui faire un compliment approprié22, est prête à développer n'importe laquelle de ces conférences avec toute l'énergie et l'éloquence de son talent oratoire et son action, heureusement en corrélation.

« Cette dame a une maison à elle et sa salle de conférence est meublée de verges, de chats à neuf queues, et de quelques-uns des meilleurs ouvrages sur la flagellation. La dame a également dans sa maison une femme robuste, capable de prendre un homme sur ses épaules, quand il lui prend l'envie d'être traité comme un écolier ; et en outre, elle, aussi bien que sa bonne, sont prêtes de jouer un rôle passif dans l'usage des verges, quand de temps à autre on le lui demandera. Prix de la première conférence : un louis, — chaque lecture suivante un demi-louis et 2 fr. 50 pour la bonne si elle sert de chevalet dans la circonstance.

N. B. : Les messieurs seuls, qui éprouvent du plaisir à jouer le rôle d'écoliers, seront servis par la maîtresse et la servante, à toute heure, avant qu'ils se lèvent, le matin, dans leurs propres domiciles, où se jouera admirablement bien le délicieux divertissement d'être sorti du lit, bousculé, puis fouetté, pour n'avoir pas voulu se rendre à l'école.


20. Philosophers who've studied Nature, / And all our holy Fathers swear, / A Rod's the best invigorator, / A Rod applied upon the Rear.

21. Fashionable Lectures, etc... The Fourth Edition, With considerable Additions. London: Printed for G. Peacock, n° 66 Drury-Lane.

22. Un bel euphémisme !



La Danse de Mme Birchini, une histoire moderne, considérablement augmentée avec des anecdotes originales recueillies dans les cercles fashionables. Publié maintenant pour la première fois par Lady Termagant Flaybum.

« De tomber aux pieds d'une maîtresse impérieuse, d'obéir à ses ordres, d'avoir à lui demander pardon, furent pour moi les plus doux plaisirs. »
(Les Confessions de J.-J. Rousseau, vol. I.)
« C'est un excitateur aussi puissant que les cantharides ou que le jus de vipère, parce que cela irrite le sang et redonne une vigueur nouvelle aux esprits assoupis. »
(Le Jésuite lascif; un opéra.)

Neuvième édition, avec de belles planches. Londres. Imprimé pour Georges Peacock, et vendu Drury Lane, n° 6623.

C'est un livre éminemment curieux. La première édition originale a dû être publiée contemporainement avec les Révélations de Lady Bumtickler. Ces anecdotes originales sont en prose et ne diffèrent pas grandement de ce qui nous a été présenté dans l'exposition de flagellatants femelles mais la Danse de Mme Birchini est en vers, parfois bien terre à terre, mais empreints, en certains endroits, d'une belle vigueur et d'une ardeur remarquable.

C'est, en somme, l'histoire d'un jeune noble qui, devenu impotent à la suite d'excès de tout genre, se livre aux soins habiles de Mme Birchini qui réussit, grâce à ses procédés spéciaux, à lui rendre son ancienne vigueur et à le mettre à même de remplir ses devoirs conjugaux après l'accomplissement desquels sa jeune épouse soupirait désespérément.


23. Madame Birchini's Dance. A Modern Tale. With Considerable additions, and Original Anecdotes collected in the Fashionable Circles. Now first published by Lady Termagant Flaybum. The Ninth Edition, with Beautiful Prints. London: Printed for George Peacock, And Sold at n° 66 Drury-Lane.



Le Joyeux ordre de Sainte-Brigitte. Souvenirs personnels de l'usage de la verge par Marguerite Anson ; York. Imprimé pour les amis de l'auteur, MDCCCLVII24.

On attribue ce livre au même auteur qui a écrit pour Hotten The History of the Rod (l'Histoire de la verge). Il se compose de douze épîtres écrites par Miss Anson à une de ses amies ; la première lettre est datée de 1868, tandis que sur l'ouvrage le frontispice porte la date erronée de 1857.

Un certain nombre de dames, assemblées dans un château en France, pendant le second Empire, créent, pour passe-temps, le Joyeux Ordre de Sainte-Brigitte, une société ayant pour but l'application mutuelle des verges, une pratique à laquelle elles sont toutes adonnées. Marguerite Anson est la soubrette de l'une de ces dames et elle est admise à faire partie de la société en qualité d'aide. La description de sa propre installation donnera une idée des rites de l'ordre.

Mais laissons-la avant tout admirer son costume : « Une chemise de toile fine, garnie de Valenciennes avec des entre-deux de rubans. Un jupon moelleux en flanelle blanche garnie de soie en bordure dans le bas ; un autre en cachemire blanc, très fin avec un ruche dans le bas, garni de velours bleu de ciel. J'avais en fait de corset l'un de ceux de ma maîtresse, tout brodé ; et par-dessus le tout, un magnifique peignoir bleu, avec des ruches blancs ; pas de jupes ni de pantalons et rien aux pieds, qu'une paire de mules bleues garnies de rosettes blanches très mignonnes. »

Ainsi accoutrée, Marguerite est placée dans une petite chambre contiguë à la grande salle où le Joyeux Ordre tenait ses assises : elle a les yeux bandés.

« II me semble que j'attendis longtemps, mais je crois que ce ne fut que quelques minutes au bout desquelles quelqu'un entra dans la chambre :

— Enlevez votre manteau ! me dit une voix que je reconnus pour celle de Mistress D..., une dame anglaise, belle, grosse et grasse, de quarante ans environ, pleine de vie et de malice, qui avait été une des promotrices de l'affaire.

— Maintenant, suivez-moi !

La porte de la salle fut ouverte et l'on m'introduisit. Puis la porte se referma et fut verrouillée et j'entendis autour de moi des rires étouffés.

Alors une voix parlant du fond de la salle s'exclama : « Silence, mesdames, s'il vous plaît ! »

Trois coups secs furent frappés sur une table et la même voix demanda :

— Qui vient ici ?...

J'avais été stylée par Mistress B... et je répondis, conformément à ses instructions :

— Une candidate pour une place dans le Joyeux Ordre de Sainte-Brigitte.

— Êtes-vous prête à servir l'ordre du mieux que vous pourrez et d'aider, comme le demande votre maîtresse, dans l'accomplissement des cérémonies de l'ordre ?

— Je le suis !

— Est-ce que vous vous engagez à ne jamais souffler mot de ce que vous verrez, entendrez ou ferez dans cette chambre, sous peine de perdre votre place sans certificat ?

— Oui ! Je m'y engage !

— Connaissez-vous le but du Joyeux Ordre ?

— Oui !

— Dites-le nous !

Selon mes instructions je répondis.

— La salutaire et agréable discipline au moyen de verges appliquées réciproquement par ses membres au cours de ses séances.

— Avez-vous jamais été fouettée ?

— Oui !

— Promettez-vous de vous soumettre à telle flagellation que le Joyeux Ordre vous imposera, sans vous rebeller ou sans murmurer ?

— Oui !

— Préparez-la !

« J'entendis de nouveau des rires étouffés dès que cet ordre fût donné et je pus me rendre compte que Mistress D... était secouée d'un rire intérieur, tandis qu'elle exécutait sa consigne, et qu'elle m'enleva mon peignoir. Elle épingla mes jupons et ma chemise sur mes épaules et alors, ma chère, je savais ce qui allait venir. Quelqu'un d'autre se saisit de l'une de mes mains tandis que Mistress D... me tenait l'autre en attendant un nouveau commandement.

— Avancez !

« Ils me firent faire quelques pas en avant et au même instant un formidable coup de verge tomba sur ma hanche, puis sur l'autre et ainsi de suite jusqu'à ce que j'eus atteint le bout de la salle. Je pleurai et me débattis ; mais tout fut en vain ; mes guides me maintenaient solidement et, lorsqu'elles me lâchèrent, je ne pouvais plus que sangloter et haleter. Alors un nouveau commandement se fit entendre :

— À genoux !

Je m'agenouillai devant l'ottomane du centre de la pièce. Les dames maintinrent mes bras par-dessus ce meuble et lady C... quitta son fauteuil, s'avança vers moi et me fouetta jusqu'à ce que je ne sus plus guère où je me trouvais. Alors elles m'aidèrent à me lever et la dame dit :

— Mesdames de l'Ordre de Sainte-Brigitte, recevez-vous Marguerite Anson en qualité de membre et de servante jurée, pour faire tout ce que vous demanderez ?

— Oui ! répondirent en choeur celles qui ne riaient pas.

— Laissez-la voir ! fut le commandement qui retentit alors et, à ces mots, l'une des dames fit retomber mes vêtements et une autre m'enleva mon bandeau des yeux. J'étais tellement secouée et abrutie par la flagellation que pendant un certain temps, je pus à peine y voir. Mistress D... me prit par le bras et me ramena à l'extrémité de la pièce. Je me remis peu à peu et alors, en regardant autour de moi, je fus témoin d'un spectacle que n'aurait certainement jamais rêvé ce journaliste dont je mentionnais l'entrefilet dans ma dernière lettre.

« Chacune des dames tenait en main un faisceau de verges souples et solides et nouées avec des rubans correspondant à la couleur de leurs vêtements.

Sur l'ottomane où j'avais subi ma dernière fustigation étaient déposées deux autres verges.

— Marguerite Anson ! Approchez ! me dit Mme C... de nouveau. J'avançai timidement, appréhendant une nouvelle fessée...

— Agenouillez-vous !

Je m'agenouillai et elle me fit cadeau d'une verge en m'informant que j'étais maintenant une servante du Joyeux Ordre de Sainte-Brigitte, que j'étais autorisée à prendre part à leurs cérémonies et que j'étais tenue de faire tout ce que l'on me demanderait. Puis on m'enjoignit d'aller me placer à l'extrémité de la salle, et de m'apprêter à faire à celle dont le tour était venu, absolument la même chose qui m'avait été faite à moi. »

Il saute aux yeux qu'une répétition d'une flagellation de ce genre entre femmes ne peut que devenir insipide à la longue, car elles ne varient que fort peu. Pour faire diversion, l'auteur intercale dans son récit des réminiscences évoquées par les dames présentes, au cours desquelles l'élément masculin est mis en scène.

Une anecdote surtout est impayable : c'est l'histoire d'un monsieur qui, se faisant passer pour un inspecteur scolaire du gouvernement, fait une tournée d'inspection dans tous les pensionnats de jeunes filles où les plus belles d'entre les élèves sont fouettées en sa présence.

L'auteur adopte la thèse, d'après laquelle une certaine délicatesse et du savoir-faire sont des qualités essentiellement requises en flagellation.

« II y a, dit-il, une grande différence entre les différents modes d'administrer les verges. Il n'y a aucune jouissance à puiser dans le maniement des verges ou dans la réception des coups, quand la chose est pratiquée de la même manière qu'emploierait une femme vulgaire dans un accès de colère. Mais, quand la verge est maniée par une dame du monde, élégante, avec dignité et grâce dans le maintien et dans l'attitude, le fait de pratiquer la flagellation et de la subir deviennent également une source de réel plaisir25. »

L'extrait suivant de History of the Rod (l'Histoire de la verge) a quelque analogie avec le récit de Marguerite Anson, qui précède.

C'est pour cela que nous croyons utile de le reproduire ici, à titre de document bibliographique.

« Une vieille nouvelle française, que nous avons parcourue en passant, le long des quais de la Seine à Paris, donnait une description très vivante d'une espèce de club romantique de flagellation qui existait à Paris peu de temps avant la Terreur. Les dames qui faisaient partie de cette association se fouettaient réciproquement avec une élégance pleine de charmes ! Une sorte de procès précédait chaque correction et, quand une dame était reconnue coupable elle était immédiatement déshabillée et fouettée par ses compagnes. S'il faut en croire les affirmations contenues dans ce livre qui avait pour titre le Château de Tours, un grand nombre de dames du plus grand monde étaient affiliées à cette société et recevaient de leurs compagnes des châtiments personnels.

Ces nobles dames étaient également décrites dans ce livre comme instigatrices et créatrices des nouvelles modes ; elles donnaient le ton. À en juger par les descriptions de ces modes, faites dans le livre en question, quelques-unes ne devaient pas différer beaucoup de celles adoptées jadis par notre bonne aïeule, la mère Ève ! »


24. The Merry Order of St. Bridget, Personal Recollections of the Use of the Rod by Marguerite Anson; York: Printed for the Author's Friends, MDCCCLVII.

25. Cette phrase est incontestablement plagiée. Elle se trouve dans « L'Exposition des Flagellants Féminins ».



Les Mystères de la flagellation26 ou un Récit des Cérémonies secrètes de la Société des flagellants. La sainte pratique des Verges. Saint-François flagellé par le Diable. Comment on domine ses passions par l’art de la flagellation. Avec beaucoup d'Anecdotes curieuses sur la Prédominance de ce Passe-temps particulier chez toutes les nations et à toutes les époques soit sauvages ou civilisées (sic). Imprimé par C. Brown, 44 Wych Street Strand. Prix : 2 d27. Cette publication — 8 pages — qui date de 1863, avait été provoquée par l'arrestation d'une dame Potter, pour avoir fouetté une jeune fille contre sa volonté.

En comparaison avec son genre, cette brochure n'est pas mal écrite. Elle nous donne un aperçu de ce qu'étaient certains établissements de Londres et notamment le White House (maison Blanche), la Den of Mother Cummings (Repaire de la Mère Cummings), l'Élysée de Brydges Street, etc.

Voici d'ailleurs le résumé de l'affaire Potter. Elle est intéressante :

« À cette époque (en juillet 1863), sur la demande de la Société de Protection des Femmes, une perquisition fut opérée dans l'Académie, alors très en vogue, de Sarah Potter, alias Stewart, dans la Wardour Street28 et une rare collection d'accessoires et d'instruments de flagellation fut saisie et transportée au palais de justice de Westminster. C'est alors seulement que le grand public apprit que des jeunes filles étaient débauchées dans l'École de flagellation de la femme Stewart, pour être soumises à la fustigation de la part de jeunes et de vieux amateurs de ce sport particulier, au grand profit de cette honnête dame. Les spécimens les plus curieux de son stock d'instruments servant à son industrie consistaient en une échelle pliante, avec des entraves, des verges de bouleau, des balais de chiendent et d'accessoires secrets à l'usage des hommes et des femmes.

Sa méthode de procéder dans sa petite industrie était la suivante. Elle attirait des jeunes filles, les nourrissait, les logeait et les habillait et en retour elles étaient obligées de se prêter aux caprices des protecteurs de cette pension de famille d'un nouveau genre. Elles étaient fouettées de différentes façons. Quelquefois on les fixait à l'échelle : d'autres fois elles étaient pourchassées à coups de fouet par la chambre ; parfois on les couchait sur le lit. On avait recours à toutes les variations et à tous les raffinements qu'une imagination pervertie pouvait inventer, pour varier dans la mesure du possible les orgies, en retour desquelles la maîtresse de maison touchait des sommes variant entre 5 et 15 livres sterling. Les bénéfices que la Stewart tirait de cette école lui permettaient de tenir des valets et une maison de campagne, au grand scandale de la communauté. »

Ce récit est évidemment exagéré. On ne pourrait admettre que la jeune fille fût flagellée contre sa volonté, car elle avait pour habitude de fouetter des messieurs et de se soumettre elle-même à l'opération quand elle était payée en conséquence. Il est un fait certain, c'est qu'elle retourna chez Mme Potter dès que celle-ci fut relâchée de prison et habita avec elle pendant longtemps à Howland Street.

Mistress Sarah Potter, alias Stewart fut une matrone d'une certaine importance qui, à un moment donné réalisa de grosses sommes. Au cours de sa carrière accidentée elle changea très souvent de domicile.

Sous ses auspices, les flagellations étaient appliquées presque exclusivement aux messieurs quoique de temps en temps il arrivait que des jeunes filles y étaient soumises. Elle avait pour spécialité de procurer de très jeunes filles avec les parents desquelles elle prenait préalablement des arrangements pour éviter dans la suite des désagréments éventuels. Elle habillait ces enfants de costumes suggestifs et leur enseignait des tours variés, pour amuser ses clients.


26. Mysteries of Flagellation or, A History of the Secret Ceremonies of the Society of Flagellants. The Saintly Practice of the Birch! St. Francis whipped by the Devil! How to subdue the Passions by the art of Flogging! With many Curious Anecdotes of the Prevalence of this Peculiar Pastime in all Nations and Epochs, whether Savage or Civilized. Printed by C. Brown, 44 Wych Street, Strand. Price 2d.

27. 2d. vingt centimes. Sur la couverture, en tête se trouve répétée, en toute lettres cette fois, la mention : « Price Two pence ».

28. Ce fait n'est pas tout à fait exact, en ce sens que la perquisition eut lieu au no 3 de Albion Terrace, Kings Road à Chelsea, où cette dame habitait après avoir déménagé de Wardour Street.



Le Roman de la Castigation ; ou les Révélations de Miss Darcy.

« Un récit étrange mais plus que vrai. »
« Les pantalons tombent, la peau délicate apparaît / « Aussi claire que la fourrure de la plus blanche hermine. » Shenstone.

Illustré de gravures coloriées. Londres : imprimé pour les libraires29.

Belinda Darcy rend visite à son amie Dora Forester, qui l'initie aux plaisants mystères de la flagellation et lui révèle ce qui se passe à la Villa Belvédère, une maison de délassement où l'on fait un usage très étendu de la verge.

Le livre contient en outre quelques scènes diverses, telle que la description d'une pénitence dans un couvent, et une scène de flagellation domestique, etc.

Au point de vue littéraire, cet ouvrage a quelque mérite et on peut le lire avec intérêt.


29. The Romance of Chastisement; or, The Revelations of Miss Darcy. « A strange but o'er true tale. » / « Down drop the drawers, appears the dainty skin / « Fair as the furry coat of whitest ermilin. » (Shenstone.) Illustrated with Coloured Drawings. London: Printed for the Boosksellers.



Le Roman de la Castigation ou Révélations de l'école et de la chambre à coucher. Par un expert.

« Experto crede. »
« Qui, brandissant une verge se met carrément / « À défaire ses pantalons — elle tremble d'effroi — / « Ils tombent, la peau délicate apparaît / « Claire comme la fourrure de la plus blanche hermine. » (La Maîtresse d'école, par Shenstone, 187030.)

Ce livre roule principalement sur la Castigation de jeunes filles et l'auteur semble y trouver un réel plaisir. Il croit qu'une femme opérant sur elle-même ou sur quelqu'un de son propre sexe éprouve dans la même mesure du plaisir.

Dans l'exposé de ses théories l'auteur cherche à démontrer que celui qui reçoit les coups en éprouve également de la jouissance et ce, presque au même degré que celui qui inflige la correction.

Un seul passage est vraiment nouveau et pittoresque, dans lequel l'auteur affirme l'existence de derrières qui rougissent de honte, tout comme le visage.

Il cite à l'appui un cas particulier.

L'auteur de cet ouvrage avait un manuscrit qui n'a pas été publié et qui se trouve actuellement en possession d'un bibliophile de Londres. Il comprend les contes suivants : « Les Vacances de Richard », « Un plongeon dans l'Atlantique » « Le Château de Cara » et « L'Histoire de Sam31. » II y a encore huit morceaux en prose et en vers soit : « Les Leçons d'allemand », « Devait-il le faire ? » « Récits de l'école », « Le Four de la reconnaissance, ou Réminiscences rivales », « Réminiscences de Felix Easyman Esq. » — y compris « Autobiographie » et « Barnania », « l'Eton d'Antan » (comprenant l'Histoire de Kitty et l’Histoire d'Esther) etc., etc. Puis un supplément au Roman de la Castigation32.


30. The Romance of Chastisement; or Revelations of the School and Bedroom. By an Expert. « Experto Crede. » Who, brandishing the rod, doth straight begin / To lose her pants — she trembles with affright — / Adown they drop, appears the dainty skin, / Fair as the furry coat of whitest ermelin! » (The Schoolmistress, by Shenstone, 1870.)

31. Harry's Holidays. A Dip in the Atlantic; Castle Cara; Sam's Story.

32. « The German Lessons », « Did he ought to do it ? », « Tales out of School », « The Reckoning Day or Rival Recollections », «Reminiscences of Felix Easyman. Esq », « Eton of Old », etc., etc.



La Sublimité de la flagellation , en lettres de Mme Termagant Flaybum, de Birch-Grove, à lady Harriet Tickletail, de Bumfiddle-Hall. Dans lequel sont présentés le magnifique conte de la Coquette châtie (sic) en français et en anglais et Le Brosseur de derrières du pensionnat ou les Détresses de Laure. Orné d'une superbe planche33.

