Extrait de Un club de flagellantes

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Extrait de / Excerpt from : Un club de flagellantes.


Vous pouvez imaginer combien les dames bavardèrent entre les deux séances, se demandant quelle serait la toilette de la princesse et comment elle supporterait la flagellation. L’intéressée restait très réservée, se bornant à dire qu’elle porterait la toilette convenable, ce qui eut lieu. Le soir de la cérémonie, elle ne parut pas, pendant que les dames prenaient place, verges en main. Mrs D... fut de nouveau chargée des fonctions d’introductrice et lorsqu’elle ramena la Princesse, tout l’Ordre tressaillit d’admiration à la vue de la pénitente. La princesse avait une longue robe de fine soie blanche tombant à ses pieds, ceux-ci étaient nus, les cheveux épars et bouclés descendant jusqu’à la ceinture, pendant qu’un large cordon doré enserrait la taille. Les bras restaient nus, aucun bijou, pas même une bague. Déjà fort belle d’ordinaire, elle était dix fois plus jolie en cette attitude de pénitente portant dignement un cierge d’une main et une verge de l’autre, et sa figure charmante impassible au milieu des rires de toute l’assistance.

« Qui va là ? demanda lady C...

— Une humble aspirante à la discipline du Joyeux Ordre de Sainte-Brigitte.

— Quelle est sa faute ?

— L’ignorance.

— De quoi ?

— De la discipline de la verge.

— Préparez-la à la subir sur l’heure. »

Cet ordre s’adressait à moi et je l’exécutai, révélant les plus belles jambes et hanches du monde en relevant la robe et la délicieuse chemise fine qu’elle portait comme seul dessous. Alors, suivant nos instructions, Stephens et moi, nous lui prîmes les mains et nous la conduisîmes à travers deux rangs de dames. Chacune lui décochait une cinglée de verges au passage, et je remarquai que les laiderons frappaient deux fois plus fort que leurs compagnes plus jolies. Il me parut qu’elles se vengeaient de leur propre laideur, en faisant tomber leurs baguettes sur la peau blanche et y marquant de longues traînées rouges à chaque coup.

La Princesse se conduisit magnifiquement, avec seulement un tressaillement occasionnel, révélant ce qu’elle sentait, encore que ses lèvres roses marquassent en plus d’un endroit la trace des dents. Si elle n’avait jamais senti les verges auparavant, elle savait du moins comment les supporter, bien que je soupçonne la plupart des autres d’essayer de leur mieux de la faire crier. Quand elle eut été ainsi flagellée jusqu’à l’estrade, lady C... ordonna un arrêt et se mit à la questionner.

« Maintenant que vous avez goûté des verges, êtes-vous disposée à admettre le plaisir de les recevoir aussi bien que de les appliquer ?

— Je le suis ! »

Il était dur de parler à la petite dame, mais elle ramassa tout son courage et se montra énergique.

— Et jurez-vous de subir quelque punition qu’il plaira au Joyeux Ordre de vous infliger dans l’avenir ?

— Je le jure.

— Agenouillez-vous. »

Elle s’agenouilla comme nous l’avions fait devant l’ottomane et, s’approchant, lady C... lui infligea plusieurs cuisantes cinglées avec sa verge, avant de reprendre sa place.

« Levez-vous, princesse Mathilde Z..., fit la présidente en riant. Désormais vous êtes admise comme sœur du Joyeux Ordre de Sainte-Brigitte. »

Je n’ai jamais vu pareil pouvoir de résistance chez une créature d’aspect aussi fragile. Après quelques minutes de tremblement silencieux, elle put parler de nouveau et, avec une révérence, elle demanda la permission de se retirer. Elle fut reconduite à sa chambre par deux dames, car sa camériste n’avait pas été autorisée à l’assister. Elle revint avant la clôture de la séance, un peu rouge, mais très calme, avec une robe flottante et un châle souple.



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