Extrait de Les Grandes flagellées de l'Histoire

De BiblioCuriosa

Extrait de / Excerpt from : Les Grandes flagellées de l'Histoire.


Tournons les pages de l’histoire, et voici la fameuse affaire du Collier avec sa pauvre héroïne : la Valois.

Nous ne voulons pas raconter l’affaire, qui nous a toujours paru aussi compliquée que toutes les histoires de ce genre.

C’est un scandale qui est intéressant par ce seul fait qu’il est de toutes les époques et que pour le moderniser, il n’y a qu’à changer les noms et à copier le reste.

Nous nous occuperons particulièrement de la Valois, qui servit de truchement en toute cette affaire, et qui paya de sa personne en recevant le fouet sur la place publique.

Cette flagellation est assez remarquable, car, dans ce temps-là, du moins en France, il n'était pas dans les habitudes juridiques de fouetter les femmes toutes nues en plein air.

Pour elle, on fit exception, et ce fut un spectacle piquant, car la Valois était jolie.

Le peuple savait qu’elle avait des relations et l’on disait tout haut le nom de ceux qui fréquentaient son salon et sa chambre à coucher.

De temps à autre, il y a de ces surprises, et c’en fut une pour tout le monde quand on apprit que l’arrêt de la Cour — après une séance orageuse, — condamnait la Valois à être fouettée nue sur une place de Paris, pour être ensuite marquée de la fleur de lis qui devenait infamante quand on la brodait au for rouge sur une peau humaine.

Michelet se lamente sur l’impudicité de cet arrêt et le grand historien, qui avait une tendance à excuser toutes les femmes, raconte la triste exécution de cette sentence.

Les choses se passèrent à peu près ainsi. La Valois, qui avait eu un cri de rage en apprenant cette humiliante condamnation, demeurait depuis dans un état de prostration complète, quand on vint la chercher le matin, vers trois heures, elle se leva tout habillée, s’étant jetée simplement sur le lit.

Le Roi, dans un geste de pudeur miséricordieuse, avait décrété que l’exécution aurait lieu de très bonne heure.

Grâce à cette précaution, la Valois fut fouettée seulement devant les chiffonniers, ramasseurs d’immondices, sans logis, et souteneurs qui pullulent à cette heure dans Paris... Comme on voit, c’était moins humiliant pour elle.

Quand on l’amena toute pâle sur l’échafaud, et que les bourreaux s’emparèrent d’elle pour la déshabiller, car l'arrêt exigeait qu’elle soit fouettée nue, la pudeur de la jeune femme s’alarma, elle se débattit, égratigna, mordit.

Bientôt ses vêtements s’écroulèrent, on lui ôta sa chemise, et, nue, parée de sa grâce et de ses bas blancs brodés, elle dut courber son beau corps sur le billot de correction.

Les brumes du petit jour se levant à peine, les spectateurs distinguèrent malaisément les phases de cette correction.

Un cri horrible déchira l’air : le bourreau venait d’imprimer sur l’épaule de la Valois la fleur de lis des Bourbons.

Elle fut fouettée de verges.

Un valet du bourreau s’y employa, pendant que les autres lui tenaient le corps en posture.

Bientôt la croupe élégante et soignée fut maculée d’un sang jeune qui perlait dans les fissures de la peau déchirée. Depuis le cou jusqu’aux jarrets, la malheureuse n’était plus qu’un chiffon rouge.

Presque évanouie, on l’entortilla dans sa chemise et dans ses jupes... Pâle comme une morte, elle chancelait... ses lèvres et son menton tremblaient... elle ne pouvait pas pleurer.

Alors les soldats qui formaient le carré firent par file à droite et rentrèrent dans leur caserne : la messe était dite!