De voir sa majestueuse figure
Vous ferait trémousser avec plus de vigueur !
La fulgurance éclatante de chaque oeil
Soulèverait votre âme jusqu'à l'extase !
Ses fesses au-dessus de ses hanches éclatent
En rapides palpitations à chaque coup !
Avec vigueur sur le derrière joufflu
Elle enseigne aux garçons récalcitrants qui est maître à la maison.
(La Danse de Mme Birchini.)
Longtemps tourmenté, sans savoir exactement par quoi, je dévorais d'un oeil ardent, chaque belle femme ; mon imagination les rappelait sans cesse à ma mémoire, uniquement pour les dompter à ma façon et les transformer en autant de demoiselles Lambercier.
J.-J. Rousseau, Les Confessions, vol. I. Londres. Imprimé pour George Peacock34.

Ce volume contient quelques anecdotes piquantes, mais au demeurant, il peut être placé au même rang que les ouvrages médiocres de ce genre. Il présente cependant une nouveauté en ce sens que l'honneur y est mêlé. Une jeune danseuse, amante d'un riche lord, ne veut pas répondre à l'amour du fils de ce dernier, qu'elle a des scrupules de trahir, mais elle assouvit la passion du jeune homme qui l'idolâtre, en lui distribuant généreusement force coups de cravache, ce dont l'amoureux paraît ravi.


33. Sublime of Flagellation: In Letters from Lady Termagant Flaybum, of Birch-Grove, to Lady Harriet Tickletail, of Bumfiddle-Hall. In which are introduced The Beautiful Tale of La Coquette Chatie (sic), In French and English, and The Boarding-School Bumbrusher; or, the Distresses of Laura. Decorated with a Superb Print. To look at her Majestic figure, / Would make you caper with more vigour! / The lightening flashing from each eye / Would lift your soul to ecstasy! Her bubbies o'er their bound’ry broke, / Quick palpitating at each stroke! / With Vigor o'er the bouncing bum / She'd tell ungovern'd boys who rul'd at home! / (Madame Birchini's Dance.)

34. Long tormented, without knowing by what, I devoured, with an ardent eye, every fine woman; my imagination recalled them incessantly to my memory, solely to submit them to my manner, and transform them into so many Miss Lamberciers. (Rousseau, Confessions, vol I.) London: Printed for George Peacock.



Vénus Maîtresse d'école ; ou Sports du bouleau. Par R. Birch, traducteur des Mémoires de Manon. Imprimé pour Philosemus, embelli d'une jolie planche. Prix : 10 s. 6. d.35.

Cet ouvrage fut réimprimé à plusieurs reprises. C'est une oeuvre très mal écrite qui relate les aventures de Miss Birch, la fille d'une femme qui dirigeait un externat et qui ne laissait jamais passer une occasion de fesser ses élèves. Miss Birch y prend goût et en fin de compte monte à son tour une école avec une de ses amies. « Et maintenant, dit-elle, nous vivons ensemble et fouettons, comme deux petits diables aussi bien les petits garnements que les grands. » Les aventures relatées dans ce volume sont très terre à terre, à l'exception peut-être de quelques passages.

Un détail à noter : une deuxième page — faux titre — d'une édition réimprimée vers 1830 par Carmon, porte la désignation suivante : « Aphrodite flagellatrix : Sive Ludi Betulani De gustibus non est disputandum. Romae Apud Plagossum Orbilium, In viam flagrorum sub signo flagelli 1790.36 »


35. Venus School Mistress; or, Birchen Sports. By R. Birch, Translator of Manon's Memoirs. Printed for Philosemus. Embellished with a Beautiful Print. Price 10 s. 6 d.

36. Venus Flagellatrice. Il ne faut pas discuter sur les goûts. À Rome : Chez Plagosus Orbilius. Dans la rue de Flagrants, à l'Enseigne des Verges. 1790.



La Favorite de Vénus ; ou Secrets de mon Mémorandum : expliqué dans la vie d'une Dévote du Plaisir. Par Theresa Berkley. « Ciels ! Quelle sensation ! Comment puis-je décrire les plaisirs de la verge ! — Son contact magique est si enivrant — si enchanteur — si — ... »

Illustré avec de belles illustrations. Londres : Imprimé et publié par J. Sudbury, 252, High-Holborn37.

Ce livre traite des amours d'un garçon livreur qui va porter aux clients les marchandises achetées dans la boutique de son père. Mais comme cette clientèle se compose presque uniquement de femmes entretenues et de prostituées, les épisodes sont d'une nature quelque peu triviale et l'ouvrage en lui-même est très terre-à-terre, sans grande valeur littéraire.


37. The Favourite of Venus; or, Secrets of my Note-Book: Explained in the Life of a Votary of Pleasure. By Theresa Berkley. « Heavens ! what a sensation ! how can I describe the pleasures of the rod! — it’s magic touch is so enthralling — so enchanting — so... » Illustrated with Fine Engravings. London: Printed and published by J. Sudbury, 252 High Holborn.



Les Camarades d'École ; ou Guide des Jeunes Filles en Amour, En une série de lettres. Y compris quelques anecdotes curieuses sur la Flagellation. Auxquelles on a ajouté, la singulière et divertissante Histoire de la Vie et de la Mort d'un Godemiche, enrichie de fines gravures. Première partie. Londres ; imprimé par John Jones, Whitefriars38.

En neuf lettres Cécile et Émilie rappellent l'une à l'autre les moments qu'elles ont passés ensemble à l'école et retracent les aventures amoureuses qu'elles ont eues depuis leur séparation. Ces lettres roulent principalement sur la masturbation et la flagellation. Le style est très pauvre, les expressions triviales et le sujet dépourvu d'intérêt.


38. The School-Fellows; or, Young Ladies Guide to Love. In a Series of Letters. Including some Curious Anecdotes of Flagellation. To which is added, The Singular and Diverting History of The Life and Death of a Godemiche. Enriched with Fine Engravings. Part the First. London; Printed by John Jones, Whitefriars.



La Nuit de noces ; ou Batailles de Venus, une révélation voluptueuse, formant la vie intéressante d'une courtisane de qualité, forcée par le besoin à Prostituer son Corps pour de l'Or ; elle est prise en garde par différentes Personnes Riches et Pieuses et devient fameuse par ses méthodes Artistiques et Licencieuses de ranimer les instincts animals, de faire renaître l'énergie décroissante avec l'âge, et pour rendre à la Torche qui s'éteint une nouvelle Lumière. Dans cet ouvrage on trouvera quelques curieuses Anecdotes sur la Flagellation et sur d'autres succédanés pratiqués en cette science méritoire sur les Vieux et les Jeunes. Le tout formant la narration (sic) la plus intéressante d'intrigues et de débauche qui ait jamais été offerte au public ! ! !39

« Avec quels délices n'entends-je point tes transports, ô Amour
« Tant de douceur ravit mon oreille aux écoutes ;
« Avec toi je veux parcourir cette plaine délicieuse
« Et tu devras céder à mes tendres étreintes ! ! ! »

Illustré de curieuses gravures. J. Turner, 50 Holywell Street. Prix 3 s. 6 d.

Le titre de cet ouvrage n'a absolument rien de commun avec son contenu. Il n’est pas question du tout d’une nuit de noces, pas même en passant. Le livre n'est nullement obscène. Il retrace la vie d'une jeune fille de tempérament ardent que les instincts sensuels, les revers de ses parents et d'autres circonstances jettent dans les bras d'un homme de position qui l'entretient, mais qu'elle ne parvient pas à aimer. Elle change d'amant, mais ne trouve le bonheur qu'auprès d'un jeune homme pauvre qui, mourant bientôt, la laisse de nouveau seule.

Elle mène une existence aventureuse, fait le trottoir, et parvient, au moyen de ses économies, à monter une maison hospitalière, où les vieux messieurs trouvent tout ce qu'il leur faut. Ayant amassé un magot, elle se retire à la campagne où elle mène la vie d'une veuve d'officier colonial, finit par se marier avec un gentilhomme campagnard qui la trompe et s'enfuit en Jamaïque avec la jeune servante. L'épouse trompée se voue au bien et ferme les yeux de son mari repentant auquel elle a pardonné à son retour.


39. The Wedding Night; or, Battles of Venus, a Voluptuous Disclosure, being the Interesting Life of a courtezan of quality, compelled by necessity to Prostitute her Person for Gold; etc., etc... In this work will be found some curious Anecdotes of Flagellation, and of other strange succedaneums practiced in the meretricious science upon old and young. etc., etc. Illustrated with curious Engravings. J. Turner, 50, Holywell Street. Price 3 s. 6 d.



The Cabinet of Fancy, or Bon Ton of the day; A Whimsical, Comical, Friendly, Agreeable Composition; Intended to please All, and offend None; suitable to amuse Morning, Noon, and Night, writte (sic) and compiled by Timothy Tickle-Pitcher.

With songs and strange extravagancies
He tries to tickle all your fancies. [Notre édition indique "She tries..."]

London: Printed for J. Mc. Laen, Ship-Alley, Wellclose-Square; T. Sudbury, N° 16, Tooley-Street, Borough; and sold by all the Booksellers in Town and Country. MDCCXC.




The Charm, The Night School, The Beautiful Jewess and The Butcher's Daughter . All Rights reserved. Brussels, 1874, at 8 frcs., by Hartcupp & Co. (Le Charme, L’École de Nuit, La Belle Juive, La Fille du Boucher.)

Tous Droits réservés, in-12. À Bruxelles chez Hartcupp et Cie. 1874. 8 fr.




Jupes troussées , par E. D. Auteur de La Comtesse de Lesbos. Londres, 1899, 1 vol. in-12.

Voici 180 pages superbement érotiques. Un avant-propos donne au lecteur — qui doit s'armer de patience... et de courage pour avaler le récit entier — toutes explications sur le but poursuivi dans cette publication.

« Un bibliophile français de mes amis — y est-il dit — chercheur érudit et infatigable, a réuni une collection d'anecdotes sur la flagellation à diverses époques, collection que nous avons à notre disposition, jointe à ses souvenirs personnels. Nous donnons ici une partie de ses souvenirs, et à la suite quelques extraits de sa collection, pour ne pas grossir démesurément le volume. »

Qui s'en plaindrait ? Personne. Le lecteur, puisqu'il y a lecteurs pour ce genre de littérature, ne verrait aucun inconvénient à quelques pages de plus. D'autre part, le chercheur, qui voit là matière à dissertation — voire à philosophie — ne demande qu'à recueillir le plus possible. D'ailleurs la préface de Jupes troussées nous fait espérer une suite. Voyez plutôt :

« Si la présente publication obtient auprès de nos lecteurs le succès que nous sommes en droit d'en espérer, je m'empresserai de publier la suite de la collection, qui pour ma part, m'a vivement intéressé par le charme du récit, et par le piquant des descriptions des jolies scènes qui s'y déroulent, et qu'on sent prises sur le vif. C'est comme le panorama de la discipline, de la fin du siècle dernier à nos jours. »

Que voilà belles promesses. Et allez donc. Dix chapitres s'offrent au lecteur qui peut y puiser maints enseignements, peut-être aussi répulsion et dégoût !

Et maintenant, voulez-vous quelques extraits de ce livre ? En voici le prologue, l'entrée en matière, le frontispice en quelque sorte. « Comment je devins professeur d'anglais, dans le pensionnat que dirigeait Mme Tannecuir » — pourquoi toujours ces noms appropriés au sujet ? — « dans une des plus grandes villes de France, cela importe peu à ce récit. Il suffit de savoir qu'un mois après mon installation dans l'établissement, j'avais acquis un autre titre auprès de la maîtresse, qui était devenue doublement la mienne. Après un siège assez court et bien mené, la place s'était rendue à discrétion. »

Voilà qui promet. Cependant le style est doux, tout doux, trop doux pour ce genre d'ouvrage, mais n'ayez crainte, dès la seconde page l'auteur se rattrape. Un portrait de ladite directrice « fouillé jusqu'aux moindres détails » ; une description du pensionnat, et les verges entrent en danse.

Des verges, encore des verges, toujours des verges. C'est tantôt une méchante écolière, qui a battu une de ses petites compagnes, qui est conduite dans la salle de discipline. « C'est une mignonne petite blonde de treize ans, déjà grassouillette, deux yeux très tendres, figure douce. Elle rougit, tremble de honte. On l'assoit sur les genoux de la directrice, et flic, flac, » etc., etc., cliché connu.

Et d'une.

Autre scène :

Cette fois « c'est Eliane de P. qui a un caractère indomptable ; toutes les réprimandes qu'on lui adresse sont sans effet sur elle. Et la voilà qui crache à la figure d'une sous-maîtresse.

Eliane est une superbe créature, beauté troublante, dix-huit ans, svelte, bien cambrée, beaux dessous, belles chairs... Toute la lyre, quoi.

Et de nouveau voilà un postérieur qui rougit, car Mme Tannecuir a pris sur une table une longue verge souple et élastique, et l'applique sur le beau postérieur, d'abord sans trop de sévérité, rosant à peine le satin, pour préparer la peau à un plus rude châtiment. Quand la croupe a pris une teinte plus colorée, réchauffée par les légères atteintes, Mme Tannecuir, jugeant que la préparation est ainsi suffisante, accentue la force de ses coups, qui rougissent la surface cinglée.

Et de deux.

Vous croyez que c'est terminé. Patience, il n'y a encore que deux chapitres de passés.

Une fustigation par chapitre ce n'est point trop. Il est vrai qu'ils sont singulièrement allongés par les scènes intimes qui se passent entre la directrice et le professeur d'anglais. Vous savez, la flagellation c'est un puissant aphrodisiaque... Demandez plutôt à Mme Tannecuir, ou non lisez les chapitres suivants. Vous y trouverez que le professeur d'anglais ne peut suffire à éteindre les feux de cette extraordinaire directrice qui s'adresse à des personnes de son sexe.

En tout bien, tout honneur ; c'est sans témoins : malheureusement, ce satané professeur d'anglais qui est partout et voit tout, s'aperçoit d'un spectacle charmant qui se passe tout près de sa cachette, et est assez peu galant pour troubler ces... ces... comment dirai-je... ces... débats.

Et voilà une scène du plus haut érotisme qui termine l'histoire.

Déjà ? Oui, et il y en a dix chapitres !

Il est vrai que je ne vous ai pas donné tous les détails des corrections infligées à Mlle Héloïse de R..., « un joli tendron de dix-sept ans aux cheveux blond cendré, aux doux yeux de gazelle, dont la candeur angélique ne laissait pas soupçonner que la mignonne était la plus indisciplinée des pensionnaires », ni à Rosine de B..., « une belle brune, au teint lilial, de seize ans, la taille parfaite, entre les deux, développée pour son âge » ; des charmes ! des charmes mystérieux ! ni à « la tendre Victoire, blondinette de treize ans qui va recevoir une fessée pour la guérir de sa paresse habituelle », ni à la blonde sous-maîtresse elle-même, « qui prend un grand plaisir à voir donner le fouet ».

Je ne vous ai pas parlé non plus de ce qui se passait pendant ces corrections où l'on bandait les yeux aux victimes pendant que le professeur d'anglais et Mlle Tannecuir... mais j'allais en dire trop long. Lisez l'ouvrage, il en vaut la peine.

D'ailleurs, cette très véridique histoire est suivie de La Discipline au Couvent, à l'abbaye de Thétien 1780-1788. « Extraits des mémoires du R.-P. Chapelain — je copie exactement — de l'abbaye de Thétien, copiés textuellement sur les souvenirs écrits de sa main, trouvés dans son secrétaire après sa mort.

Et ainsi commencent ces extraits :

« Deux tendres novices embéguinées depuis six mois, soeur Véronique et soeur Gudule, la première, une mignonne blonde de dix-neuf ans, la seconde, une belle brune de vingt ans, ont fait un accroc à leur robe d'innocence. »

Figurez-vous qu'on les a trouvées dans la même couche, égrenant un chapelet qui n'était pas leur chapelet habituel.

Et pour punir un crime à ce point atroce, voilà la mère abbesse — la sainte femme ! — qui fouette vigoureusement les deux coupables, sous les yeux ébahis et fort satisfaits du Père Prieur.

Flic, Flac, et flic et flac, et voilà quatre chapitres sur le même sujet.

Inutile de dire qu'on fouette d'abord une soeur Radogune, « une superbe professe de trente ans — bigre ! — plantureuse brune, aux rondeurs opulentes, » ou bien c'est « une tendre novice, qui s'offre toute rouge de honte, avec un délicieux corps de vierge blonde, grassouillette, dodue, aimablement (?) potelée », et encore Hélène de Belvèlize, une mignonne petite blonde potelée, qui a eu dix-sept ans aux dernières cerises, toute ronde, replète, bien garnie partout ; une belle chevelure blonde encadre son front virginal — (encore! elle aussi) — tordue ordinairement en deux longues tresses, dont les pointes nouées d'une faveur bleue, lui battent les ... jambes ; mais les tresses sont défaites et les cheveux épars sur les épaules tombent dans le dos : deux grands yeux bleus limpides et languissants, fendus comme une longue amande, sont ombragés par des franges dorées de cils longs et soyeux, surmontés d'épais sourcils plus foncés, qui se rejoignent au-dessus d'un nez pur et délicat, dont les ailes transparentes palpitent, au-dessus d'une toute petite bouche, fendue dans une cerise ».

Clic, clac, et clic et clac.

Et soeur Sévère, et soeur Hache-Cuir (!) s'en donnent à coeur que veux-tu.

Voici venir « Yolande de Beaupertuis, une superbe fille, à qui on donnerait plutôt dix-huit ans que seize sous une opulente chevelure noire, un teint mat de la blancheur des lis, fait ressortir ses épais sourcils d'ébène, et les longs cils soyeux, qui descendent sur deux grands yeux noirs veloutés mais hautains dont l'éclat n'est pas fait pour atténuer l'orgueil qu'elle porte dans ses traits. Une petite bouche aux lèvres rouges, sensuelles complète cette belle figure de Diane chasseresse. »

Et en route pour cent coups de martinets administrés sous la compétente direction du Père Prieur, qui moralise à sa façon.

Un point, c'est tout.

Suivent deux pièces de vers, intitulées La Discipline au couvent (1830).

Et l'auteur avoue modestement que ces deux pièces, extraites des souvenirs rimés de l'aumônier du couvent des Lorettes de L. vers 1830, sont tout simplement le chef-d'oeuvre du genre.

Jugez-en un peu par ces extraits :


Dans l'oratoire on vient de traîner Lise,

Beau tendron de quinze ans, que le fouet va punir

D'un gros péché de gourmandise

Deux nonnains s'en viennent tenir

La belle qui résiste,

Tandis que soeur Agnès, qu'assiste,

La plantureuse soeur Tourment,

La trousse pour le châtiment.


Ouf ! Et d'un. Point ne se termine là ce chef-d'oeuvre. Oyez encore :


Pendant que gémit la pauvre fille,

Redoublant d'ardeur, la nonnain

La fustige et la catéchise :

« Flic, flac, eh bien, est-ce aussi bon,

Que le péché de gourmandise

Qui vous valut cette fessée, ô Lise ?

« Flic, flac, et ceci donc ?

« C'est encore meilleur, je l'espère

« Tantôt notre bon père,

« En guise de bonjour,

« Vous dira deux mots à son tour

« Flic, flac, ah ! vous sentez la chose !


Flic, flac, ô poésie, voilà de tes coups ! Voici la fin de la première poésie :


Je l'entraîne dans ma cellule,

Et là dans l'ombre et le secret,

Je confesse à loisir la chaude pénitente,

Encore toute palpitante...

Mais là-dessus soyons discret.


Soyons discret ! Après dix pages de versification érotique ! Dieu grand, il était temps !

Enfin le volume se termine par une séance au Club des Flagellants, traduction d'une lettre écrite par un certain John Seller qui a assisté, déguisé en femme à cette séance.

Peu intéressante cette lettre.

Beaucoup d'obscénités. Pas le moindre effort littéraire.

Je n'en parlerai donc pas.




Les Callipyges ou Les Délices de la Verge, par E. D. Paris. Aux dépens de la Compagnie, 1892, 2 volumes. C'est là le compte rendu de conférences qui auraient été faites aux séances d'un comité formé de dix charmantes femmes, aux formes opulentes, qui s'étaient donné le titre bien approprié de « Callipyges ».

L'ouvrage est donc divisé en chapitres différents pour chaque conférence. Nous les passerons rapidement en revue.

Voici d'abord une Conférence sur l’Utilité et l'Agrément de la verge. La conférencière parle des causes qui font donner le fouet dans les pensionnats, puis du but poursuivi en cela. Ici nous citons : le passage en vaut la peine.

