Extrait de Savoir en amour

De BiblioCuriosa

Extrait de / Excerpt from : Savoir en amour.


J’atteins ainsi ma vingtième année. Obstinément chaste, je n’avais aucun goût pour les relations sexuelles. Une nuit, à regret, j’acceptai l'hospitalité offerte par une femme de mœurs faciles. Hélas, ce fut une pitoyable nuit, ma frigidité fut absolue, et le lendemain, au petit jour, je m’enfuis plutôt que je ne partis de chez cette femme, lui laissant tout ce que j’avais d’argent.

Après cette tentative infructueuse, je me remis au travail avec une nouvelle violence. Mon état psychique devenait inquiétant. Inquiet, mélancolique, je dépérissais à vue d’œil. Méprisant les femmes, je ne pouvais m’empêcher de les regarder avec passion, mon regard était surtout attiré par les croupes féminines.

Mon dépérissement, qui frisait la cachexie, inquiéta ma famille. On consulta les psychiatres les plus célèbres de l’époque. Je dus subir de longs interrogatoires, expliquer mon état d’âme, ce qui n’était pas facile. Toutes ces consultations se terminèrent par du brome, fort employé à l'époque, et du fer.

Le résultat fut piteux. J’allais de mal en pire et je sombrais dans une neurasthénie qui semblait bien devoir m’emporter.

Un jour où, désespéré, j’avais absorbé plusieurs apéritifs, je suivis machinalement une hétaïre dont j’avais remarqué l’opulente croupe.

Cette dame « faisait le métro », c’est là que je l’avais rencontrée.

A l’aide d’œillades significatives, elle me décida à la suivre et nous allâmes bientôt échouer dans une chambre d’hôtel.

Amusée par mon air godiche et des mines désespérées que je prenais devant le résultat négatif de mes efforts, elle se piqua d’honneur, vaguement aguichée elle-même, et résolut de déniaiser le puceau.

Elle employait toute son habileté professionnelle en vain, et allait renoncer, lorsque tout à coup elle eut une idée :

— Veux-tu que je te fouette, mon petit ?

Et comme je refusais, elle continua, bonne fille :

— Veux-tu me fouetter, alors ?

Ce fut comme une révélation et, effrayée sans doute de mes yeux hagards, la pauvre fille s’empressa d’ajouter :

— Pas trop fort, tu sais, mon mignon !

Mais je ne l’écoutai pas, je me ruais sur la proxénète, l’empoignai dans le bras gauche et, de ma main droite, à bout de bras, je fouettais la malheureuse avec une vigueur que ne laissait pas supposer ma débilité apparente.

— Ah ! non, pas si fort, tu me fais mal !

La voix haletante, je lui murmurai :

— Ne crie pas, laisse-toi faire, je te donnerai tout l’argent que tu voudras.

Et la séance continua. La fille, alléchée par la promesse, retenait ses cris.

Consciencieuse, elle supportait vaillamment la magistrale correction, tandis que, la respiration haletante, les yeux injectés de sang, comme un fou, avec des rugissements de bête fauve, je faisais tordre sous moi la fille étonnée qui partageait mon anormale excitation.


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