Extrait des Malheurs de Colette

De BiblioCuriosa

Extrait de / Excerpt from : Les Malheurs de Colette.


Elle alla prendre dans le coffre-arsenal une verge composée de trois fines, longues et souples baguettes de poirier, de ces jets qu'on coupe au début du printemps.

La taille des arbres fruitiers avait dû fournir un nombre respectable de semblables instruments à Mrs Sharp. Elle n'était point femme à avoir laissé passer l'occasion.

Colette la regarda s'approcher avec horreur.

— Mère ! râla-t-elle. Pas les verges dures ! oh ! pas les verges dures ! Pitié !...

— Pitié ? Pour votre pauvre petit derrière ? railla la marâtre. Non, ma belle ! Je dois me montrer impitoyable ! Si j'agissais selon mon désir, je vous hacherais la peau, ma chère ! Allons ! Courbez cette orgueilleuse tête ! Baissez le front, vilaine ! Et tendez bien comme il faut la partie de votre corps que je vais fouetter ! De la soumission ! Avant tout ! Répondez : « Oui, mère ! »

Et Colette râla, défaillante de honte et d'effroi :

— Oui, mère !

Pour l'aider à prendre la position d'humilité qu'elle lui indiquait, Mrs Sharp appuya sa main gauche sur le chignon épais de la mignonne qui s'inclina, frissonnante, les chairs tendues.

Et le bruit sinistre de la cinglée se fit entendre.

Souples, mordantes, les trois branches comme trois serpents s'enlacèrent aux chairs rebondies qui tressaillirent. Les reins de la fustigée se creusèrent, la tête se rejeta en arrière, les traits convulsés de la face exprimèrent une souffrance sans nom et de la gorge palpitante jaillirent des clameurs de détresse et de douleur folle.

Impitoyable, comme elle l'avait dit, Mrs Sharp, les sourcils froncés, les lèvres crispées, penchée sur Colette la fouettait sans hâte, avec force, visant et atteignant les sommets charnus de la croupe.

Elle avait l'air d'accomplir là une besogne calme et digne de ménagère ordonnée. A la voir, sans apercevoir Colette, on eût pu croire aussi bien qu'elle battait un tapis avec soin.

Cependant les coups étaient plus rudes que ceux qu'on donne généralement avec une poignée de brindilles de bouleau et ce n'était certainement pas la première fois que Colette était fouettée de cette belle verge puisqu'elle l'avait reconnue et nommée : « la verge dure ». La cuisson devait être atroce et Colette se tortillait de si belle façon sous les coups qu'elle ne put garder sa position agenouillée et glissa de la chaise sur le plancher.

Mrs Sharp, pesant sur les épaules, l'obligea de s'allonger à plat-ventre et, posant son pied gauche sur ses reins, elle continua sans mot dire à fouetter le gracieux derrière, aussi peu protégé par le maillot collant que s'il avait été nu.



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