« Pour nous, et pour vous aussi, mesdames, qui m'avez fait l'honneur de me demander mon avis franc et sincère, il y a un double but, que résume admirablement ce proverbe latin : utile dulci, mêler l'utile à l'agréable. »

On n'est pas plus franc, en effet.

Après le but, voilà les moyens : ils sont nombreux, et... accompagnés d'exemples.

Passons. Suit une conférence sur le pantalon, « ce recéleur charmant des plus riches et des plus aimables trésors ».

Hum ! hum !

Mrs Flog va nous dire ce qu'elle pense de la Pudeur et de la Confusion. Voilà qui, placé dans une telle bouche, promet d'être intéressant. Elle commence ainsi :

« Un des plus séduisants attraits de la flagellation, c’est sans contredit la confusion qui empourpre les joues d'une pudique jeune fille, à la seule pensée qu'elle va montrer son postérieur nu. »

Cette confusion n'a rien qui nous étonne, mais que ce soit là un attrait séduisant ?...

À l'appui de ces dires, Mrs Flog organise une conférence expérimentale, tenue chez elle, et soyez certains que les expériences sont poussées dans leurs détails les plus extrêmes. La cruauté et la luxure s'y sont donné rendez-vous ; mais en somme, ce n'est qu'un roman.

La fin du premier volume contient quelques observations du plus haut intérêt, mais comme elles sont enjolivées (?) de scènes plus ou moins... odieuses, nous regrettons de ne pouvoir citer que les titres des chapitres, savoir :

Conférence expérimentale, tenue chez Mrs Flog.

Five O'Clock chez Lady Fine (conférence anecdotique).

Conférence sur les diverses manières de fouetter.

Conférence anecdotique chez Lady Richbut.

Enfin : Conférence expérimentale tenue chez Mrs S. Tear, et nous passons au second volume.

En voici les principaux chapitres :

Sur les pratiques voluptueuses pendant la flagellation.

Sur la sévérité dans le châtiment.

Sur la discipline dans la famille.

Sur la discipline entre amies.

Le tout semé d'anecdotes et de conférences expérimentales.

II est fâcheux que l’auteur de ce volume ne l'ait pas écrit en termes plus modérés et plus... littéraires. L'ouvrage y eût gagné. Que ne soigne-t-on pas davantage l'impression. Nous relevons dans notre lecture une moyenne de trois ou quatre fautes par page !




Mémoires d'une procureuse anglaise, faisant suite à l'ouvrage Fillettes et Gentlemen. Paris. À la librairie de Cupidon, 1891.

Un affreux petit ouvrage, où les fautes abondent ; mal imprimé. Quelques scènes de flagellation sans importance, où, seule, la note érotique est cherchée.




Étude sur la flagellation à travers le monde, aux points de vue historique, médical, religieux, domestique et conjugal, avec un exposé documentaire de la flagellation dans les écoles anglaises et les prisons militaires. Dissertation documentée basée en partie sur les principaux ouvrages de la littérature anglaise en matière de flagellation et contenant un grand nombre de faits absolument inédits avec de nombreuses annotations et des commentaires originaux. Paris, 1899, 1 vol. in-8o tiré à 500 exemplaires sur papier de Hollande.

Préface à « l'Étude sur la flagellation ». En publiant cette étude, nous avons voulu franchement rompre en visière avec un préjugé suranné qui veut que certains sujets d'une nature parfois — mais pas toujours — scabreuse soient systématiquement exclus de la discussion. LA FLAGELLATION, dont l'origine remonte aux époques les plus éloignées est un de ces thèmes que l'on s'est plu à classer dans la catégorie des questions délicates que l'on doit aborder qu'avec la plus extrême réserve. Notre but n'est pas d'imprimer aux idées de nos lecteurs une direction bien déterminée dans un sens ou dans un autre ; de porter aux nues, grâce à une surexcitation pernicieuse des sens, cette antique institution qui, de nos jours, quoi qu'on en dise, n'en subsiste pas moins sous une forme identique au fond mais modifiée dans les détails de son exécution ; nous nous bornons à soumettre au public un exposé aussi complet que possible, un recueil très consciencieux de toutes les théories émises sur ce sujet, une collection de faits s'y rattachant, sans commentaires, tels qu'ils nous sont transmis par d'antiques chroniques et de plus récentes études. À nos lecteurs d'en tirer la conclusion qui leur plaira. Déviant cependant du point de vue essentiellement documentaire auquel nous nous plaçons en ce qui concerne strictement la publication de cet ouvrage, nous croyons tout de même pouvoir émettre un avis tout à fait personnel, qui peut se résumer en quelques mots : « La flagellation n'est, en somme, qu'un moyen comme un autre de provoquer une surexcitation des sens, que l'on a employé de tous temps plutôt dans ce but réel que dans un autre et qui a constitué, comme il le constitue encore aujourd'hui, un moyen détourné de faire naître chez les émoussés des désirs et des jouissances qui doivent fatalement amener un assouvissement d'appétits charnels. Le fanatisme religieux, les pénitences ascétiques et tous les autres prétextes qui ont servi de couverture à cette pratique n'ont dû avoir cependant qu'un résultat unique qu'il conviendrait plutôt de considérer et d'analyser au point de vue médical. »

Ce recueil, qui contient un certain nombre de faits et de relations entièrement inédits, intéressera certainement le lecteur à quelque classe qu'il appartienne : la lecture de cette étude produira sur lui, selon son tempérament ou ses principes, des impressions bien diverses : il pourra y puiser de l'étonnement ; il pourra aussi s'en délecter, comme également il n'y trouvera peut-être qu'une amusante distraction, peut-être même éprouvera-t-il un certain dégoût. Mais ce dernier cas se produirait-il, que nous ne saurions nous en plaindre, parce que nous aurions au moins réussi à faire prendre par ce lecteur-là, en légitime horreur cette manie qui n'a pu éclore et n'éclot encore qu'en des cerveaux maladifs.

Nous n'éprouvons aucun embarras pour déclarer ici franchement que nous considérons la flagellation comme une des passions vicieuses inhérentes au genre humain. À ce titre, nous croyons le sujet digne d'attirer toute notre attention, et nous sommes persuadés que son analyse et sa discussion s'imposent. Au grand public de s'ériger en juge de nos efforts, qui ne s'appuient certainement pas sur une pudibonderie déplacée. Nous pouvons, en effet, avec une légère variante faire nôtre, en la circonstance, un adage latin : « Castigat scribendo mores. »

En présence des lois de la nature, lois que certainement l'homme n'a pas inspirées, nos préjugés surannés, nos vertus hypocrites s'évanouissent comme fumée : la réalité, la vérité nous apparaît nue, entièrement nue, et quand nous cherchons à la travestir nous commettons tout simplement un crime de lèse-nature : ce n'est plus la vérité, ce n'est plus la réalité dès qu'on l'affuble des oripeaux de nos conventions stupides qui permettent bien de penser en toute liberté de conscience, mais n'admettent pas que cette liberté se traduise franchement et sans ambages, nous mettant ainsi dans l'obligation de vivre en un perpétuel mensonge à l'égard de nous-mêmes. On nous a enseigné que le mariage, c'est-à-dire l'accouplement des deux sexes en vue de perpétuer la race humaine, tel qu'il nous est imposé par les lois, est le seul et unique système de copulation logique et légitime, l'idéal de l'hyménée, et que tous les autres systèmes, c'est-à-dire les rapports sexuels basés sur des principes différents, sont illicites et criminels et comportent forcément la damnation.

Cette théorie est identique à celles qui règlent toutes les religions : elle est trop consolante, trop idéale, pour répondre à la réalité des faits, car elle implique la bonté excessive et la vertu, ainsi que l'abnégation à toute épreuve chez les deux sexes. Malheureusement l'homme, tout comme la femme, et cette dernière peut-être à un bien plus haut degré, sont dominés, subjugués par des passions qui ne sauraient obéir aux lois humaines, parce qu'elles subissent l'impulsion de la nature, souveraine maîtresse en ces sortes de choses.

Et ce sont précisément ces passions qui font naître en nous ces manies baroques, ces extravagances voluptueuses qui provoquent, de la part de notre pudibonderie de convention, les hauts cris que l'on pousse quand, par hasard, il se trouve quelqu'un qui s'attaque à la matière et entreprend de la disséquer et de l'analyser au point de vue psychologique.

De toutes les passions, la luxure est précisément celle qui s'impose le plus tyranniquement au genre humain : La flagellation, — et c'est un fait indéniablement établi, — est un des agents les plus actifs de cette luxure innée, à laquelle la chasteté la plus stricte n'échappe que très rarement.

L'homme a de tous temps cherché et trouvé dans la souffrance et dans l'infliction de douleurs corporelles une âpre jouissance ; il n'a pas seulement puisé d'étranges sensations dans son propre martyre, mais il a aussi joui d'étrange, de cynique, et, disons-le, de révoltante façon des tortures infligées à son semblable.

Dans les Chants de Maldoror (Paris et Bruxelles, « Chez tous les libraires, » 1874, in-18) nous cueillons ce passage qui le dit bien :

« ... Tu auras fait le mal à un être humain et tu seras aimé du même être : c'est le bonheur le plus grand que l'on puisse concevoir. »

Il serait oiseux, dans cette préface, de refaire en abrégé l'historique de la Flagellation qui se développe avec toute l'ampleur que comporte le sujet dans le volume que nous présentons à nos lecteurs.

Notre rôle se borne ici à expliquer le but que nous poursuivons en publiant cet ouvrage. Nous voulons propager, dans la mesure du possible, la connaissance approfondie d'une passion humaine qui se présente sous des aspects tellement divers et revêt des formes si variées qu'elle offre un champ d'études très vaste. On pourra puiser dans notre Étude sur la Flagellation maints enseignements, en tirer maintes moralités et se faire une idée exacte des différentes anomalies de la nature humaine dans ses vices, au point de vue des jouissances toutes charnelles, qui n'empiètent en rien sur le domaine intellectuel et moral. On ne saurait en effet, taxer l'âme de tares qui n'affectent que la vile enveloppe humaine, le corps, et constituent, tout aussi bien que d'autres défauts constitutionnels, des aberrations physiques, c'est-à-dire un état maladif latent, dont, en somme, elles procèdent.

Cet ouvrage était accompagné de sept eaux-fortes représentants des scènes de flagellation.

Ces illustrations, d'un caractère artistique indéniable, ont été poursuivies et détruites par le Parquet, sur la dénonciation et à la requête d'une Société anglaise. Toute la presse parisienne a été unanime à flétrir ces poursuites. Nous donnons quelques extraits des principaux journaux qui se sont élevés avec indignation contre les procédés employés en cette occurrence :

Du Radical, 7 juillet 1899, sous le titre : Les dessins de la Flagellation.

La neuvième chambre correctionnelle a condamné hier, à 200 francs d'amende, pour outrage aux bonnes moeurs, M. Carrington, éditeur, à raison de divers dessins qui accompagnent l'Histoire de la flagellation à travers les âges, ouvrage publié par sa maison.

C'était Me Albert Meurgé qui assistait le prévenu. Il a fait remarquer, non sans ironie, que ce fut la plainte d'une Société anglaise, la « National Vigilance Association » qui mit en mouvement le parquet français. Et il a ajouté, aux rires de l'auditoire, que ce qui avait offensé cette vertueuse Société, c'était une publication antérieure de M. Carrington, les Les Dessous de la pudibonderie anglaise, où l'hypocrisie de ces messieurs d'Outre-Manche se peut voir à nu.

Des Droits de l'Homme, 7 juillet 1899, sous le titre : Pudibonderie anglo-française.

M. Carrington, éditeur à Paris, a publié un ouvrage intitulé l’Histoire de la flagellation au point de vue médical, historique et religieux.

À la suite d'une dénonciation d'une société de puritains anglais la « National Vigilance Association », le parquet a trouvé que les gravures de l’Histoire de la flagellation étaient obscènes et M. Carrington a comparu devant la neuvième chambre du tribunal correctionnel.

Me Meurgé assiste le prévenu.

C'est bien ce qu'on peut appeler l'internationalisme de la répression, le parquet parisien s'étant mis à la remorque d'une société anglaise.

M. Carrington avait publié récemment un livre intitulé les Dessous de la pudibonderie anglaise. Cette publication ne doit pas être étrangère aux représailles de la présente poursuite.

Malgré les efforts de Me Meurgé, M. Carrington a été condamné à 200 cents francs d'amende.

Du Petit Bleu, 6 juillet 1899, sous le titre : Pudeur Anglaise :

M. Carrington, a publié en France un ouvrage qui a pour titre : la Flagellation à travers l'histoire. M. Carrington a raconté les fustigations légendaires dont certains personnages historiques furent les héros ou les victimes : telle, la rivale de la duchesse du Barry, flagellée sur l'ordre de la favorite par « quatre robustes chambrières » ; tel le chevalier de Boufflers à qui une épigramme irrévérencieuse valut une correction de même nature.

M. Carrington a fait suivre ses récits de certaines eaux-fortes, dans le goût des dessins du XVIIIe siècle, ayant un caractère artistique incontestable, mais ayant aussi, paraît-il, un caractère obscène.

Qui s'en est plaint ? Personne en France. Mais notre « Ligue contre la licence des rues » a été mise en mouvement par une société analogue qui, vigilante et inexorable, fait bonne garde autour de la pudique Albion.

M. Carrington ayant vendu des exemplaires de son livre en Angleterre, la « National Vigilance Association », ayant son siège à Londres, a demandé à M. le sénateur Bérenger de faire poursuivre la répression de l'outrage aux bonnes moeurs commis par l'auteur.

Le président de la ligue française a transmis la plainte au parquet qui a déféré M. Carrington au tribunal correctionnel.

M. le substitut Rambaud, avec cette largeur d'idées et cette finesse d'esprit qu'on lui connaît, a soutenu la prévention avec austérité mais sans passion.

Me Meurgé a défendu le prévenu, qui déclarait que ses compatriotes avaient voulu se venger de la publication qu'il a faite d'un livre intitulé la Pudibonderie anglaise.

M. Carrington a été condamné à 200 francs d'amende.

Le tribunal a ordonné, en outre, la destruction des objets saisis.

Pauvres eaux-fortes galantes !

De l'Intransigeant, 8 juillet 1899, sous le titre : La flagellation en correctionnelle :

Fichtre ! on ne s'est pas ennuyé, hier, à la neuvième chambre correctionnelle !

M. Carrington, éditeur à Paris, a publié un ouvrage intitulé : « l'Histoire de la flagellation aux points de vue médical, historique et religieux.

Or, ledit ouvrage est illustré de nombreuses planches, lesquelles on le devine ne manquent pas d'un certain... intérêt.

Tant et si bien que la pudeur anglaise s'est émue, mais émue au point que la « National Vigilance Association » a fait un appel désespéré à la pudeur française, en la personne de son père et vigilant gardien, M. Bérenger ; et c'est ainsi que M. Carrington se trouve assis en police correctionnelle en compagnie de ses bouquins.

Voilà-t-il pas Me Meurgé qui, dans sa malice, s'avise de vouloir prouver que, chaque jour, le parquet laisse en vente de pires horreurs ! Et alors non, je ne peux pas vous dire tout ce qui défila devant les yeux du tribunal !

Ah ! sapristi, c'est un joyeux métier que celui de juges !...

Mais, enfin, les fautes des uns n'innocentent pas les autres et M. Carrington n'en a pas moins attrapé 200 cents francs d'amende. Allez donc faire de l’art, après ça !...

Du Rappel, 8 juillet 1899, sous le litre : une Morale d'exportation.

C'est de nos voisins qu'il s'agit.

Nous avons la bonne fortune de posséder une Société qui nous sauve, paraît-il, de la pluie de feu qui détruisait les villes maudites. Ils en ont une en Angleterre ! et terrible ! auprès de laquelle notre « Bérengère » paraît toute de mansuétude et de tolérance. De très hauts personnages composent le comité de cette National Vigilance Association dont Sa Grâce le duc de Westminster est le président.

Nationale, dit le titre. C'est Internationale qu'il faut lire.

Notre ami Blondeau vous a conté hier le procès fait à un éditeur de Paris, M. Carrington, sur la plainte de cette Société.

L'éditeur a été condamné ; il s'agissait d'une publication en langue française. Il est étrange que le parquet ait cru devoir poursuivre sur la plainte d'une association étrangère.

La Vigilance Association a donc des attributions plus étendues que la nôtre, tellement étendues que son action s'exerce surtout, vous vous en doutez un peu, contre les productions littéraires du continent : Sapho de Daudet ; les nouvelles de Maupassant ; les romans de Zola ; la Vie de Bohème de Murger, etc., ont encouru ses foudres et la justice anglaise a poursuivi et condamné les traducteurs et les éditeurs de ces ouvrages.

Faut-il ajouter à cette liste Boccace et Rabelais et la Reine de Navarre ? Ceux-là aussi furent proscrits.

Ne rions pas ! La Vigilance Association a fait des victimes. Un éditeur estimé de l'autre côté du détroit, M. Vizetelly, dont le catalogue semblait le livre d'or de nos gloires tant il avait pris à coeur de répandre les noms des meilleurs écrivains français, cet éditeur, dis-je, un vieillard de soixante-dix-huit ans poursuivi à la requête des Vigilants pour avoir traduit et publié l’Assommoir d'Émile Zola, fut condamné à dix-huit mois de hard-labour. Il mourut en prison.

Mais, direz-vous, ces poursuites témoignent d'un état morbide de la pensée : toutefois, comme elles sont dirigées contre les traductions en langue anglaise et des éditions faites en Angleterre, nous perdons tout droit de protester, du moins dans une certaine mesure. Cela est évident, mais puisque les pères la pudeur de Londres viennent chez nous, cela devient plus grave.

Qu'a donc publié d'horrible M. Carrington ? Une Étude sur la Flagellation au point de vue historique et médical, livre tiré sur grand papier, à petit nombre, pour des souscripteurs, et accompagné de gravures représentant des scènes historiques de flagellation. Dans ces gravures, sans qu'il soit possible d'y découvrir la moindre pensée obscène, les personnages fouettés sont représentés vêtus, n'ayant de découvert que la partie du corps flagellée.

Le délicieux Willette, dans un numéro récent du Courrier Français ne représentait-il pas plus crûment encore et sans que personne pût songer à s'en offenser une scène de ce genre : une horrible scène de flagellation d'une jeune fille... en pays de langue anglaise ? Dans sa spirituelle plaidoirie, Me Meurgé, a fait bonne justice des allégations du parquet. Il a d'ailleurs découvert le véritable mobile non des poursuites engagées mais de la plainte : M. Carrington, sujet anglais, a publié dernièrement les Dessous de la Pudibonderie anglaise. Tout s'explique ! L'accès de pudicité est une petite vengeance.

Malheureusement pour la Vigilance Association, il ne s'agissait pas dans l'espèce d'une officine pornographique, mais d'une librairie d'art et de sciences, de l'éditeur des traductions anglaises du Cabinet secret de l'Histoire du docteur Cabanès (également poursuivies) d'un ouvrage de Tarnowsky professeur de l'Académie impériale de Russie, l'un des plus célèbres psychologues de notre temps et d'autres livres luxueux et précieux.

Je m'empresse d'ajouter que de courageux et nobles esprits n'ont, en Angleterre même, jamais cessé de lutter contre les agissements de cette pudibonde Société, et j'ai sous les yeux l'admirable plaidoyer que rédigea pour Vizetelly, Robert Buchanan, l'un des maîtres de la littérature anglaise.

Et pour qu'on sache bien à quels esprits nous avons affaire, citons ce dernier trait. Il montrera leur discernement, leur science et leur goût et leur aptitude à mettre sur le même plan quelques ordures indiscutablement ordures et d'admirables oeuvres.

Richard Burton, le célèbre voyageur anglais et le merveilleux traducteur des Mille et une Nuits, le premier Européen qui, après Burckhardt, put pénétrer jusqu'à la Mecque, avait recueilli au cours de ses voyages incessants à travers toute l'Asie, un nombre considérable de manuscrits précieux, uniques. Ces manuscrits orientaux formaient une collection que les savants auxquels il fut donné de les parcourir déclaraient inestimable. Ils étaient destinés à jeter un nouveau jour sur une foule de questions littéraires, scientifiques et historiques et des experts consultés les avaient estimés, pour leur seule valeur artistique, à la somme de vingt-cinq mille francs ! Ce dernier détail, peu important en soi, a cependant quelque intérêt.

