Extrait de Tortures et supplices à travers les âges

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Extrait de / Excerpt from : Tortures et supplices à travers les âges.


En dehors des douleurs physiques que l’on faisait endurer aux condamnés, on tâchait de leur causer un dommage permanent. De là, la privation des membres, et le malheureux mutilé se trouvant dans l’impossibilité de travailler aux côtés d’un honnête homme. Il était ainsi voué au mépris public.

Les mutilations comprenaient : « l’ablation de la langue et des seins », la « destruction des dents », l’ « aveuglement », l’ « ablation des doigts, des mains et des pieds », la « castration », la « tonsure ».

L’ablation de la langue pouvait entraîner la mort, en raison de l’abondante hémorragie qu’il était parfois impossible d’arrêter. La perte de ce membre rendait la nutrition très difficile. Les blasphémateurs étaient soumis à ce supplice. C’est ainsi qu’un nommé Nicolas Diewisch valet du bourgmestre de Prague, s’était, dans un moment d’ivresse, laissé aller à des propos blasphémateurs. Il fut condamné à être cloué par la langue, au pilori. Il demeura dans cette terrible situation pendant une heure, mais il réunit tout son courage et se libéra en donnant une violente secousse qui provoqua l’arrachement de la langue. Nicolas mourut le lendemain des suites de cet horrible traitement.

L’ablation des seins, considérée comme châtiment corporel, n’entraînant pas la mort, devrait, au contraire, rentrer dans la catégorie des supplices mortels. La plupart des malheureuses qui l’enduraient ne pouvaient en supporter les suites. On ne se contentait pas de leur couper les seins simplement, mais on frappait ceux-ci, on les tirait, on les écrasait même avant de les couper. Les seins étaient encore enfermés dans une boîte et écrasés avec le couvercle.

La destruction des dents, connue depuis longtemps, a été fréquemment appliquée, suivant des ordonnances précises pour des délits de peu d’importance. D’après de très anciens documents ce procédé était exécuté par le feu, sans doute avec un fer chauffé à blanc. Certains textes stipulaient que l’on devait « brûler les dents à travers la joue » ; mais on ne sait pas exactement si l’on brûlait la joue afin d’atteindre les dents ou si l’on détruisait simplement les dents avec un fer chaud sans abîmer les lèvres ni les joues. La législation est muette sur ce point. Ajoutons que le délinquant avait le choix entre les dents détruites ou les oreilles coupées.

Le châtiment de l’aveuglement fut pratiqué assez fréquemment et atteignit les délits les plus divers. La loi salique prescrivait, d’ailleurs, que celui qui crèverait un œil ou couperait le nez à son prochain subirait le même traitement.

L’ablation des doigts n’était pas très répandue ; mais elle resta dans la pratique jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. La Carolina ordonnait ce châtiment envers les parjures. Il était, en outre, appliqué pour les délits de chasse. Un code forestier de 1459, ainsi que celui de Büdingen, prescrivaient l’ablation du pouce pour les braconniers.

Pour procéder à cette mutilation, on apportait un bloc de chêne sur le lieu d’exécution ainsi qu’un instrument très tranchant ayant l’aspect d’un large ciseau à froid. Le bourreau plaçait les doigts de l’inculpé sur le bloc et, ajustant son outil sur l’articulation de la phalange, il frappait avec un marteau de manière à couper le doigt d’un seul coup. Afin d’éviter une hémorragie, il entourait le moignon de charpie et remettait les doigts amputés au délinquant. Ce dernier s’en retournait généralement à pied chez lui, l’opération étant assez inoffensive.



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