Or, — je n'invente pas, je cite — dans son IIe rapport (1896) la National Vigilance Association annonçait à ses membres qu'elle avait reçu des mains de la veuve de Richard Burton cette collection précieuse et qu'elle l'avait détruite.

Ami John Bull ! Vous qui lisez si bien la Bible, consultez un peu l'évangile et, si la paille française vous ennuie, songez à la poutre britannique.

La place nous manque pour donner les extraits de tous les journaux qui se sont occupés de cette affaire.

Nous citerons encore :

Le Temps, le Journal, le Journal du Peuple, la Presse, le XIXe siècle, la Petite République et nombre de journaux anglais : Daily Telegraph, Daily Chronicle, Daily Messenger, Reynolds Newspaper, etc. etc., etc.




Mémoires d'une danseuse russe, par E. D., auteur de Défilé de fesses nues. Paris, Sous les Galeries du Palais-Royal, 1892, 3 volumes in-18° (Une édition possède des gravures).

L'ouvrage est divisé en trois parties :

1° Mon enfance chez un boyard ;

2° Chez la modiste à Moscou ;

3° À l'académie impériale de Danse.

Voici quelques extraits de l'avant-propos :

« Je liai connaissance à Paris, pendant l'Exposition de 78, avec une danseuse russe, qui faisait partie d'un corps de ballet en représentation dans un théâtre du Trocadéro. Mariska — c'est le nom que nous donnerons à la danseuse qui l'a pris pour signer ses mémoires — avait trente-huit ans sonnés, et n'en paraissait pas plus de trente, malgré les nombreuses tribulations par lesquelles elle était passée dans le cours de son existence.

« L'ampleur de ses formes postérieures m'intriguait, au dernier point, par le développement qui bombait d'une façon exagérée les jupes repoussées. J'avais chaque fois que je la rencontrais, une question sur le bout de la langue, mais je n'étais pas encore assez familier avec la ballerine, pour m'informer de la cause d'une pareille envergure, que j'attribuais aux exercices physiques, auxquels devaient se livrer dès leur enfance les élèves de Terpsichore.

« Je tournais autour de la belle Slave, lorgnant d'un oeil d'envie le superbe ballonnement, tenté de palper l'étoffe comme par hasard, mais j'osais à peine l'effleurer, craignant des rebuffades, bien que Mariska parut m'encourager de l'oeil.

« Un soir, j'eus l'occasion de tâter l'étoffe soyeuse, qui couvrait la somptueuse mappemonde. Nous allions souper au cabaret, deux de mes amis et moi, avec la danseuse, en cabinet particulier. Je montai derrière elle les degrés qui conduisaient au salon du premier ; j'en profitai pour prendre dans mes mains la mesure de la circonférence, qui me parut d'un volume remarquable, sans qu'elle s'en montrât le moins du monde offusquée.

« Pendant le souper, arrosé de champagne frappé, nous la plaisantions sur ce que nous appelions sa difformité. Elle avait un sourire goguenard, comme si elle méditait quelque farce épicée, dont on la disait coutumière dans les soupers où on l'invitait.

« Quand la table fut desservie, elle avait une pointe d'ivresse. Elle avait vidé coup sur coup quatre ou cinq coupes de champagne, comme pour se donner du coeur. Elle sauta sur la table, s'agenouilla, nous tournant le dos, et sans crier gare ! elle se troussa lestement, s'exhibant des genoux à la ceinture.

« Nous crûmes à ce geste qu'elle avait gardé son maillot. Nous fûmes bien vite détrompés le plus agréablement du monde. Elle était nue des genoux aux hanches.....

« ..... Nous étions un peu surpris du sans-gène et du sans-façon avec lequel la danseuse nous exhibait ainsi toutes ses nudités dans la plus riche indécence.

« — Eh bien, criait-elle, mon postérieur est-il difforme, mes seigneurs ?

« Ah ! non, il n'était pas difforme. Certain aimable chroniqueur qui les aime amples, larges, opulents, serait tombé en extase devant cette merveille de croupe rebondie.

« Les jupes étaient retombées, la danseuse avait repris sa place sur sa chaise qu'elle garnissait de telle débordante façon, qu'ici encore elle eût fait tomber à genoux le chroniqueur fasciné.

∞ ∞ ∞

« Elle nous demanda si nous désirions connaître la cause du développement anormal de ses fesses.

« Elle nous raconta, avec le bagout d'une véritable Parisienne, entretenant sa verve par des coupes de champagne qu'elle vidait de temps en temps, qu'elle était née, qu'elle avait passé son enfance, son adolescence et une partie de sa jeunesse dans le servage.

« Elle avait souffert physiquement et moralement dans les diverses conditions où elle avait passé son existence, fouettée à tout propos chez le boyard, par la gouvernante, les maîtres et les enfants, chez la modiste où on l'avait mise en apprentissage par la maîtresse et par les clients qui venaient se plaindre ; à l'Académie impériale de Danse, où la chorégraphie s'enseigne le fouet en main. Et rien n'aide au développement des fesses comme la flagellation continue. On ne lui avait pas ménagé les corrections depuis son enfance..... »

La première partie de l'ouvrage est consacrée à l'enfance de Mariska chez un riche boyard. Là, la malheureuse se voit dans l'obligation de passer par toutes les fantaisies des maîtres, des enfants et des invités.

Les verges et le knout tiennent une place honorable dans ce premier volume, où il n'est guère question que de flagellations diverses, infligées aux esclaves.

« La boïarine — c'est Mariska qui parle — décida qu'on me mettrait en apprentissage chez une grande modiste de Moscou, Mme K... pour y apprendre la confection des vêtements de femmes. Ma nouvelle maîtresse avait tous droits sur moi. On lui avait recommandé de ne pas négliger les coups, pour me faire entrer le métier par derrière. C'était le seul moyen de m'encourager à bien faire. »

Et, dans cette seconde partie, des « Mémoires d'une danseuse russe », nous voyons se dérouler des scènes d'atelier, parfois fort intéressantes et non dépourvues d'une note documentaire. Mariska était non seulement fouettée par sa maîtresse, mais elle recevait encore de nombreuses fouaillées de clientes et clients mécontents.

Enfin, le troisième et dernier volume contient les tribulations de Mariska à l'Académie impériale de Danse.

Nous regrettons que le texte vraiment trop épicé ne nous permette de citer quelques passages.




Utilité de la flagellation, dans les plaisirs de l'amour et du mariage, traduit du latin de J.-H. Meibomius.

Avant de parler de cet ouvrage par lui-même, nous donnerons quelques notes bibliographiques.

La première édition parut à Leyde (Lugdunum Batav.) en 1629. Elle ne contient que le seul traité.

Viennent ensuite les éditions suivantes :

2° Leyde (Lugd. Batav.), sans date, petit in-12° de 48 pages.

3° Lubecsa, editio sccunda, 1639, petit in-12, 48 pages. Nombreuses fautes.

4° Lugd. Batav., ex off. Elz., 1643, in-4°de 48 pages.

5° Londres, 1795, in-32, dont il a été fait à Paris, sous la date de 1757, une contrefaçon erronée.

6° Londres, 1770, in-32.

Ces cinq dernières éditions, de même que la première, ne renferment que le traité de Meibomius.

En 1669, Thomas Bartholin en donna à Hafnia (Copenhague) une édition latine in-8°, augmentée : 1° de sa Lettre à Henri Meibomius fils ; 2° de la Réponse de celui-ci ; 3° d'une petite dissertation académique intitulée : De renum officio in re venerea, de Joachim OElhaf, médecin à Dantzick ; et 4° d'une « dissertatiuncula » d'Olaüs Worm, médecin à Copenhague.

Cette édition ainsi augmentée fut rééditée à Francfort, 1669, in-8° ; puis en 1670, à Francfort également, in-12° (ou petit in-8°) de 144 pages. Quoique mal imprimée, sur d'assez mauvais papier, cette édition est recherchée, comme très complète.

Mercier donna une nouvelle édition latine d'après le texte des éditions de Francfort ; Parisiis, 1792, petit in-12.

La traduction française de Meibomius avec les additions de Thomas Bartholin et la lettre de Meibomius le jeune, est attribuée à Claude Mercier de Compiègne, l'éditeur. Elle parut sous les titres suivants :

De l'utilité de la flagellation dans les plaisirs du mariage et dans la médecine, et dans les fonctions des lombes et des reins. Ouvrages curieux, traduit du latin de Meibomius, orné de gravures en taille-douce, et enrichi de notes historiques et critiques, auxquelles on a joint le texte latin. Paris, chez Jac. Gironard, 1792. Petit in-12 (in-18 Cazin) de 168 pages. Frontispice et figure par Texier. Pas de faux titre. Certains exemplaires sans nom d'éditeur avec la simple rubrique. Paris, 1792.

De l'utilité de la flagellation dans la médecine et dans les plaisirs du mariage et des fonctions des lombes et des reins. Ouvrage singulier, traduit du latin de J.-H. Meibomius, etc., enrichi de notes historiques et critiques. Paris, C. Mercier, 1759. Petit in-12,156 pages. Un joli frontispice non signé.

De la flagellation dans la médecine et dans les plaisirs de l'amour ; ouvrage singulier, traduit du latin de J.-H. Meibomius ; nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée du joli poème de l'Amour fouetté, À Paris, chez Mercier, éditeur du Furet littéraire, rue d'Angivilliers, n° 151, an VIII (1800). In-12 (in-18 Cazin) ; 148 pages dont 4 de titre et Faux titre, et 3 pages d'annonces. Même frontispice que l'édition précédente. Sur le faux titre, on lit : Éloge de la Flagellation. L'Amour fouetté est de Fuzelier. Cette édition fut corrigée par l'abbé Mercier de Saint-Léger.

De l'utilité de la flagellation dans la médecine et dans les plaisirs du mariage, et des fonctions des lombes et des reins ; ouvrage singulier, traduit du latin de J.-H. Meibomius ; enrichi de notes, d'une introduction et d'un index. Londres (Besançon, Metoyer aîné), 1801. In-8° de 100 pages, édition très soignée, conforme (comme texte) à l'édition de l’an VIII.

Édition moderne (la dernière parue) : Utilité de la Flagellation dans les plaisirs de l'Amour et du Mariage, traduit du latin de J.-H. Meibomius. Nouvelle édition, augmentée de notes historiques, critiques et bibliographiques, suivie de la Bastonnade et de la Flagellation pénale, par J.-D. Lanjuinais, À Amsterdam, Auguste Brancart. Libraire-Éditeur, 1891. In-12° de 200 pages. Pap. vergé, bien imprimé.

« Voici enfin, mon cher Cassius, le petit traité que je vous ai promis dans une orgie bachique.

« Vous vous convaincrez en le lisant, que l'usage de la flagellation n'est pas aussi extraordinaire qu'il le paraît au premier coup d'oeil.

« ...Je vous ai dit que les coups et la flagellation servaient quelquefois à la guérison de plusieurs maladies. Je vais vous démontrer que l'expérience a confirmé la bonté de ce remède, en m'appuyant sur l'autorité des médecins qui l'ont enseigné et pratiqué. »

Ainsi commence Meibomius. Et, ce thème posé, il le développe tout au long. C'est la partie qui traite de la Flagellation dans la médecine. Puis suit la flagellation en amour.

À la suite de ce traité, nous lisons40 une étude intitulée : De la Flagellation, par Thomas Bartholin (Observations extraites de la lettre de Thomas Bartholin à Henri Meibomius fils), dissertation curieuse et intéressante.

Puis De la Flagellation, par Henri Meibomius fils, sous forme d'un extrait de la réponse de H. Meibomius fils à Th. Bartholin.

Enfin l'ouvrage se termine par la Bastonnade et la Flagellation pénales, étude en dix chapitres, dont la conclusion se termine, à propos des dépravés qui tentent de restaurer l'antique usage de la bastonnade, par ces mots pleins de bons sens :

« Le moderne qui veut rétablir les anciens usages se prépare de grands malheurs. »


40. Nous parlons de l'édition marquée Amsterdam, 1891, édition dont nous nous occupons exclusivement.



Mémoires de Miss Ophélia Cox . — Traduit pour la première fois de l'anglais par les soins de la Société des Bibliophiles Cosmopolites. Londres, imprimerie de la Société Cosmopolite, 1892.

Un volume in-16, 216 pages, imprimé sur papier vergé à 500 exemplaires.

L'éditeur s'exprime ainsi dans la préface :

« L'auteur du livre que nous présentons au public, prévient son lecteur vers la fin de l'ouvrage, que son livre est vrai de tous points.

« Cette assertion est exacte. Nous connaissons Miss Ophélia.

« Nous avons surtout été décidés à publier cet opuscule par la peinture réelle et vibrante des scènes qui se passent, à Londres, dans l'intérieur des maisons de rendez-vous.

« On trouve dans ces scènes un singulier mélange de respectabilité et de sadisme qui est un des traits les plus curieux du caractère anglais. »

L'ensemble de l'ouvrage traite surtout des dessous d'une maison de rendez-vous de Londres.

La verge y tient un grand rôle — le plus important.

Nous ne savons pas si les scènes qui y sont décrites se passent réellement à Londres : elles dépassent en cruauté et en sadisme tout ce que l'on peut imaginer de plus horrible.

Ouvrage bien imprimé, dans un style soigné. Les descriptions y sont poussées jusqu'à l'extrême.




Jean de Villiot. — Curiosités et anecdotes sur la flagellation. — Sur la Flagellation et les Punitions corporelles ; le Knout ; la Flagellation en Russie ; après le Bal ; la Cour Martiale de miss Fanny Hayward ; la Détention féminine en Sibérie ; la Flagellation pénale ; un Remède pour la Kleptomanie dans la Société Anglaise ; les Étrangleurs; les Larrons et le Bâton ; la Flagellation dans l'Art ; le Marquis de Sade et Rose Keller ; Sarah Bernardt et son Fouet ; la Flagellation dans les Cours royales ; Psychologie du Fouet ; les Punitions dans l'Armée anglaise ; la Flagellation en Orient. — Paris, librairie des Bibliophiles (Charles Carrington). Tirage privé à 500 exemplaires, 1900.

Un volume in-8° carré de 436-xx pages. Imprimé à 750 exemplaires sur papier vergé de Hollande et 20 exemplaires sur papier du Japon. Extrait de l'introduction. — Les pages que l'on va lire ne sont pas écrites évidemment..... pour les petites filles, dont on coupe le pain en tartines.....

« Les petites filles ! les petites filles ! Mon Dieu ! n'y a-t-il pas des écrivains qui se dévouent par vocation ou par nécessité à composer des historiettes sans dard et sans venin ? Est-ce qu'il n'y a pas des auteurs pour enfants et même des auteurs pour dames41 ? »

Donc ces pages sont seulement pour le philosophe. Il y trouvera matière à méditation, soit à propos de cet attrait qu'exerce sur un si grand nombre d'hommes la peine du fouet infligée à leurs semblables, combien il faut peu de chose pour démuseler le fauve qui sommeille au fond du coeur de tous ; soit qu'il cherche à démêler par quelle aberration des sens cette même flagellation ranime la volupté aussi bien chez les bourreaux blasés que chez les victimes impuissantes.

L'aberration, en effet, est à son comble quand le plaisir n'est excité que par la vue de la douleur ou quand la douleur ressentie aboutit au plaisir. Ce dernier sentiment même, bien que diamétralement opposé au premier, témoigne lui aussi d'une perversion singulière. L'origine, toutefois, en est plus mystérieuse. Deux classes distinctes d'hommes recherchent en effet dans la douleur une excitation au plaisir : le mystique et le débauché. Mais le plaisir que chacun d'eux recherche est, en son essence, trop différent pour que la question ne soit pas par cela même éminemment complexe.

La sainteté
Ainsi que dans la pourpre un délicat se vautra
Dans les clous et le crin cherchant la volupté

et l'impuissant ou le blasé flagellant ses reins appauvris pour ranimer une ardeur qui n'y fut jamais ou qui s'y éteignit par l'abus, demandent au même instrument de supplice des sensations totalement différentes.

Tous deux relèvent peut-être de la psychopathie, mais chacun réclame une étude spéciale.

Si le sadisme et le masochisme ont, sous ces plumes expertes, vu leurs arcanes abominables savamment dévoilés, il reste un travail non moins intéressant à tenter sur le goût de la souffrance chez les mystiques de toute race et de tous credo. Ce travail constituerait un chapitre et non l'un des moindres, d'un traité de l’Érotologie mystique, traité qui reste à faire et qui devrait tenter la verve érudite d'un poète.

La flagellation considérée comme châtiment ou comme adjuvant de luxure, donnée ou soufferte, est évidemment un sujet capable d'attirer et de fixer l'attention.

Dans l'un et dans l'autre cas, elle doit sa vogue dont témoigne l'histoire des moeurs chez tous les peuples, à l'humiliation profonde endurée par le patient, humiliation d'où provient, quand elle joue le rôle d'un aphrodisiaque, la volupté du masochiste humilié et savourant sa souffrance.

Donnée sur les épaules ou sur le dos, elle ne peut exciter que cette sensation et pourquoi la flagellation pénale est le plus souvent appliquée de cette façon, sauf dans la famille où les parents s'ils n'ont en but qu'une correction régulière et sans arrière-pensée, l'appliquent sur les fesses de leur progéniture.

Elle l'est presque toujours de cette façon quand on l'applique ou qu'on la reçoit comme aphrodisiaque externe, et c'est là incontestablement un des rites les plus en faveur auprès des dévots de la Vénus Callipyge. La vue des trésors impudiquement étalés ajoute au plaisir de ce noir orgueil jouissant de la douleur du patient ou de la patiente, et comme Vénus n'est pas la seule à posséder ces trésors, peut-être faut-il voir dans ce fait l'explication de l'appétit malsain des fessées sur la chair nue que bien des pédagogues ressentent maladivement.

Il n'est pas besoin d'insister sur l'humiliation que ressent le patient sous les cuisants baisers des verges ou du fouet. Cette torture était celle que les Romains infligeaient à leurs esclaves et, comme pour abaisser jusqu'à ce degré, — le dernier pour eux — ils l'infligeaient également aux Vestales qui, dans leur veille sacrée devant le feu de Vesta l'avaient laissé s'éteindre. Cela ne le rallumait pas. Il n'en est pas de même, paraît-il, de ce feu que des vestales à rebours savent raviver dans les reins flagellés de ces vieux qui veulent redevenir jeunes ou de ces jeunes qui sont déjà vieux.


41. Charles Asselineau.



Under the Sjambok. A Tale of the Transvaal, by George Hansby Russell. London, John Murray, 1899, in-8°, 348 pages42.

D'abord qu'est le Sjambok ? C'est un énorme fouet dont se servent les Boers pour conduire leurs bestiaux. On le fabrique généralement avec la peau du rhinocéros. S'il était destiné seulement aux animaux, tout serait pour le mieux, mais plus d'un indigène du pays des Boers a senti sur ses épaules la caresse cinglante du Sjambok.

À vrai dire, il y a de cela une ou deux générations.

Les effets de ce terrible instrument équivalent à ceux du Chat-à-neuf-queues employé dans les prisons anglaises, et beaucoup de Cafres ont succombé sous les coups de ce fouet.

L'ouvrage dont je m'occupe actuellement n'a aucun caractère érotique ou même léger. C'est, en réalité, une étude physiologique des moeurs des Boers ; mais, je le répète, je crois qu'il serait préférable de reporter de semblables coutumes à quelques générations en arrière. L'auteur, très chauvin — pour ne pas dire davantage — donne de telles descriptions qu'on se croirait en plein état sauvage. Au fond, l'ouvrage n'offre que peu d'intérêt. Je le mentionne seulement parce que le fouet y joue un rôle prépondérant. L'intrigue est simple :

Richard Hanson, un vieux camarade de George Leigh, le héros du livre, recommande à celui-ci de s'occuper de sa fille qui se trouve au moment de sa mort, dans le Sud Afrique.

Voilà George Leigh, parti à la recherche de Miss Hanson. D'où récits d'aventures plus ou moins fantastiques, certainement peu véridiques, si peu même à mon avis, que je ne crois pas utile de donner des extraits de ce roman.


42. Sous le Sjambok. Conte du Transvaal, par George Hansby Russel. Londres, 1899. Prix 6 shellings (7 fr. 50).



Scarlet and Steel. Some Modern Military Episodes, by E. Livingston Prescott. [Hutchinson & Co.], London, 1897, in-8°, 362 pages43.

Un hasard m'a appris que ce magistral ouvrage a été écrit par une femme. À la fois bien documentées et d'un style clair et impressionnant, ces pages laissent sur l'esprit un indéfinissable sentiment de tristesse.

C'est vraiment avec plaisir que j'ai lu ces pages émouvantes, aujourd'hui où les oeuvres malsaines ou nulles s'entassent, où chaque auteur semble apporter son tribut à l'inutilité.

Chaque page de ce passionnant roman — car n'en doutez pas, profanes, il est des romans passionnants — chaque page est pleine d'action, de mouvement, de vie. Point de mauvaise sentimentalité. L'auteur a recherché avec soin ses documents avant de les placer dans son livre et, chose curieuse dans ce genre d'ouvrages, rien n'a été négligé. Les renseignements ont certainement été pris à bonne source.

En 1879, parut la loi anglaise sur les règlements et la discipline dans l'armée. Cette loi barbare en plus d'un point, comprend Les Punitions corporelles à infliger aux soldats dans les prisons militaires. Et ce livre répond à un besoin. Il fallait lutter contre cette discipline atroce qui fait appliquer le fouet à des hommes.

Ami John Bull, tant que tu traiteras les soldats en enfants auxquels on donne la fessée, tu seras déshonoré devant le monde civilisé44.


43. Écarlate* et Acier. Épisodes de la vie militaire actuelle, par E. L. Prescott. * Allusion aux jaquettes rouges des soldats anglais.

44. Dans l'Étude sur la flagellation aux points de vue historique et médical, se trouvent de longs extraits de Scarlet and Steel. Les personnes qui ne pourraient pas lire l'original dont il n'existe malheureusement pas de traduction française, trouveront dans l’Étude sur la flagellation, la traduction des principaux passages sur le sujet qui nous occupe.



The Story of the Australian Bushrangers, by Geo. E. Boxall. London, 1899, in-8°, 392 pages45.

Il semble presque impossible de se faire aujourd'hui la moindre idée de l'importance des Bushrangers46, au commencement du siècle. Il est infiniment probable que l'Australie, la Tasmanie, voire la Nouvelle-Zélande ont été peuplées au début par les forçats exportés d'Angleterre, d'autant plus qu'à ce moment, il fallait vraiment peu de chose pour transformer un honnête homme en forçat. Sous l'égide féroce des rois Georges d'Angleterre, le moindre crime voyait son auteur finir sur la potence et pour les délits insignifiants, on envoyait les délinquants peupler les plaines de Botany Bay.

L'ouvrage en question s'occupe donc en grande partie des forçats évadés. Dans les descriptions du bagne, l'auteur est arrivé au dernier degré de la férocité dans l'application des peines corporelles. Et j'ai tout lieu de croire que rien n'est exagéré.

Je vais maintenant m'efforcer de résumer quelques parties de ce livre.

Les punitions des forçats atteignaient le plus haut point de sauvagerie.

La moindre peccadille était punie de fort douce façon, à coups d'un instrument appelé Chat-de-voleurs, et auprès duquel le Chat-à-neuf-queues n'est que jeu d'enfant.

L'auteur de l'ouvrage que je cite est d'avis que l'emploi de cet instrument était plutôt nuisible, tant au physique qu'au moral.

Chose curieuse : les soldats gardiens des forçats étaient soumis à une discipline plus sévère encore et l'on vit des malheureux commettant délibérément les plus grosses fautes pour changer leur sort en celui de forçats ! Si ces derniers montraient une conduite empreinte à l'égard des supérieurs d'obséquiosité et de bassesses, ils voyaient leur sort s'adoucir considérablement ; si, par malheur, les prisonniers essayaient de montrer de l'indépendance — indépendance forcément relative — il n'y avait pas de répit pour eux jusqu'à la mort qui avait souvent lieu sur l'échafaud.

Je trouve, en continuant ma lecture, de curieuses anecdotes : c'est ainsi qu'il habitait à Sydney — actuellement l'une des plus belles villes de l'Australie — deux flagellateurs, véritables artistes (?) en leur genre. Ils travaillaient toujours ensemble, l'un de la main droite, l'autre de la gauche, et se disaient capables de fouetter cruellement un homme sans lui soutirer la moindre goutte de sang. Le dos des malheureux suppliciés avait l'aspect d'une véritable pomme soufflée, tout parsemé qu'il était de boursouflures qui restaient sensibles et faisaient endurer aux patients une douleur beaucoup plus longue que celle produite par la coupure de la peau.

Ordinairement les bourreaux entamaient les chairs : il se trouvait à Sydney tout autour du champ d'exécution situé dans Barrack Square, un sol saturé de sang humain.

Une curieuse anecdote racontée par l'auteur : Un individu fouetté par les deux flagellateurs dont j'ai parlé quitta le lieu d'exécution, le sourire aux lèvres, remettant sur ses épaules horriblement tuméfiées sa flanelle de forçat d'un geste de défi, se vantant que les bourreaux étaient incapables de lui arracher le moindre soupir.

Un autre prisonnier, flagellé avec la plus grande force sur les reins, s'époumonait en vain à crier : « Plus haut, plus haut. » Le bourreau continuait froidement son oeuvre. Le malheureux, une fois débarrassé de ses liens, saute sur l'exécuteur et le couche à terre d'un coup de poing. Aussitôt saisi, il dut subir, dans le triste état où il se trouvait, une punition équivalente à la première.

Parfois, un prisonnier reconnu innocent était nonobstant fouetté : Un malheureux forçat fut condamné à recevoir 50 coups du chat. Au moment de l'exécution de la sentence une circonstance imprévue prouve sa parfaite innocence.

— Qu'importe, dit le juge de Launceston, chargé de faire exécuter la punition ; qu'il soit puni d'abord et je lui ferai grâce une autre fois.

Les prisonniers étaient astreints à saluer en se découvrant tous les officiels de la colonie. À ce sujet, l'auteur raconte le cas de ces forçats qui, en janvier 1839, exécutant une construction à Woolloomollô Bay, sur la propriété de Sir Maurice O'Connell, blessèrent grièvement leur contremaître en lâchant, pour saluer leur maître, une énorme pierre qu'ils transportaient.

Le capitaine O'Connell décréta de ce fait que les ouvriers employés chez lui ne seraient plus astreints à saluer pendant le travail. Ce qui n'empêche qu'un beau jour le Préfet de police de Sydney fasse fustiger un nommé Joseph Todd qui, chargé d'un lourd fardeau, était dans l'impossibilité absolue de saluer ledit chef de police (le colonel Wilson47).

Joseph Todd, qui reçut pour ce fait 50 coups du chat était arrêté la semaine suivante pour une incartade légère et condamné de nouveau à recevoir 30 coups du chat-à-neuf-queues.

L'ouvrage est composé surtout d'anecdotes dans ce genre et, vu la modicité de son prix (7 fr. 50) nous le recommandons au lecteur.


45. Histoire des Batteurs de buissons australiens, par G.-E. Boxall. N'a pas été traduit en français.

46. Le mot Bushranger est difficilement traduisible en français. C'est l'équivalent de coureur ou batteur de buissons. Dans le cas qui nous occupe, il s'agit des évadés des bagnes australiens qui, postés sur la lisière des bois et des forêts, arrêtaient et dévalisaient les voyageurs qui s'attardaient dans ces parages.

47. Voici comment l'auteur raconte cette anecdote : « ... Le colonel Wilson passait là, accompagné de sa fille. Les forçats continuèrent leur tâche, ne prêtant nulle attention au Préfet de police, quand celui-ci s'écria d'une voix furieuse : « Otez vos chapeaux! » Quelques-uns s'exécutèrent, mais l'un d'eux, nommé Joseph Todd, chargé d'un lourd fardeau, ne broncha pas sous l'ordre. « Otez votre chapeau, canaille ! » reprit le colonel. « Je suis autorisé à ne pas le faire, » répondit Todd. Le Préfet se répandit en grossières injures. Enfin, n'y tenant plus : « Qu'on l'arrête, » cria-t-il, et aussitôt accoururent un sergent et quelques hommes. Todd opposait une vive résistance. Il n'en fut pas moins saisi et fustigé cruellement. Le jugement portait que Todd avait commis une grave infraction en refusant de se livrer aux soldats qui venaient l'arrêter, refus qui n'était acceptable que pour un homme libre ! »



Curious Episodes of Private History. — The Court Martial on Miss Fanny Hayward, by an ex-infantry-captain48. Paris, Librairie des Bibliophiles, 1899; 1 volume in-8° carré. 70 pages. Imprimé sur papier de Hollande.

Voici un très curieux conte : Une courtisane, Miss Fanny Hayward, accusée d'avoir volé une montre dans la chambre d'un officier, est traduite par les amis de ce dernier devant une cour martiale improvisée et condammée à recevoir un certain nombre de coups de fouets. On lui donne le choix entre cette punition honteuse et une dénonciation à la police. L'accusée choisit la fustigation et la scène s'accomplit à la grande joie des officiers et des petites dames invitées à la fête (?)

Telle est toute l'intrigue. Ce conte a été traduit en français et se trouve tout au long dans l'ouvrage Curiosités et anecdotes sur la flagellation, dont j'ai parlé précédemment.

L'auteur de cette histoire affirme qu'elle est vraie en tous points et que seuls les noms de lieux et de personnes ont été changés, pour les besoins d'une publication.


48. Épisodes Curieuses de l'Histoire Privée. — La Cour martiale pour Miss Fanny Hayward, par un ex-Capitaine d'Infanterie. Paris, 1899.



Curious Sidelights of Social History. How Women Are Flogged in Russian Prisons. Narrative of a Visit to a Convent Prison in Siberia by an English Doctor. Paris, Librairie des Bibliophiles, 1899. Un volume in-8°, 48 pages49.

C'est la copie d'une lettre écrite par un jeune docteur anglais, voyageant en Sibérie, à un ami intime habitant Londres. Cette lettre est datée : Tomsk, Western Siberia, 24th July 1880.

Cette lettre est authentique. Si le docteur n'a pas été témoin des scènes qu'il décrit, il est certain qu'il a puisé ses renseignements à bonne source.

L'éditeur de ce volume a écrit une très intéressante préface.

Cette lettre traduite en français se trouve également tout au long dans l'ouvrage : « Curiosités et anecdotes sur la flagellation. »


49. Curieux aperçus de l'Histoire sociale : Comment les femmes sont fouettées dans les prisons russes. Narration d'une visite faite dans une prison de femmes en Sibérie, par un docteur anglais. 1 plaquette in-8° carré, 48 pages.



Défilé de fesses nues. — Recueil de lettres érotiques, par E. D. auteur de Mes étapes amoureuses. Paris. Chez la petite Lollote. Galeries du Palais-Royal, 1891. Petit in-16, VI-210 pages.

Ce volume vient de m'être communiqué par un bibliophile de mes amis. Le titre indique ce qu'est le livre : un recueil de lettres érotiques. Pour cela, oui. Quant à la petite Lollote, c'est vainement que j'ai cherché son adresse au Palais-Royal.

Au dos du faux titre de ce livre, se trouve une liste d'ouvrages faits par le même auteur (E. D.), savoir : Le Marbre animé, Mes Amours avec Victoire, La Comtesse de Lesbos ou la Nouvelle Gamiani, Lèvres de Velours, L'Odyssée d'un pantalon, Les Callipyges ou les délices de la Verge, Jupes troussées, Étapes Amoureuses, Défilé de Fesses nues, Odor di femina, Exploits d'un Galant précoce.

Voilà une belle liste, aux titres suggestifs, et si l’on songe au peu d'années que M. E. D. a mis à faire tous ces volumes, je frémis à l'idée de ce qu'il m'aurait fallu analyser de livres, si M. E. D. ne s'était pas arrêté.

Cet ouvrage me paraît, sinon traduit de l'Anglais, du moins écrit par un étranger. J'ai d'ailleurs remarqué que les ouvrages signés E. D. présentent des différences de styles assez considérables. Dans tous les cas, le style en est pauvre : la note cherchée et poussée à l'excès est uniquement celle de l'obscénité.

Il m'est impossible de donner ici des extraits in extenso. Les adoucir serait leur enlever le seul mérite qu'ils ont. Voici cependant l'Avant-Propos :

Ce recueil contient un choix de lettres sur des sujets très piquants, prises dans la collection d'un bibliophile anglais, qui a bien voulu me les communiquer. J'ai traduit les unes, copié le texte des autres, en déguisant les noms des lieux et des personnages. Je crois cette publication destinée à un grand succès. Rien de plus émoustillant que ces récits alertes, qui chatouillent le lecteur et la lectrice par la verve salace qui les distingue des ouvrages parus dans ce genre jusqu'à ce jour, sans en excepter les piquants souvenirs de M. Martinett, que je viens de savourer. Puis la variété des récits écrits par des plumes différentes, ajoute un grand charme à l'intérêt déjà considérable de cet ouvrage sans rival. C'est un chef-d'oeuvre qui complète la collection des érotiques. Je suis d'autant plus à l'aise pour en parler ainsi, sans qu'on puisse me taxer de forfanterie, que je ne suis ici que le fidèle traducteur, ou le modeste copiste.

À vous, charmantes lectrices, je dédie ce nouveau chatouilleur, bien digne d'éclipser tous ces aînés : car quoi de plus séduisant en ce monde, que le défilé sous nos yeux émerveillés de ces ravissants objets, désignés par le titre un peu gros de cet ouvrage, gracieux ornement, suspendu dans l'espace, que vous balancez dans un déhanchement voluptueux riche, somptueux, opulent, l'orgueil d'un sexe adorable le plus lorgné de ses appas, devant lequel le genre humain, hommes et femmes, tombe à genoux, pour lui adresser ses fervents hommages.

Après un tel panégyrique de cet ornement suspendu dans l'espace (?!) tirons le rideau.




Randiana, or Excitable Tales, contient des détails poussés jusque dans leurs plus infimes parties. L'auteur ne cherche pas à déguiser sa pensée. J'ignore absolument quel peut être cet auteur, mais c'est certainement un homme du monde, et du meilleur.

L'ouvrage se compose de vingt-quatre chapitres, écrits avec beaucoup de verve, dans un très pur anglais. Ce n'est certainement pas une traduction, les scènes se passant d'ailleurs en grande partie à Londres. Il y a cinq chapitres sur les vingt-quatre, que je dois signaler spécialement, attendu qu'ils se rapportent à notre sujet.

Dans le chapitre v, on trouve un abrégé de l'histoire de la flagellation et dans le chapitre vi, on entre dans le vif de la question, avec l'histoire de deux ecclésiastiques qui ont persuadé à une jeune femme de laisser expérimenter sur son corps les bienfaits de la flagellation.

Ce volume, publié vers 1880 à Londres (?) est devenu presque introuvable. Il a été réimprimé en 1897 à Paris, en une charmante édition tirée, sur papier de Hollande, à 200 exemplaires numérotés à la presse. Le titre de cette édition porte : Social Studies of the Century. Randiana, or Excitable Tales. Paris, Société de Bibliophiles for the Delectation of the Amorous and the instruction of the amateur in the Year of the excitement of the sexes, MDCCCXCVIII.

Pisanus Fraxi, l'éminent bibliographe fait, sur ce volume, les remarques suivantes :

Chacun des vingt-quatre chapitres de cet intéressant ouvrage, contient une petite affaire d'amour, brièvement et habilement racontée, et dont l'auteur est le héros.

Aucune de ces aventures ne dépasse le domaine des choses possibles : elles peuvent même fort bien — exagération mise à part — arriver à tout homme du monde possédant, en sus de l'amabilité, une bourse bien garnie. Néanmoins, l'auteur me permettra d'être sceptique quand il affirme :

« Je suis homme à ne pas farder la vérité, mais aussi à ne raconter que ce qui est, et si extraordinaire que puissent paraître quelques-uns de mes racontars à ceux qui n'ont jamais passé par de semblables habitudes, elles n'en sont pas moins exactes. La lecture de cet exposé fera, je crois, grandir le zèle avec lequel il sera lu. »

J'hésite vraiment à porter croyance — ajoute Pisanus Fraxi — aux effets magiques du baume Pinero, ni à l'emploi sans danger d'un semblable aphrodisiaque dans de semblables scènes d'orgie et de flagellation pratiquées par le père Pierre de Sainte-Marthe des Anges, de South Kensington ni à l'aventure audacieuse avec la vertueuse Mme Leveson.

L'improbabilité même de ces scènes peut être sans doute considérée par quelques-uns des lecteurs comme une marque d'originalité et le volume sera certainement salué comme joyeuse arrivée par tous les philosophes de la même école que l'auteur.




Théodore de Banville. — Contes héroïques. Paris 1884.

Je ne classe pas cet ouvrage parmi ceux écrits exclusivement sur la flagellation. Théodore de Banville n'était pas coutumier de tels livres. N'empêche que le premier des contes, La Borgnesse, se terminait par un sujet de flagellation qui vient apporter là sa note sombre.

Christmant, amant d'une femme du monde quelconque, est surpris par le mari. Mais la maîtresse a le temps de s'échapper et serait bientôt hors d'atteinte si le modèle du peintre, Léo, n'avait, d'un signe imperceptible, indiqué au mari outragé la porte par laquelle avait disparu la fugitive.

« Cependant ce clin d'oeil de trahison jeté par Léo, Christmant l'avait vu, lui aussi, et surpris au vol. Alors il saisit un fouet accroché à la muraille entre deux bébés japonais, et de toutes ses forces en cingla le visage du modèle. L'oeil blessé horriblement sortit de son orbite, et les joues et la bouche déchirés ne furent plus qu'une plaie. Et furieuse, hurlant, toute sanglante, de longs filets de sang coulant sur sa gorge nue, tordant ses bras, la grande Léo eut encore un air de défi, et de son oeil unique regardant Léopold Christmant avec l'expression d'une haine farouche :

— « Tant pis ! je vous aimais ! dit-elle. »

Dans le même ouvrage, un autre des contes La Bonne nous donne une scène différente. Il serait téméraire de ma part d'essayer d'analyser Banville. Je cite donc :

« En voyant la colère qui brillait dans les yeux de la grande femme, les visiteurs voulurent s'interposer mais les écartant d'un geste terrible, elle saisit Audren, et l'ayant mis sur son bras, comme lorsqu'il était enfant, le déculotta et lui donna le fouet. Le vicomte de Larmor hurlait de douleur ; mais toujours Annan Goën le frappait de toutes ses forces, et acharnée à le châtier, elle ensanglantait sa main vengeresse dans la chair déchirée et meurtrie de ce mauvais gentilhomme. »




Rare Tracts of Flagellation. — Voici sept opuscules qu'il serait de coupable négligence d'omettre dans cette bibliographie.

Un érudit nommé Henry Thomas Buckle, né en Angleterre de parents fortunés, et mort à l'âge de trente-trois ans a laissé un certain nom dans la littérature anglaise. C'est l'auteur de l’Histoire de la civilisation en Angleterre (3 volumes) oeuvre monumentale, restée inachevée par la mort de l'auteur, ouvrage renommé pour la clarté du style et la profonde philosophie qui s'en dégage. Parmi les sujets qui attirèrent l'attention de ce chercheur, vient s'ajouter celui qui se rapporte aux punitions corporelles. Du moins, on le dit, et je vois là l'explication de la réunion de son nom. Voici en effet le titre général des sept opuscules :

Rare Tracts : reprinted from the original editions collected by the late Henry Thomas Buckle, author of « A History of Civilisation in England » autrement dit : Traités rares sur la flagellation, réimprimés sur les éditions originales, réunis par feu Henry Thomas Buckle auteur de l'« Histoire de la civilisation en Angleterre ».

On prétend que Thomas Buckle avait prêté ces opuscules en 1872, à un éditeur de Londres, nommé J.C. Hotten, qui les a publiés dans sa Bibliothèque dite du Progrès social [ Library Illustrative of Social Progress ], d'après les éditions originales collectionnées par Thomas Buckle. L'éditeur de l'édition originale, en 1777 était G. Peacock, et il est probable que Buckle se serait servi de ces opuscules pour un chapitre curieux et intéressant de son ouvrage sur la civilisation.

Les sept volumes de la réimpression sont très rares et valent de 250 à 300 francs. Ils sont formés en partie de révélations sur certaines dames du grand monde anglais, dames qui s'adonnaient beaucoup au sport tout particulier de la flagellation. Les noms sont peu déguisés.

Entre autres documents, on trouve un opéra-comique représenté sur une scène privée ainsi que des conférences fashionables qui, paraît-il, ont été faites avec accompagnement d'expériences pratiques ! Ces volumes éclairent d'un jour nouveau les pratiques en usage au siècle dernier en Angleterre. Voici les titres complets des sept volumes :

1. Exhibition of Female Flagellants in the Modest and Incontinent World.

2. Part Second of the Exhibition of Female Flagellants in the Modest and Incontinent World.

3. Lady B — r's Revels. A Comic Opera, as Performed at a Private Theatre with unbounded Applause.

4. A Treatise of the Use of Flogging in Venereal Affairs. Also of the Office of the Loins and Reins. By Meibomius.

5. Madame Birchini's Dance. A Modern Tale, with Original Anecdotes collected in Fashionable Circles. By Lady Termagant F — m.

6. Sublime of Flagellation: in Letters from Lady Termagant F — m to Lady Harriet T — l.

7. Fashionable Lectures; Composed and Delivered with Birch Discipline, by the following Beautiful Ladies. London, printed by G-. Peacock, 177750.


50. 1. Exposition des Flagellants femelles dans le monde modeste et incontinent. / 2. Seconde partie de l'Exposition des Flagellants femelles dans le monde modeste et incontinent. / 3. Les Orgies de Lady B — r's —Opéra-comique, comme exécuté sur un Théâtre privé, avec applaudissements sans frein. / 4. Traité de l'usage de la verge dans les plaisirs vénériens, et dans l'office des reins et des lombes, par Meibomius. (Voyez plus haut : Meibomius, De l'utilité de la flagellation.) / 5. La Danse de Mme Birchini. Conte moderne, avec Anecdotes originales recueillies dans des fashionables Cercles, par Lady Termagant F — m. / 6. La Majesté de la flagellation : en lettres de Lady Termagant F — m à Lady Harriet T — l. / 7. Lectures fashionables ; composées et prononcées avec la discipline du fouet, par les magnifiques dames suivantes. Londres, imprimé par G. Peacok, 1777.



Lashed into Lust. A Caprice of a Flagellator. Paris 189951.

Voici maintenant un ouvrage absolument moderne et qui démontre par son existence même, que l'étrange goût de la flagellation n'est pas encore éteint.

Voici le problème que l'auteur anonyme (nous le connaissons personnellement, et c'est un gentleman distingué, ce qui prouve le peu de bonne foi qui préside à l'établissement de ces ouvrages) cherche à résoudre : comment domestiquer et réduire à la soumission une courtisane à la langue acérée qui pense que chaque homme représente sur terre un imbécile, plus qu'un naïf.

L'auteur a résolu ce problème avec beaucoup d'habileté. Ce volume n'a jamais été publié en français quoique l'original ait été écrit dans cette langue. Les acheteurs de cet ouvrage, s'ils supposent acquérir un bréviaire de piété, doivent être tristement déçus : l’auteur a choisi ses héroïnes et leur a assigné un rang hiérarchique dans la haute prêtrise de la galanterie.

Les actrices de ce petit drame sont des parvenues, de naissance et origines diverses.

L'assemblée à la Villa du Nid d'Amour est suffisamment hétéroclite : nous y trouvons la fille du faubourg, coudoyant la femme pervertie du commerçant honnête, à laquelle fait vis-à-vis la dame raisonnable et d'âge presque mûr qui donne de sages conseils à la jeune fille de bonne famille « folle de son corps », enfin toute l'assemblée s'incline devant la hautaine courtisane à la mode qui tout à l'heure criera, suppliera sous les cuisantes morsures de la verge. La principale scène de flagellation a lieu sur un yacht, en pleine Méditerranée. Ce yacht est commandé par un anglais de goûts bizarres, nommé Sir Ralph. À bord une nièce de ce dernier, une jeune femme d'admirable beauté du nom de miss Violet Stafford, maîtresse de Sir Ralph, et la courtisane dont j'ai parlé, formaient l'élément féminin qui devait entrer en scène.

Le premier sujet d'une castigation fut Miss Violet, qui pour une peccadille commise un mois auparavant, fut fouettée sans pitié. La courtisane française avait assisté avec grande surprise à la punition de sa jeune amie anglaise, et même essayé de dissuader les bourreaux de leur action infâme. Aussi, je laisse à penser l'indignation qu'elle ressentit lorsque son amant l'informa tranquillement que son tour était venu. Je cite son propre récit que l'auteur lui fait raconter à des amies :

« Je crus qu'il plaisantait et je me mis à rire. Mais lui se tenant debout, le fouet à la main me dit placidement :

« Allons, Nini, déshabillez-vous, la belle !

Comme je le regardais, hébétée, pétrifiée d'étonnement, il reprit criant presque :

« Allons... fais vite, » et au même instant son fouet s'abattait cinglant mes épaules.

« Je poussai un cri de douleur et de rage, et bondis comme une tigresse pour lui arracher le fouet : deux coups rapides me firent battre en retraite.

« Nous étions restés seuls. Je courus vers la porte ; elle était fermée en dehors.

« Assassin ! misérable lâche ! » m'écriai-je éperdument à chacune de mes exclamations, le fouet retombait sur mes épaules.

« Sir Ralph, d'une voix calme, me disait :

« Prends garde à la figure. Je ne voudrais pas te blesser. » Puis, il continuait, par saccades : « sois raisonnable... déshabille-toi, ou... j'emploie la force — Osez donc, misérable ! » criai-je de nouveau. »

Et la scène se continue entre amant et maîtresse jusqu'à l'intrusion de nouveaux témoins qui vont prêter appui à l'orgie sanguinaire qui va se dérouler.

Les détails qui accompagnent les descriptions m'empêchent de les citer.

C'est, je crois, le livre le plus érotique qu'il m'ait été donné de lire en anglais.


51. La Luxure dans le fouet. Caprice d'un flagellateur. 1 volume petit in-8o. Deux éditions dont l'une sur papier de Hollande.



Théâtre des cruautés des hérétiques au XVIe siècle. — Reproduction du texte et des gravures de l'édition française de 1558. Publié sans doute à Londres, 90 pages.




Prison Characters Drawn From Life With Suggestions For Prison Government. Female Life in Prison by F. W. Robinson52. Deux illustrations, deux volumes, 736 pages.

Les duels par la flagellation. — Je viens de passer rapidement en revue les principaux ouvrages, où des auteurs talentueux ou nuls se sont efforcés de nous raconter par « des scènes vécues » (?) disaient-ils presque tous, que la flagellation fut, est, et sera toujours à l'ordre du jour, qu'elle fait partie intégrante de notre vie. Je suis loin de les approuver, considérant plutôt les malheureux adonnés à cette pratique comme des malades, et rien de plus. Cependant, il est des circonstances où le fouet ou le bâton ont joué un rôle prépondérant. Je me souviens avoir lu dans les journaux américains, il y a quelques semaines à peine, que deux habitants du pays, qui s'étaient voués une haine mortelle, dont la jalousie était la base (cherchez la femme) ont trouvé un ingénieux moyen de mettre fin au conflit qui les séparait. Attachés tous deux solidement à deux arbres vis-à-vis, n'ayant que la main droite de libre, et cette main armée d'un gourdin, ils se sont administrés réciproquement une telle volée de coups, qu'il est plus que probable qu'ils ont trouvé dans la mort l'unité qu'ils n'avaient pu avoir de leur vivant. Voilà un duel, qui, je crois, ne sera pas goûté de sitôt dans la vieille Europe. Mais en Amérique...


Le Journal illustré, dans son numéro du 4 mars 1900 donne en première page une gravure représentant un duel au fouet entre deux charretiers, duel qui se termina tragiquement, l'un des deux combattants ayant eu l'oeil crevé. Voici les faits tels que les a relatés le Petit Journal :

« Deux charretiers, Georges Falga et Emmanuel Ricci âgés vingt-trois ans et vingt-six ans, vivaient en paix... lorsqu'à La Garenne-Colombes, où ils demeurent, ils firent la connaissance d'une fort jolie fille dont ils s'éprirent éperdument et que tous deux désiraient épouser. Falga, plus heureux que son rival, ayant obtenu, avec le consentement du père, celui de la jeune personne qui ne voulait pas de Ricci parce qu'il est Italien, s'empressa de faire part à ce dernier du résultat de sa démarche.

Furieux d'être ainsi évincé, l'Italien jura de se venger.

Hier matin, vers six heures, comme les deux rivaux, avant de se rendre à leur travail, prenaient leur repas dans un débit de la Garenne, une violente discussion s'éleva entre eux, à propos du prochain mariage de Falga, et de grossières invectives furent échangées. Ils allaient en venir aux mains, lorsque d'autres charretiers, témoins de la scène, s'interposèrent et proposèrent aux deux hommes d'aller vider leur querelle dans un duel en champ clos.

L'arme choisie serait le fouet dont chacun d'eux était armé. Les conditions de ce singulier duel réglées, Falga et Ricci, suivis de leurs témoins allèrent se placer dans un terrain situé à quelque distance du débit.

Mis en face l'un de l'autre, chacun tenant son arme, les combattants, qui, au préalable s'étaient dévêtus jusqu'à la ceinture, attendirent le signal et se mirent immédiatement à se cingler consciencieusement le visage et le torse de terribles coups de fouet. D'énormes zébrures, laissant échapper le sang, ne tardèrent pas à apparaître sur la peau des deux adversaires, qui redoublant d'ardeur, se frappaient comme des sourds. Le combat durait depuis quelques minutes, lorsque tout à coup, Ricci poussa un cri terrible et chancela. Le fouet de son rival venait de lui atteindre l'oeil. »

Les corrections conjugales et les littérateurs, anciens et modernes. — Cette grave question : Doit-on ou ne doit-on pas battre sa femme ? a fait couler des flots d'encre à pas mal de littérateurs.

Il est bien un vieux proverbe qui dit « qu'il est permis de battre sa femme, mais qu'il ne faut pas l'assommer », et comme il est universellement reconnu que les proverbes sont la sagesse des nations, nous devons prendre celui-là en bonne part. « Battre sa femme, dit M. Esquiros, est un usage fort ancien dans le monde et notamment en France... Toutes les sociétés commencent, comme l'humanité, par l'état sauvage, lequel entraîne toujours l'emploi aveugle de la force. De vieilles cérémonies religieuses consacraient même cet usage en plusieurs provinces le droit en était accordé au mari comme une franchise. »


52. Caractères de la prison (en Angleterre) ; basé sur la vie, avec conseils au gouvernement des prisons. Vie des femmes en prison, par F. W. Robinson.

∞ ∞ ∞

En Angleterre, écrit M. Larcher, la loi qui permettait au mari de battre sa femme gratuitement a subsisté jusqu'en 1660.

Depuis ce temps, moyennant une faible amende, tout mari anglais peut infliger de rudes corrections à sa femme.

À notre époque, dans ce pays, il ne se passe pas une semaine, pas un jour même, sans qu'une feuille publique, soit de Londres, soit de la province, n'annonce qu'un mari a horriblement maltraité sa femme. Ces actes de brutalité conjugale sont depuis longtemps si communs en Angleterre, que le public n'y donne plus aucune attention ; ils passent en quelque sorte inaperçus. On se dit: « Ce n'est rien, c'est un homme qui a corrigé sa femme, » tout aussi simplement qu'on se dirait : « Ce n'est rien, c'est un homme qui a battu son chien. » Il est même à supposer que les chiens, s'ils subissaient les mauvais traitements que subissent un grand nombre de femmes, trouveraient plutôt des défenseurs que ces dernières... Dès l'instant que de tels actes de barbarie ne soulèvent plus l'indignation publique, le devoir des législateurs serait d'aviser au moyen d'y mettre un terme... Est-ce au mari, au mariage ou à la femme qu'il faut s'en prendre ? Que l'on cherche et l'on trouvera.

∞ ∞ ∞

Une bonne correction, dit Salomon, vaut mieux aux femmes qu'un collier de perles.

∞ ∞ ∞

Tilly fait la remarque que les femmes résistent souvent aux plus nobles procédés, et sont presque toujours subjuguées par le charme des plus mauvais traitements.

∞ ∞ ∞

Le Petit Bleu du 15 mars 1900, publiait l'entrefilet suivant :

Battu et ridiculisé. — Montluçon. — II existe à Montluçon une vieille et originale coutume locale qui veut que tout mari qui se laisse battre par sa femme soit promené par la ville la tête coiffée d'un bonnet de coton, une quenouille en main en guise de sceptre et monté à l'envers sur un âne.

Cette pratique quelque peu comique est toujours en vigueur. Aussi, avant-hier soir, vers six heures, à la sortie des usines, plus de trois mille personnes se trouvaient-elles sur le pont Saint-Pierre et aux abords pour voir passer un cortège de mari battu. Le patient était un ouvrier d'usine, à qui sa femme avait donné une maîtresse gifle à la suite d'une querelle conjugale, et à qui ses camarades d'atelier appliquaient la peine encourue en pareil cas, suivant le rite usité.

Le malheureux, cavalcadant à l'envers sur un âne de marinier, le chef ceint d'un casque à mèche et portant dans le dos une pancarte infamante, où étaient écrits ces mots: « Battu par sa femme et content, » fut promené par toute la ville, essuyant les lazzis les plus sanglants d'une foule sans pitié.

∞ ∞ ∞

Bien d'autres auteurs ont agité cette question, mais les citer tous m'écarterait sensiblement de mon programme.

∞ ∞ ∞




À l'ombre. — Traduit pour la première fois de l'Anglais pour la Société des Bibliophiles, 1 volume, in-18° papier vergé. (Édité à 10 francs.)

Dans son prospectus, l'éditeur de cet ouvrage dit : « Il est assez délicat de donner une idée du livre, vu sa nature ultra-légère. Contentons-nous de dire que ceux que ne choquent pas les robes qui se retroussent et les cotillons qui découvrent ce qu'ils devraient cacher, ceux-là, disons-le, trouveront leur compte dans ce volume singulièrement pimenté. Est-il besoin d’ajouter que l'application de la verge et de la main sur d'affriolantes rondeurs y joue un rôle prépondérant ; c'est un des traits caractéristiques de cette sorte de littérature, et, dans cet ouvrage, c'est pour ainsi dire à chaque page que se manifeste ce goût étrange dont tant d'ouvrages sérieux ont affirmé et commenté l'existence. »




Les Loups de Paris, par Jules Lermina53. — Ce n'est pas sous un titre semblable que l'amateur d'ouvrages sur la flagellation, penserait trouver une terrible scène de fustigation. Le hasard — qui fait parfois bien les choses au profit des bibliomanes — m'a fait rencontrer ce livre qui, à première vue, semble être un roman-feuilleton fort banal. En le feuilletant, j'y ai trouvé quelques études intéressantes, où le document n'est pas dédaigné, mais l'auteur, obéissant aux lois inexorables de la compréhension populaire, a dû mettre sa tâche à la hauteur de Mme Pipelet qui s'en est donnée à coeur joie : des massacres, cambriolages, vols avec effractions, assassinats : « O ma chère ! c'est palpitant. »

Arrivons au passage qui nous intéresse. Il s'agit d'une tentative d'évasion dans un bagne. Le forçat coupable est condamné à recevoir cinquante coups de bâton. Je cite textuellement :

On entraîna le coupable. Entraîner n'est pas le mot propre, car il suppose résistance. Et il se laissait faire, comme s'il n'eût été qu'une masse inerte...

Les forçats avaient été convoqués, selon l'usage, pour assister au châtiment, à l'expiation...

L'évadé fut dépouillé jusqu'à la ceinture...

Un condamné à vie s'avança tenant en main l'instrument du supplice. En cette année-là, on faisait l'essai d'un fouet d'importation anglaise, le cat-o-nine tails, touffe de neuf lanières, garnies de petites balles de plomb.

L'exécuteur fit siffler dans l'air le cuir, qui rendit un bruit sec comme un coup de feu.

Le condamné resta immobile, les poignets appuyés sur le billot de bois.

Il faut dire que chaque coup du cat-o-nine tails, était compté pour dix coups ordinaires. C'était donc cinq rasades seulement, terme consacré, que le patient devait recevoir.

Un !... Son dos se marbra de bleu et de rouge.

Il ne remua pas.

Deux ! Il y eut du sang.

Même immobilité.

— Diable ! fit un des assistants, voilà une forte nature. Qui se serait attendu à cela ? Ordinairement, on tombe au troisième. Bah ! ce sera pour le quatrième.

Mais le troisième tomba net sur les épaules l'homme...

Le quatrième enleva quelques lambeaux de chair...

L'autorité n'en revenait pas. Ce fouet britannique ne remplissait pas les conditions du programme...

— Cinq !

C'est fait. Le condamné se redressa. Il y avait là un baquet rempli d'eau dans laquelle on avait fait dissoudre quelques kilos de sel marin.

— Vous permettez ? demanda-t-il.

Et sans attendre la réponse, il plongea dans l'eau la toile grossière qui servait d'éponge, et le liquide ruissela sur ses épaules... II ne frémissait même pas. Et cependant, à voir la chair écrasée, la douleur devait être atroce...

Mais lui, sachant que, sa peine subie, il rentrait dans les rangs, à sa place, alla se mettre dans le groupe des forçats, endossant la casaque dont on l'avait dépouillé...

— C'est une mystification, dit un surveillant. De fait, ils étaient tous consternés.

— Il y a un autre condamné, fit un garde-chiourme. On pourrait essayer.

— Soit...

La condamnation était moins grave. Vingt coups, ce qui se résolvait en deux coups de fouet de nouvelle invention...

— C'est l'exécuteur qui a le poignet trop mou, objecta quelqu'un.

Celui qui venait de recevoir les cinq coups dit, mettant le bonnet à la main :

— J'offre de frapper le patient.

— Tu n'auras pas la force.

— Essayez.

— Soit.

Le forçat qui avait encouru la peine, pour quelque peccadille d'insubordination, était un énorme colosse dont les épaules, le torse, le râble semblaient taillés en plein bronze...

Il se posa, arrogant, défiant du regard le poignet fin et sans doute faible de cet exécuteur de hasard.

— Bonne affaire ! murmura-t-il. Si celui-là me démolit...

Il n'acheva pas.

On entendit un cri, un râle.

L'homme était par terre, crispant ses ongles au sol.

Un seul coup du cat-o-nine tails l'avait abattu.

Le médecin s'approcha... Une sorte de gloussement sortait de sa poitrine, tandis qu'une écume rougeâtre souillait ses lèvres.

— Il ne résisterait pas au second coup, dit le médecin. Bien heureux s'il réchappe de cette première alerte...

C'était fait.

Les gardes-chiourmes appelèrent les hommes à la grande fatigue.


La flagellation dans la gravure, la caricature, en politique. — Là aussi, la flagellation a joué un rôle important. Mais cette partie demande une étude spéciale. Je ne citerai donc que quelques exemples.

Qui ne se rappelle le numéro publié par le Le Rire, entièrement illustré par le dessinateur Willette ? Une des gravures, la plus amusante peut-être, représente un intérieur britannique, et, cependant que le père lit la Bible, la mère éponge le postérieur d'une fillette. Légende : En Angleterre, les petites filles sont bien gentilles, mais trop souvent fouettées.

Au moment où j'écris ces lignes, La Caricature, journal satyrique donne en première page un dessin représentant la reine Victoria, flagellée vigoureusement par le Président Krüger [édition du 25 novembre 1899]. Cette caricature, considérée à juste titre comme outrageante, a eu un immense retentissement de l'autre côté du détroit.

Dans son numéro du 30 avril 1899, Le Courrier français donne un merveilleux dessin de Willette à propos du rétablissement de la flagellation en Virginie. La légende du dessin porte :

« Les journaux publient une dépêche de New-York annonçant que l'Assemblée législative de l'État de Virginie a voté une loi permettant d'appliquer les châtiments corporels en public.

« La première à qui cette loi a été appliquée est une jeune fille de dix-huit ans qui a été fouettée sur la place publique de Manassas, parce qu'elle avait des relations immorales avec un clergyman. »

Sans commentaires.

Une petite brochure vient de paraître, sous le titre Les Crimes des couvents54, qui contient des détails si révoltants sur des faits qui se sont passés dernièrement, d'une telle férocité que le sujet mérite d'être étudié à fond.

Je réserverai donc cette étude pour un autre ouvrage, car ici, la place me fait défaut.


53. Grand in-8°, avec un frontispice en couleurs (grande chromolithographie pliante).

54. B. Guinaudeau. — Les Crimes des couvents. — L'Exploitation des Orphelins. Paris, 1889. 1 brochure de 72, pages, 50 centimes.



Traité du fouet, et de ses effets sur le physique de l'amour, ou aphrodisiaque externe. — Ouvrage médico-philosophique, suivi d'une dissertation sur les moyens d'exciter aux plaisirs de l'amour, par D... (Doppet) médecin, 1788, 1 vol. in-18 de 108 pages, plus 18 feuillets préliminaires.

Le Traité du fouet est une imitation plagiaire du traité de Meibomius, dont j'ai déjà parlé. Ici tout est libertinage et satire grossière. Le lecteur n'y apprendrait rien d'utile ; en revanche, il y peut trouver les moyens de ruiner sa santé, car l'ouvrage contient une pharmacopée très étendue des plus actifs aphrodisiaques, réduits en électuaires formulés, suivie d'une liste raisonnée des plantes analogues à la vertu de ses récipés.

J'ai sous les yeux une réimpression de ce volume qui porte : Londres, 1891. Cette édition est précédée d'une notice bibliographique dont je cite quelques passages intéressants :

L'auteur du Traité du fouet est François-Amédée Doppet, médecin, littérateur et général français, d'origine savoisienne, né à Chambéry en mars 1753, et mort à Aix (Savoie) vers l'an 1800. Sauf Quérard, France litt. et la Biogr. génér. de Hoefer qui donnent l’énumération exacte de ses nombreux ouvrages, il n'est guère brièvement cité par les autres biographes, que pour l'ouvrage qui nous occupe.

La première édition a pour titre : Aphrodisiaque externe, ou Traité du fouet et de ses effets sur le physique de l'amour, ouvrage médico-philosophique suivi d'une dissertation sur tous les moyens capables d'exciter aux plaisirs de l'amour, par D***, sans lieu d'impression (Genève) 1788, in-18 (disent Brunet, Graesse et le comte d' I***), in-10 (disent Barbier, Quérard et Hœfer) de 158 pages. Il est à remarquer que tous les biographes indiquent Genève comme lieu d'impression, tandis que la Bibliographie du comte d' I***, seule, indique Paris.

La Bibliographie des ouvrages relatifs à l'amour, aux femmes, etc. Turin et San Remo, 1871-1873, en annonçant, au Traité du fouet, une figure-frontispice, qui n'a jamais existé que dans l'imagination un peu vagabonde des éditeurs, ajoute que le Médecin de l'amour paru à Paphos (Paris) en 1787, in-8°, est un essai du même ouvrage. C'est une profonde erreur. Le Médecin de l'amour, est tout simplement une véritable histoire médico-romanesque n'ayant aucun point de ressemblance avec le Traité du fouet.

Il se rencontre aussi des exemplaires de cette édition originale portant un titre ainsi libellé : Traité du fouet, ou Aphrodisiaque externe, etc. À Paris, chez les marchands de nouveautés.

Une réimpression à très petit nombre a eu lieu à Paris ou à Lille, au commencement de ce siècle (1820 à 1825). Cette édition contient 108 pages, la table comprise ; elle porte sur le titre, pour épigraphe, un passage latin, tiré de l'ouvrage de Meibomius. Elle est bien imprimée, son bon papier ordinaire collé, d'une teinte légèrement bleuâtre.

Il est à remarquer que la seconde partie de cet ouvrage, intitulée : Dissertation sur tous les moyens capables d'exciter aux plaisirs de l'amour, ne fait point partie essentielle du Traité du fouet. C'est plutôt une pharmacopée aphrodisiaque très curieuse.

Aussi cette partie a-t-elle été détachée de l'ouvrage et reproduite avec des annotations, depuis peu, à l'étranger.

On y a même joint un frontispice très épicé, dont l'allégorie, aussi frappante qu'ingénieuse, rappelle d'une façon toute gaillarde, le souvenir des Fleurs animées de Granville.




Histoire des flagellants, où l'on fait voir le bon et le mauvais usage des Flagellations parmi les chrétiens, par des preuves tirées de l'Écriture sainte, etc., traduit du latin de M. l'abbé Boileau, docteur de Sorbonne (par l'abbé Granet), Amsterdam, chez Henri Sauzet, 1732 (1 vol. in-12).

Diverses éditions en latin, français et anglais.

— Tout est vraiment digne d'attention dans ce livre, publié vers la fin de l'année 1700, par l'abbé Boileau, frère du célèbre Despréaux. Cet excellent écrit que l'abbé Irailh, a eu le grand tort d'appeler un livre saintement obscène traduit en français dès 1701, puis en 1732 par l'abbé Granet, l'éditeur des œuvres du savant de Launoy, n'excita pas moins, quand il paru une grande rumeur parmi les moines, les théologiens et surtout chez les jésuites, soit à cause des opinions jansénistes imputées à l'auteur, soit par une suite de cette déplorable prédilection que les jésuites ont toujours eue pour la discipline d'en bas. Le père du Cerceau et l'infatigable controversiste Jean-Baptiste Thiers, curé de Vibraye, s'emportèrent cruellement contre l'abbé Boileau. De leur côté les moines et les moinesses firent grand bruit. Mais de réfutation concluante, il n'en parut aucune.

L'abbé Boileau poursuit, en dix chapitres, la flagellation, spécialement la flagellation volontaire, depuis son origine jusqu'à son époque, sous toutes ses formes et ses prétextes, comme une indigne coutume née du paganisme et de l'esprit de libertinage.

Ne fait-il pas beau voir le père Girard donnant la discipline à la belle Cadière, pour commencement de satisfaction, et cela, parce que liberté pareille a été prise, sans encombre de chasteté, par saint Edmond, Bernardin de Sienne, et par le capucin Mathieu d'Avignon ?

À en juger par la nature humaine, qui est la même partout, la flagellation du christianisme n'a pas eu d'avantages sur celle des lupercales, et dans le nombre des dévotes fouettées, nous avons dû avoir autant de femmes compromises que les Romains.

Hector France dans « Le Péché de soeur Cunégonde » (Paris s. d. In-4° illustré) nous donne une très amusante scène de pénitence religieuse. Je cite textuellement :

« Cependant, ce n'était pas de l'élue Maria dont s'occupait une religieuse, car en passant devant une porte sur laquelle était écrit le nom de soeur Sainte-Irène, on entendit le bruit de ce que Rabelais nomme une Cinglade, mais une cinglade timide et molle, précédée et suivie de petits gémissements.

— Restez là, dit monseigneur à la petite fille en s'arrêtant et frappant trois coups. Peut-on entrer ? ajouta-il.

— Je me meurtris aux épines de la mortification, répondit une voix plaintive.

— Quelle mortification ?

— Je me flagelle.

— Eh ! ma soeur, dit le directeur en poussant la porte qu'il referma sur lui, c'est sur la chair qu'il faut frapper, ma soeur, la chair ! la misérable chair ! Avez-vous le cordon de Jésus-Marie-Joseph ?

— Oui, monseigneur, le voici.

— Allons, plus haut, retroussez votre tunique de lin ! Et presque aussitôt la petite fille, terrifiée, entendit les cinglements de la corde devenir plus stridents, et à chaque coup s'accentuer les plaintes.

— Invoquez le nom de Jésus, dit le prélat et les épines de la mortification se changeront pour vous en feuilles de rose.

— Oh ! doux Jésus ! dit la soeur.

— Les morsures de la flagellation se tourneront en suaves blandices.

— Oh ! doux Jésus !

— Les souffrances du martyre en jubilation.

— Oh ! doux Jésus  !

— Les angoisses de l'agonie se transformeront en céleste béatitude.

— Oh ! doux Jésus ! Grâce, monseigneur! vous frappez trop fort.

— « Alors Ponce Pilate, après avoir fait fouetter Jésus, le livra aux Juifs pour être crucifié. » C'est en mémoire de cet acte que notre sainte patronne Elisabeth de Hongrie livrait sa chair à la flagellation et la sainte ne se plaignait pas de la violence du pieux Conrad. Elle disait à chaque coup : « Plus fort, très cher père Conrad, plus fort ! » Aussi elle est assise à la droite du Père.

— Plus fort, monseigneur ! Frappez sur ma misérable chair. Oh ! doux Jésus ! Aïe ! Aïe !

— Le sol est durci sous la lourde pression de vos péchés, il faut frapper, ma fille, pour pouvoir enfoncer la racine de vertu.

— Oh ! doux Jésus! Quelles délices ! oh ! doux Jésus ! monseigneur ! Oui... enfoncez... la... racine... de... vertu... Oh ! Joies du Paradis !

— Vous avez gagné 643 jours d'indulgence plénière, agenouillez-vous, priez et réjouissez-vous.

— « Réjouissons-nous ! J'ai vu la rosée tombée du ciel, j'ai vu la chaste nuée d'où le juste est sorti, j'ai vu le désiré, j'ai vu le rejeton de David, j'ai vu le fils de la Vierge, j'ai vu le Messie, j'ai vu Emmanuel, j'ai vu Jéhovah, notre juste, c'est en mon Jésus ! Il va bientôt venir. Oh ! Joies du Paradis ! »

— Amen ! Le voici, ma soeur !

— Jésus ! Marie ! Joseph !

— Courbez plus bas la tête, ma fille.

— Ah ! doux Jésus ! L'esprit saint est en moi ! Et la petite fille, qui écoutait toute tremblante, n'entendit plus que des soupirs étouffés. Sans doute la soeur Sainte-Irène, touchée par l'onction intérieure de la grâce, demeurait plongée dans la contemplation des perfections infinies et noyée dans une amoureuse union avec le fils du Père éternel... ou avec son ministre, Mgr de Ratiski... Mystère 55!...


55. Une curieuse gravure illustre ce passage.



Hector France. — La Pudique Albion. Les Nuits de Londres. 1 vol. in-18° Jésus, 332 pp. (Paris, 1885).

Dans ce volume, page 203 commence un chapitre intitulé Filles fessées. Comme ce chapitre occupe 13 pages, je ne puis le citer en entier, quoiqu'il en vaille la peine. Voici quelques-uns des passages les plus pittoresques :

« Traversant un matin un corridor pour se rendre à sa classe, il (La Cecilia, professeur de français à cette époque) entendit des supplications suivies d'un bruit ressemblant à ce que nos pères appelaient une cinglade, et nous, une forte fessée. Or, comme les plus jeunes élèves de l'école n'avaient pas moins de douze ans, le châtiment lui parut si extraordinaire en raison de la pudibonderie anglaise qu'il prit avec toutes sortes de précautions, des informations sur la nature de ce bruit insolite, près de la sous-maîtresse assistant à son cours.

— Oh ! répondit-elle en rougissant un peu, c'est une petite fessée (little whipping) qu'on a infligée à cette mauvaise tête de Miss O' Brien.

Miss O' Brien était précisément une des plus grandes élèves, superbe Irlandaise de dix-sept ans mais qui en paraissait vingt, tant la nature avait pour elle été prodigue.

— Vous ne voulez pas dire, répliqua La Cecilia stupéfait, qu'on a donné le fouet à cette grande fille ?

— Parfaitement, « le fouet », comme vous l'appelez ; c'est l'usage de la maison.

Voici une lettre reproduite dans ce livre ; elle est d'un gentleman nommé G. Ferguson :

« Quant à l'abominable pratique de fouetter les jeunes filles dans les écoles, écrit-il, je veux vous relater ce qui vient d'arriver dans une pension du nord de Londres à une jeune personne dont je suis le tuteur. Elle a dix-huit ans et y fut envoyée pour terminer sa dernière année d'éducation. Un soir, une des plus jeunes du pensionnat, fillette de douze ans, ayant été fort désobéissante, la maîtresse ordonna à ma pupille de fouetter, en sa présence, la petite dont elle retroussa aussitôt, elle-même, les jupons. L'autre naturellement, stupéfiée de cet ordre, refusa nettement de l'exécuter. Alors, la maîtresse, après avoir fessé très sévèrement la fillette, conduisit ma pupille dans la classe où sept ou huit autres de ses compagnes travaillaient, leur disant qu'elle allait faire un exemple. Elle ordonna à la jeune fille d'ôter sa robe et son pantalon, la menaçant, si elle n'obéissait pas, d'envoyer chercher le maître d'allemand pour la déshabiller. Affolée, elle céda et fut contrainte de se tenir devant ses camarades dans la plus humiliante et la plus indécente des attitudes, la moitié de ses effets enlevée et l'autre moitié retroussée jusque sur ses épaules, tandis que la maîtresse la frappait avec une verge de bouleau jusqu'à ce que le sang ruisselât sur ses cuisses ; alors seulement elle s'arrêta et l'envoya au lit. »

Je détache ce passage de la lettre d'une dame :

« L'âge où le fouet agit le plus efficacement sur les jeunes personnes varie entre quinze et dix-huit ans. C'est l'époque où les passions fermentent, prennent de la force, et il faut user d'un traitement radical. Pour les filles plus jeunes, quelques coups de baguettes bien appliqués sur le gras des jambes ou des bras produit d'ordinaire l'effet désiré. Naturellement il n'est pas possible d'établir une règle quant au nombre des coups. Tout dépend des tempéraments et des caractères. Deux filles recevant le fouet ne se conduisent pas toutes deux de la même façon sous la douleur ; les unes ont la chair plus sensible que les autres, mais en général, un coup par année est ce qu'il y a de plus équitable et de plus logique. Ainsi douze coups pour une fillette de douze ans. Une de trois lustres en recevra quinze et ainsi de suite. »

« À cette théorie si simplement exposée », dit Hector France, « je n'ajouterai pas un mot. Tout commentaire serait superflu ».




Maurice Alhoy. — Les Bagnes ; Histoire, types, moeurs, mystères. — Édition illustrée. Paris, Un volume grand in-8° de 480 pages. Très intéressant ouvrage qui contient un long chapitre sur la bastonnade et les punitions corporelles au bagne. Je cite les passages qui m'ont semblé les plus intéressants au point de vue du document.

∞ ∞ ∞

De nos jours dans les bagnes, l'office de l'exécuteur existe encore ; mais ses fonctions se réduisent presque toujours à appliquer la bastonnade, châtiment qui résume là, à quelque exception près, presque toute la collection des peines... Le forçat voleur, faussaire, faux monnayeur, vit sous la tutelle de la loi, qui semble morte pour lui comme il est mort pour elle, et il peut commettre impunément tous les crimes contre la propriété, il ne court risque que de se voir étendu sur une souche qu'on nomme banc de justice, et frappé par un bras vigoureux d'un nombre de coups de gercette ou corde goudronnée, qui varie de dix à cent ; et à moins que le condamné ne joue du couteau contre son gardien, qu'il ne l'étouffe dans ses bras ou qu'il ne le jette dans les flots, il rachètera tous les crimes par la flagellation.

∞ ∞ ∞

Il y eut à Rochefort un forçat surnommé Jean le Bourreau, qui accomplissait ses fonctions avec un appétit carnassier qui s'exaltait tellement quand le sang venait à saillir, qu'il fallait mettre près de lui plusieurs agents afin qu'il ne prolongeât pas le supplice du patient au delà des limites fixées par le jugement. Cet homme était d'une haute stature, et quoique bancal, sa force était prodigieuse. Les cicatrices d'un coup de couteau dans la main et plusieurs autres blessures dont les stigmates tatouaient ses membres, témoignaient de la haine profonde qu'il inspirait. Les liens de la parenté ou de l'intimité n'avaient aucune puissance sur la nature de cet homme ; on le voyait vers le soir attendre l'heure de la rentrée des condamnés, comme le fauve qui guette un troupeau dans lequel il lui faut une proie. Un jour on lui livra pour la correction son propre neveu, forçat comme lui ; et celui-ci fut si vigoureusement châtié par son inflexible oncle, qu'il faillit perdre la vie.

J'ai vu à l'hôpital le forçat Pitrou, qui avait passé par les mains de Jean le Bourreau jusqu'à vingt-cinq fois ; il était impossible de regarder sans horreur le corps de ce condamné : de la nuque au talon on eût dit un spécimen de ces grandes figures d'écorchés qui servent aux études anatomiques.

La bastonnade produit un effet qui varie suivant la nature du condamné. Tel forçat n'éprouve, en la subissant, que la douleur physique, tel autre en ressent un ébranlement moral qui le rend plus indomptable ou le frappe d'atonie. Le fameux Pontis de Sainte-Hélène reçut les coups de corde sans rien perdre de cette dignité qui imposait même aux plus cyniques de la chiourme. Il subit ce châtiment sans se plaindre, et dit qu'il ressemblait au Christ innocent et flagellé. L'abbé Molitor, victime d'une cabale formée par ses compagnons de chaîne, subit la bastonnade et oublia plus vite la douleur que l'humiliation... M. le Dr Lauvergne cite un forçat, voleur, incorrigible qui, chaque jour avant le ramas, venait régler avec le commissaire la balance de ses larcins et de sa bastonnade.

∞ ∞ ∞

EXTRAIT DU CODE PÉNAL DES CHIOURMES

Sera puni de la bastonnade :

Le forçat qui aura limé ses fers ou employé un moyen quelconque pour s'évader ;

Le forçat sur lequel il sera trouvé des objets de travestissement ;

Le forçat qui volera une valeur au-dessous de 5 francs ;

Le forçat qui s'enivrera ;

Le forçat qui jouera des jeux de hasard ;

Le forçat qui fumera dans le port ou dans sa localité ;

Le forçat qui vendra ou dégradera ses effets ;

Le forçat qui écrira sans permission ;

Le forçat sur lequel il sera trouvé une somme au-dessus de 10 francs ;

Le forçat qui battra son camarade ;

Le forçat qui refusera de travailler ou commettra un acte d'insubordination.




À la campagne (traduction de Country retirement) ou comment employer agréablement les loisirs de la vie de château, traduit pour la première fois de l'anglais pour la Société des Bibliophiles Cosmopolites.

1 volume in-18, papier vergé (publié à 10 francs).

Cet ouvrage, fort libre, écrit avec beaucoup de chaleur, est une suite de scènes lubriques où la flagellation joue le rôle principal. Ces tableaux sont curieux par leur originalité, mais franchement obscènes.


QUELQUES OUVRAGES ALLEMANDS SUR LA FLAGELLATION

Depuis quelques années, un certain intérêt s'est manifesté outre-Rhin, sur les sujets touchant la flagellation et les punitions corporelles.

Aussi, pour bien compléter cette bibliographie, je crois bon de donner un résumé des principaux ouvrages allemands en la matière.

Die Korperstrafen bei allen Volkern von den ältesten Zeiten bis auf die Gegenwart. Culturgeschicht-Liche Studien Von DR. Richard Wrede. Mit 118 Illustrationem und 1 Tafel. Gross 8o. 480 Seiten56.

Cet ouvrage est très documenté et très étendu dans ses détails. Il traite des persécutions des chrétiens et des fustigations employées à leur égard, puis il s'occupe des sectes des flagellants et de l’inquisition. Suit une description des droits de justice au moyen âge, du rôle joué par le bâton et le fouet dans l'armée et la flotte, et des punitions corporelles dans les nations slaves. Les punitions à l'école et l'emploi de la fustigation au point de vue sexuel et anormal sont traitées sous les titres généraux de Masochisme, Sadisme et Massage. L'ouvrage contient quelques illustrations intéressantes.


56. Les Punitions corporelles chez tous les peuples — depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. Étude morale très documentée de M. le Dr Richard Wrede avec 118 illustrations et 1 tableau, volume in-8o, 480 pages.



Stock und Peitsche im XIX Jahrhundert. Ihre Anwendung und ihr Missbrauch im Dienste des modernen Straf und Erziehungswesens. Von D. Hansen57.

Deux volumes qui, comme l'indique le titre, traitent du bâton et du fouet au point de vue de la discipline morale. Le second volume est réservé à l'emploi de ces deux instruments dans les différents pays, ainsi que de leur application dans les maladies sexuelles. Très intéressant ouvrage. La façon de traiter est très moderne.


57. Bâton et fouet au XIXe siècle, — leurs applications et leurs abus au système des punitions corporelles et de l'éducation, par D. Hansen, 2 volumes.



Der Flagellantismus und die Flagellanten. Eine Geschichte Der Rute in Allen Landern von Wm. M. Cooper. In das Deutsche übertragen von Hans Dohrn58.

Un volume de 196 pages. Quelques curieuses illustrations, mais point libres. Ce volume paraît être une traduction littérale de l'ouvrage anglais History of the Rod, dont j'ai déjà parlé plus haut.


58. La Flagellation et les flagellants. — Une histoire du bâton dans tous les pays, par Wm. M. Cooper, traduite en allemand par Hans Dohrn.



Das Deutsche Zuchthaus. Ein Beitrag zur Geschichte seiner Entstehung, Einrichtung und der darin geltenden Disciplinar-Strafen. Nebst einem Anhang : « Hausordnung des Zuchthauses zu Waldheim » von Cäsar Krause. Mit 1 Abbildung (Der Willkomm)59.

Brochure traitant des punitions corporelles dans les prisons allemandes. Plus la lutte pour l'existence devient difficile, plus les punitions à infliger aux criminels devient importante et l'un des éléments primordiaux de cette question est l'application des peines corporelles.

Qu'est au juste une maison de correction allemande ? Quels en sont le but et la direction ? Comment y applique-t-on les punitions corporelles ? Quel sentiment domine le règlement des punitions appliquées ? C'est à ces questions complexes que répond cette brochure. Comme l'auteur l'indique dans sa préface, ceci n'est qu'un essai pour tirer de l'obscurité un sujet qui n'a pas reçu jusqu'ici l'attention qu'il méritait. La présente petite brochure comble une lacune dans ce genre de littérature. L'ouvrage contient une illustration représentant la correction infligée à un malheureux qui, presque nu, est entouré d'une foule curieuse où les femmes dominent avides de sensations mauvaises. Le prisonnier, couché sur un chevalet, est fortement maintenu.

59. La Maison de correction allemande. — Une contribution à l'histoire de son origine, établissement, et de la punition disciplinaire qui sont appliquées, — avec un appendice. — Réglementation sur la direction de la maison correctionnelle de Waldheim, par Cesar Krause, avec frontispice.




Die Geheimnisse der Inquisition. Von M. Féréal. Grosse Ausgabe mit Illustrationen. Ein starker Band. (600 Seiten.) Bestes Werk über die Gräuel der Inquisition in Spanien.

Eine Orgio von Monchen. Der Günstling des Inquisitors. Die Leidenschaft des Inquisitors. Wieder Joseph. Die Aebtissin der Carmeliterianer. Das Amulet des Gross-Inqnisitors. Die Marterkammer. Die Kerker der Inquisition. Ein grosses Fest in Sevilla. Die Gnadenkammer. Tortur des Wassers. Die Busskammer. Der Lampenball. Eine Verschwörung. Das Autodafé. Ein Märtyrer, etc60.

Ce volume qui traite des secrets de l'Inquisition est certainement traduit de l'ouvrage français bien connu de M. Féréal. Il ne manque pas d'intérêt, si l'on s'en rapporte aux titres des chapitres. L'Inquisition a été si souvent traitée dans la littérature française, qu'il serait superflu de donner un compte rendu des tortures décrites dans ce volume de 600 pages. Nombreuses illustrations.


60. Les Secrets de l’Inquisition, par M. Féréal, grande édition avec illustrations (600 pages). Ouvrage sur la cruauté de l'Inquisition en Espagne (voir pour le contenu très détaillé, l'édition française de cet ouvrage bien connu).



Die Strafen der Chinesen. Nach Dem Englischen von H. Dohrn. Mit. 21 Abbildungen in Kunstdruck und 1 Titelbide61.

Traite des punitions dans le peuple chinois, où la bastonnade joue un rôle important. Traduit de l'anglais.


61. La Punition des Chinois. Traduit de l'anglais, par H. Dohrn. — Avec 21 illustrations artistiques et frontispice.



Grausamkeit und Verbrechen im Sexuelle Leben. Von Russalkow 2. Auf lage. 80 Seiten62.

Voici un titre mystérieux qui, certes, promet de ne pas manquer d'intérêt. La cruauté et le crime dans la vie sexuelle en disent long. Cet ouvrage qui en est à sa seconde édition et a comme suite le volume suivant :

Ueber Schmerzzufügen. Prugelkuren. — Massage. — Schlage Als Weihe. — Hang Zur Grausamkeit, von Gutzeit63.


62. La Cruauté et le crime dans la vie sexuelle, par Russalkow, 2e édition, 80 pages.

63. L'Accoutumance à la douleur. — La Guérison par le bâton. — Le Massage. — Les Coups comme consécration. — La Pendaison comme cruauté, par Gutzeit.



Das Prügeln in der Schule. Eine Gefahr Fur Bildung und Sittlichkeit, von Gutzeit64.

Trop d'instituteurs, surtout dans les écoles villageoises, se complaisent à casser maintes baguettes sur le dos des enfants qui leur sont confiés. Une façon comme une autre de faire entrer les sciences ! Ce volume est dirigé contre cette odieuse pratique. Dans l'intérêt de l'enfance, nous aimerions voir cet ouvrage traduit en français et répandu parmi les éducateurs de nos enfants.


64. Le Bâton à l'école : un danger pour l'éducation et la civilisation, par Gutzeit.



Der Gebrauch der Alten Ihre Geliebte zu Schlagen. Aus dem Franzosischen, mit Anmerkungen. Stuttgart 1856. — 80. S65.

Le titre de cet ouvrage fait sourire... Battre sa fiancée ! Voilà une coutume qui, je crois, aurait de la peine à s'acclimater en France. Quoique parfois, après le mariage, cette coutume donne trop d'exemples, je ne crois pas qu'elle serait acceptée avant le mariage. Ce volume est traduit du français ; mais je n'en connais pas l'original.


65. L'Usage des anciens de battre leurs fiancées. — Traduit du français avec annotations.



Flagellum salutis, Oder Heilung Durch Schlage, von Paullini, nach der Ausgabe von 1698. Stuttgard, 1847. — 350 seiten66.

Ouvrage de religion mystique, traduit du latin.


66. Le Salut par la flagellation, par Paullini, d'après l'édition de 1698, 350 pages.



Kudejar, Eine Historische Chronik Aus Der Zeit Iwans Des Schrecklichen, von Kastomarow67. — 347 seiten.

Que de mystères dans cette Russie du Nord ! Que de cruautés sont cachées dans les profondeurs de ce pays ! Ce présent volume voit son action se dérouler sous le règne d'Ivan dit le Terrible. Je ne crois pas qu'il en existe une traduction française. Pour les lecteurs de romans palpitants, cette chronique historique de 359 pages vient à point.


67. Kudejar. Chronique historique du temps d'Ivan le Terrible, par Kastomarow.



Lenchenim im Zuchthause. Schilderung des Strafverfahrens (Flagellantismus) in einem Suddeutschen Zuchthause vor 1848. — Ein Beitrag sur Sittengeschichte, von W. Reinhard. Hamburg, 189068.

Cet ouvrage paraît des plus sérieux. Le lecteur en quête de scènes érotiques pour ranimer ses sens malades ne trouvera rien de semblable dans ce livre.

Parmi tous les ouvrages sur la flagellation des femmes — et ils sont légion — je crois que c'est le seul qui soit réellement vrai.

Poursuivi en Allemagne au moment de sa publication, ce volume est devenu très rare, et c'est à l'érudit libraire de Dresde, M. D... qui s'occupe exclusivement de livres allemands sur ce sujet, que je dois la communication de l'exemplaire que je possède. Le plan de l'ouvrage est peu compliqué et ce n'est pas là son moindre mérite. Hélène, l'héroïne de l'ouvrage, une jeune femme d'assez bonne éducation et employée comme domestique, est accusée d'avoir volé, arrêtée, condamnée et envoyée dans une maison de correction. Pendant toute sa détention, elle entretient une correspondance suivie avec son fiancé, établi à ce moment dans un autre pays, et écrit également à une de ses anciennes amies. Dans ces lettres, elle décrit tout au long ses souffrances dans la maison de correction, ainsi que les scènes de flagellation dont elle est parfois le témoin involontaire. Comme je l'ai fait observer, l'auteur ne s'attache nullement à faire ressortir les diverses sensations plus ou moins voluptueuses qui accompagnent ordinairement ces pratiques. La jeune héroïne, certainement ignorante à ce sujet, raconte naïvement que les nobles dames du voisinage de la prison ne manquaient jamais une occasion de venir voir fouetter les hommes ou les jeunes garçons envoyés dans cette maison pour y recevoir leur peine !

À l'arrivée à la prison, les condamnées étaient préalablement soumises à la visite du chirurgien, puis fouettées. Le passage où la jeune domestique raconte son arrivée dans cet endroit infâme est certes un des plus intéressants de tout le volume. La place me manquant, je ne puis en citer malheureusement que quelques lignes69.

Hélène, arrivant en voiture à la maison de détention, écrit :

« En descendant, je m'imaginais que quelqu'un avait prononcé ces mots :

« Ah ! Ah ! voilà un morceau délicat pour « la bienvenue »70.

« Le cocher, qu'un gros rire soulevait approuvait de la tête. On me conduisit alors dans un petit bureau situé au rez-de-chaussée, où bientôt entra un homme qu'on me dit être le chirurgien de l'établissement.

« Hélas ! c'était la conséquence obligatoire de mon entrée dans cette maison, et je devais me courber sous la loi d'inéluctable circonstance, mais, quoique je reconnaisse maintenant que je devais passer par là, je trouve qu'il n'en est pas moins honteux et dégradant de se plier à de telles exigences.

« Cependant sans avoir prononcé un seul mot, le chirurgien s'était approché de moi, et m'examinait minutieusement. Épargnez-moi l'exposé de mes sentiments pendant que cet homme me regardait : j'en mourrais de honte.

« — Elle est parfaitement saine, dit-il enfin, intacte et vigoureuse ; emmenez-la.

« On me conduisit dans une autre pièce, à côté, où un commis inscrivit sur un registre mon état civil, et... mon crime ! oui, mon crime ! Pourtant, malheureuse que j'étais, je ne pouvais m'imaginer que j'étais une criminelle. Devant la loi, oui ; devant ma conscience, jamais ! Et c'est là une cruauté nouvelle ajoutée à ma torture. »

L'ouvrage se continue dans un sens approximatif, toujours bien documenté. Il vaut la peine d'être lu71.


68. Hélène en prison. — Description des systèmes de punitions corporelles dans une maison pénitentiaire de femmes, située dans l'Allemagne du Sud, avant 1848. Aperçu de l'histoire des moeurs. [ L'ouvrage été traduit en anglais en 1900 sous le titre : Nell in Bridewell et en français Flagellation des femmes en Allemagne, publié par Charles Carrington en 1901. ]

69. Je ne traduis pas littéralement. Je me contente de citer à peu près pour la compréhension du lecteur français.

70. La correction infligée à l'arrivée dans la prison s'appelait la bienvenue.

71. Il vient de paraître cette année même une édition anglaise de cet ouvrage. Elle est due à l'éditeur du présent volume. Souhaitons qu'une édition française suivra bientôt.



Von der Nützlichkeit der Geisselhiebe in medizinischer und physischer Beziehung. Aus Dem Lateinischen Ubersetzt Von J.-H. Meibomius. (Seltene Uebersetzung von Meibomius, de usu flagrorum in re medica et venerea.) Zwei Theile. Das Geisseln und seine Einwirkung. Eine Medizin-Philosoph. Abhandlung. Aus Dem Franzosischen, in-8°, Stuttgart, 1847.

Traduction allemande du traité de Meibomius, dont j'ai déjà parlé.




Indecent Whipping, being accounts by numerous persons of their experiences of indecent punishments inflicted in Schools and elsewhere. Reprinted from « Town Talk » by desire. London, 188572.

(Plaquette grand in-8° de 32 pages.)

Très intéressant volume. Édité au prix modeste de 1 fr. 25, on ne le trouve guère aujourd'hui qu'en le payant 10 ou 12 fois ce prix. C'est une série de lettres et d'histoires évidemment très véridiques qui ont paru sur le journal « Town Talk » qui, à ce moment, s'attira à Londres un mouvement de curiosité au moins aussi vif que celui provoqué par la « Pall Mall Gazette », au moment de ses révélations faites par ces vieux messieurs qui violaient de toutes jeunes fillettes, attirées par des proxénètes.

Les flagellations racontées dans cette brochure avaient été infligées en grande part à des jeunes filles d'un âge déjà respectable, soit chez elles, soit dans les écoles. L'éditeur, dans une très brève préface s'excuse d'avoir édité ces lettres, ajoutant que c'est dans le désir de voir la fustigation indécente effacée dans les maisons d'éducation.

Je crois que l'espoir d'une bonne vente n'était pas absolument étranger à cette publication. Les journaux anglais contiennent assez souvent de semblables histoires parfois très scabreuses, pour qu'il soit inutile de s'excuser de les avoir publiées. Que voulez-vous ? c'est une partie de la nourriture intellectuelle des jeunes Miss !


72. Fustigations indécentes, étant le récit fait par de nombreuses personnes de leurs expériences personnelles sur les fustigations indécentes infligées dans les écoles et ailleurs. Réimprimé d'après le « Town Talk », sur le désir qui en fut exprimé. Londres, 1885.

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CONCLUSION

Un point d'arrêt. La place me manque et le lecteur me demande de quitter momentanément la plume. Je m'incline. De tout cet amas de littérature spéciale, de toutes ces élucubrations qu'enfantèrent cerveaux sains et cervelles folles, que devons-nous conclure ? J'ai parcouru dans tous les sens ce vaste labyrinthe, et, non sans m'être parfois égaré en route, je me retrouve à mon point de départ, observant toutefois que le trajet accompli m'a montré force beaux chemins, recoins ignorés, mystères non approfondis. Aussi vais-je m'efforcer de résumer en quelques lignes l'impression subie en route.

∞ ∞ ∞

Avant tout, je dois encore signaler au lecteur qu'à l'heure même où j'écris ces lignes, de nouveaux ouvrages sur la flagellation sont mis en vente. D'autre part, j'ai fait dans la présente bibliographie de nombreuses omissions, souvent volontaires. C'est ainsi que j'ai intentionnellement mis de côté les oeuvres du trop fameux marquis de Sade.

Je puis citer parmi les ouvrages anglais oubliés :

The Yellow Room, Lady Gay Spanker, The Lustful Turk, etc. J'y reviendrai d'ailleurs.

Maintenant quelle utile moralité pouvons-nous déduire de cette bibliographie ? Je crois que sa lecture attentive permet d'affirmer à nouveau ce que je n'ai cessé de répéter à propos de ce genre tout spécial d'ouvrages, qu'au fond de la nature humaine sommeille ce besoin de destruction, qui rend l'homme comparable à l'animal, avec cette différence toutefois, que celui-ci met bien moins de raffinement que celui-là et de cruauté dans l'assouvissement de ses passions. Quelle en est exactement la cause ? Je crois que les sentiments comprimés, loin de s'étouffer tendent au contraire à éclater avec beaucoup plus de violences, et chaque siècle et chaque pays produit ses Néron, ses Sade, ou ses... Oscar Wilde.

Le crime passionnel a de tout temps vivement préoccupé l'opinion publique, et provoqué l'attention des savants. Les cas isolés qui se sont déroulés en notre pays, depuis Sade jusqu'à Vacher, ne sont que la reproduction en petit, la répétition, l'imitation sanglante d'un petit nombre, contemplateur, parfois admirateur des forfaits des peuples. Et encore ces faits sont-ils le plus souvent considérés comme des incidents qui passent sans laisser trace dans l'existence universelle.

Peut-être quelques-uns de nos lecteurs ont-ils lu les admirables articles que publia Vigné d'Octon dans un grand journal parisien. Ils se rattachaient exclusivement à la colonisation, à l'apport de notre civilisation chez les peuples qui n'en veulent pas. Et toujours, il en sera ainsi, tant qu'un petit nombre d'hommes, s'arrogera le droit d'imposer à des races inférieures leurs lois, leurs moeurs, leurs croyances.

Après les conquêtes, les luttes entre les races soeurs, le faible a dû de tous temps céder au plus fort, et l'un des plus grands capitaines — sinon bandits — que l'Europe ait possédé n'a pas craint de posséder cette phrase odieuse : La force prime le droit [Otto von Bismarck, 1863]. Autrefois, les races aborigènes de l'Amérique, hier la Pologne, aujourd'hui d'autres peuples disputent héroïquement, aux envahisseurs doublés d'oppresseurs habillés en civilisés leurs territoires, leurs biens. Demain, les nations s'entredévoreront.

Sang, amour, massacre ! ces trois mots semblant liés par un lien indissoluble régneront encore longtemps sur l'esprit des hommes. Folie sadique ou folie des grandeurs, meurtres érotiques ou viols en temps de guerre, même recommencement sinistre de l'humanité qui croît en grandeur mais aussi en épouvante.

Pourquoi ai-je été amené à parler de la flagellation ? J'ai cru que c'était là le seul moyen capable de montrer combien il faut peu de chose pour réveiller le monstre qui sommeille en nous.

La luxure est certainement le mal qui fait le plus de ravages dans l'humanité. Or la luxure est bien rarement indépendante de la cruauté et, pour exercer cette dernière, la flagellation semble venir comme corollaire indispensable, complétant merveilleusement cet instinct du mal, et, qu'elle soit donnée ou soufferte, elle ne fait pas moins partie intégrante du sadisme. Parcourez les nombreux thèmes émis sur la matière. Lisez sans vous interrompre ces pages où chaque auteur s'est efforcé de dépasser son prédécesseur en horreur, et comparez à ces ordures — incontestablement ordures — les nombreuses études sérieuses publiées à ce sujet par des plumes autorisées. La différence est minime. Dans la première catégorie de ces ouvrages, une note domine : l'érotisme, mais enfanté par le cerveau quelque peu en délire d'un auteur qui rarement a du talent. Dans la seconde catégorie, les sujets étudiés — je parle des sujets humains — sont tous possédés de la manie érotique poussée à son extrême limite. Ce sont des fous.

Je n'ai nullement la prétention d'avoir mis sous les yeux des bibliophiles une liste très complète des ouvrages parus sur la flagellation. Mon intention a été plus modeste. J'ai voulu seulement montrer que ce grave sujet a des bases inébranlables dans la religion, les moeurs, depuis les temps les plus éloignés et qu'aujourd'hui, il ne le cède en rien pour sa vigueur. Et pour prouver cela, que faire, sinon s'appuyer sur l'immuable littérature. Aussi, je me promets bien de reprendre le sujet plus à fond un de ces jours et de donner une bibliographie plus complète et surtout plus ordonnée que la présente. J'ai voulu me contenter d'une esquisse, d'un léger aperçu des ouvrages sur la flagellation parus en français ou en d'autres langues, mais non pousser cette étude à fond. Pour que tant et tant d'auteurs divers s'en soient occupés, il faut que cette passion tienne une assez large place dans nos moeurs, qu'elle s'y soit implantée d'une façon indéracinable.

Mais, me direz-vous, la presque totalité de ce genre de littérature est composée d'ouvrages anglais ou traduits de l'anglais ! C'est vrai et c'est bien là-bas que fleurit cette pratique, si, toutefois, on doit s'en rapporter à la quantité de volumes élaborés sur la matière.

À toi la palme, John Bull, car en France, tout se termine par des chansons. Oyez plutôt :

TAPEZ, MESSIEURS73 !

CHANSONNETTE

Paroles de P.-L. FLERS. Musique de S. BOIJSSAGOL-RAITER.

I

Les hommes qui sont amoureux,

Prétendent, qu'ils sont malheureux,

Que la femme est un être affreux,

Quell' plaisant'rie ;

Je leur dirai, sans les fâcher,

Qu'ils ne savent pas l'attacher

II faut quelquefois la moucher,

Pour qu'ell' sourie !

C'est une crème assurément,

Mais pour qu'elle prenn' solid'ment

II faut la fouetter simplement ;

La pauv' chérie.

REFRAIN


II

Tapez, tapez,

Messieurs, faut taper sur ces dames

Voulez-vous être aimés des femmes

Tapez, tapez,

Qu'elle soit volcan ou statue

La femme adore être battue.

Ça vous renverse et vous abat,

Pourtant n'en soyez pas baba,

Car la femme, lorsqu'on la bat,

Est très heureuse.

C'est un être adorant les coups.

Quand elle en a reçu beaucoup,

En vous passant les bras au cou,

Très langoureuse,

Elle vous aime et vous dit tu,

Et, que ce soit vice ou vertu,

Vous revient comme un chien battu,

Très amoureuse.

Au refrain.


III

II faut doser selon le cas,

Flanquer la pile sans fracas

Avec, un jonc, un en-tout-cas,

Même une chaise ;

Mais frapper délicatement,

Le coup doit paraître charmant,

Presqu'une caresse vraiment,

Non un malaise.

Il faut battre sans éreinter.

C'est une affaire de doigté,

C'est comme pour ne pas rater

La mayonnaise.

Au refrain.


VI

Pour les Durand, ou les Dubois,

Dont les épous's sont comm' du bois,

Et qu'cett’ froideur met aux abois,

C'est une aubaine

Quand leurs femm's les appell'ront daim.

Sans discuter, d'un air badin,

Ils n'auront qu'à prendr' leur gourdin

Et sans mitaine

Puis après cett' conversation,

Quand vient la réconciliation,

Ils auront d'la satisfaction,

J'en suis certaine.

Au refrain.


73. Extrait du Nouvelliste des concerts (25 janvier 1900).


FIN DE LA BIBLIOGRAPHIE


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